Sans l’alternance, j’aurais décroché
J’étais en filière générale pour faire plaisir à mes parents. Je me suis dit : « On va essayer. » J’ai essayé une fois, ça n’a pas marché. J’ai essayé une deuxième fois, j’ai vu que c’était mort. Maintenant, je suis dans un CFAI à Émerainville, en Melec (métiers de l’électricité et de ses environnements connectés).
Je suis une personne manuelle, donc ce que je fais ici me convient mieux : il y a des ateliers pendant les quinze jours d’école, et il y a l’entreprise. Au début, mes parents n’étaient pas du tout pour. Mon père a un master. Dans ma famille, personne ne connaissait l’alternance, ni ses débouchés.
Des absences, et aucune motivation
Avant, j’étais au lycée général, en seconde. Tout se passait très mal, je ne travaillais pas à l’école et j’avais beaucoup d’absences. Soit je restais chez moi, soit je sortais avec mes amis. Je ne m’entendais pas avec mes professeurs : je ne travaillais dans aucun cours, car je n’y trouvais pas de sens.
Je ne me voyais pas rester sept heures par jour à une table, pendant trois ans. Ça a créé des conflits avec mes parents, car je ne ramenais pas un bon bulletin et je recevais des lettres de l’académie à cause de mes absences.
Aller en cours à reculons
J’ai redoublé. J’ai eu l’idée de l’alternance lors de ma deuxième année de seconde générale. Au début de mon redoublement, j’avais très mal pris le fait que je ne serai plus avec mes amis. Mais, grâce à cela, j’ai appris à vivre tout seul. Ça m’a permis d’avoir plus d’objectifs dans ma vie, et de réfléchir à mon futur.
C’est lors de cette deuxième année de seconde que j’ai réellement vu que l’école n’était pas faite pour moi. Le fait de venir et revenir tous les jours pour une chose que je n’aimais pas m’a dégouté. Quand j’y allais, je le faisais pour mes parents. Mais, des fois, j’étais à bout. Donc je n’y allais pas.
Réparer, ça me plaît
J’aime bien bouger et apprendre des choses. Pas apprendre sur une feuille. Quand il y avait des travaux chez moi, quand je pouvais aider quelqu’un, je réparais et ça me plaisait. Refaire la peinture de la maison ? J’étais là, avec mon père. Même quand il y avait un truc pour la voiture, j’étais là. De base, c’était pour aider. Mais quand j’ai vu que j’apprenais vite, que ça me plaisait, j’ai voulu faire un truc manuel. Pas un bac alternance commerce, par exemple.
J’avais le choix : soit arrêter complètement l’école et travailler, soit trouver une alternance. J’ai donc pris la décision de continuer en alternance. Je trouvais que c’était le juste milieu, entre l’école et le travail. Le fait qu’il y ait un salaire en continuant les cours m’a aussi convaincu. Avoir un salaire me permet d’être indépendant et d’aider mes parents. Mon redoublement a été, au final, plus positif que négatif.
Les formateurs sont là pour qu’on réussisse
Maintenant, je suis quinze jours à l’école et quinze jours en entreprise. Je ne dois pas rester tous les jours sur une chaise en train d’écrire. Mes parents, ils ne l’ont pas du tout mal pris. Ils voulaient mon bien. Ils ont vu qu’en filière générale, ça ne marchait pas, et ils étaient plus contents que déçus.
Je trouve que mon tuteur et les formateurs sont là pour qu’on réussisse dans la vie, alors que les professeurs du lycée sont plus là pour faire leurs métiers, sans enseigner le futur aux élèves. Là, on est 11 dans la classe. Avant, on était 35. Parfois, les profs viennent me parler, m’expliquer des trucs. Ils me donnent des conseils. Avant, à part pour les mauvais comportements et pour nous reprendre, ils ne me parlaient pas.
Mon entreprise me forme dans le domaine de l’ascenseur, et cela se passe très bien. Je sors moins la semaine car je me réveille plus tôt et je rentre plus tard, donc je suis plus fatigué. Mais je profite le week-end en sortant. Avec mon salaire, je peux me faire plaisir, et faire plaisir à mes proches. Mon train de vie a changé. L’entreprise, ça m’a permis d’un peu plus apprécier l’école.
Enzo, 18 ans, en formation, Noisy-le-Grand