Sunny W. 10/03/2023

Du harcèlement en maternelle à la phobie scolaire

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En se liant d'amitié avec une enfant noire, Sunny a été prise pour cible par ses camarades blancs et la directrice de son école maternelle. Elle souffre depuis de phobie scolaire.

Les enfants sont cruels. Quand j’étais petite, mes parents m’ont mise dans une école maternelle dans un secteur un peu bourgeois, rempli de Blancs, et j’étais amie avec l’une des seules filles noires de l’établissement. Personne ne lui parlait, tout le monde se moquait d’elle et la mettait à l’écart.

Des élèves ont vu qu’elle était mon amie et l’ont mal pris. Ils m’ont harcelée pendant plusieurs mois. Je me cachais sans cesse derrière les poubelles de la cour. Un jour, ils m’ont frappée et la directrice a aussitôt convoqué mes parents. Lorsqu’ils sont arrivés, elle s’est assise et leur a dit : « Votre fille est une enfant bizarre qui n’arrivera pas à s’intégrer dans la société. » Mes parents m’ont donc retirée de l’école.

Je n’avais que 3 ans et pourtant cette histoire m’a marquée : voir comment les enfants étaient méchants entre eux, voir que même la directrice tenait des propos discriminants à une élève, voire qu’elle avait un comportement raciste alors qu’elle était censée apprendre aux petits à cohabiter… Tout cela m’a choquée.

La boule au ventre, en permanence

Après cet évènement, j’étais incapable d’aller à l’école sans avoir cette boule au ventre ou une envie de vomir. Le temps est passé et je ne comprenais toujours pas pourquoi je ressentais cela. J’étais petite, je n’en ai pas parlé, mais peu à peu, cette simple envie de vomir est devenue bien plus.

Je suis tombée en  dépression vers mes 12 ans, et malade à 16 ans. J’étais incapable de sortir pour aller en cours sans vomir ou faire des crises d’angoisse. Aucun médecin ne pouvait expliquer ce qu’il se passait. Après plusieurs analyses et voyant que mon état ne s’améliorait pas, mon médecin m’a conseillée d’aller voir une sophrologue pour apprendre à gérer mes crises. J’y suis allée une fois toutes les deux semaines durant trois mois. Mais ce n’était toujours pas bénéfique…

Mon médecin m’a alors envoyée voir une psychiatre. Elle m’a dit que j’étais en situation de phobie scolaire… Phobie scolaire… J’étais dans le déni. Je me disais que ce n’était pas possible et me persuadais que je me sentais bien. Je ne pouvais pas être dans cette situation, c’était impossible ! J’avais des projets en tête : avoir mon bac, continuer mes études dans une autre région, avoir mon appart… J’ai donc arrêté d’aller voir les psychiatres.

Ma scolarité a donc continué à être laborieuse, inachevée. Au lycée, je séchais les cours de temps en temps, puis c’est devenu de plus en plus fréquent, jusqu’à ce que je finisse par ne carrément plus venir. J’étais trop mal. Je passais mon temps devant le lycée à pleurer sans même savoir pourquoi. La seule chose que je savais, c’était que juste y être me faisait du mal. Alors, en première, j’ai arrêté mes études en pensant pouvoir trouver du travail sans diplôme… à tort.

Reprendre sa vie en main

En septembre 2022, j’ai enfin pu sortir de ma dépression. Maintenant, je me sens mieux, j’ai retrouvé la joie de vivre et j’arrive à reprendre ma vie en main. J’ai intégré l’école de la deuxième chance pour réaliser un projet : être RH. Mais j’ai vite changé d’avis quand j’ai découvert les métiers d’aide à la personne. Je dois débuter un parcours qui va me mener vers un CAP.

Finalement, je trouve que je ne m’en sors pas si mal, même si tout cela n’aurait jamais dû arriver. Voilà ce que peut provoquer une histoire raciste entre enfants. Vraiment, les enfants sont cruels.

Sunny, 17 ans, en formation, Marseille

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