1/2 Handballeur pro, c’est mon plan de carrière
Mon plus grand souhait, c’est de devenir joueur professionnel. J’ai conscience qu’il y a une infime chance que j’y parvienne, mais je m’en donne les moyens. Je ne veux pas envisager de plan B. Bien sûr, pour mes parents, c’est indispensable d’y penser. Il y a beaucoup de raisons qui peuvent faire échouer ce projet : baisse du niveau, blessures…
J’ai 16 ans et j’ai déjà porté les couleurs de la France dans un championnat européen. Je fais du handball depuis que j’ai 4 ans, à Montpellier. C’est ma deuxième année au pôle espoir, avec un emploi du temps aménagé pour les sportifs de haut niveau. C’est une étape importante dans le parcours vers le monde professionnel.
J’ai appris que j’étais sélectionné pour la première fois dans l’équipe de France (EdF) de beach handball par une story Instagram en avril 2022. Un ami m’avait mentionné pour me féliciter. J’avais l’habitude de voir les listes sur le compte de la fédération. J’ai regardé. Pour la première fois, mon nom apparaissait. En le voyant dans une liste EdF, j’ai ressenti une immense fierté et une émotion indescriptible. Je n’en croyais pas mes yeux, je pensais que ça n’arrivait qu’aux autres. Je me sentais important, pour moi c’était comme une consécration de tout le travail que j’avais effectué.
Le beach handball, même si je le pratique depuis moins longtemps, est un sport que j’affectionne autant voire plus que le handball. Il y a moins de pression. C’est un sport spectaculaire, plaisant à regarder et à jouer, et l’ambiance est super cool. Je suis heureux de vivre les « débuts » de ce sport en France.
Sportif international, je rate des cours
Lorsque j’ai appelé mes parents pour leur annoncer, ils étaient plutôt surpris, mais pas vraiment bouleversés. Ils avaient reçu un mail pour la sélection mais, pensant que c’était une erreur, ils y avaient à peine prêté attention. Pour moi, c’était l’occasion de montrer à tout le monde ce dont j’étais capable.
Par rapport au lycée, devenir international m’a fait rater beaucoup de cours. Mais j’étais en seconde, ça ne m’a pas tant impacté que ça. Les notes suivent pour l’instant, tout se passe bien.
Mon premier stage en EdF s’est déroulé pas loin de chez moi, à Balaruc-les-Bains. J’étais presque à domicile donc j’avais moins de pression que les autres. Stage en équipe signifie aussi équipements. Quand on a reçu la dotation (la « dote »), c’était comme à Noël ! On a eu le droit à des maillots, des pulls, des gourdes, des chaussettes… Après avoir vu ces survêtements sur mon téléphone, je pouvais enfin les porter.
Représenter la France, un engagement
C’était le début de notre aventure. On dormait à l’hôtel « comme les grands » et on mangeait très bien. On a eu la chance d’être entraînés par Jackson Richardson, une légende du hand français. Les entraîneurs ont toujours été bienveillants mais ont su aussi nous mettre la pression. Les premiers jours, on était tous un peu timides. Il y a quand même une certaine concurrence et une exigence de sérieux. Peu à peu, le cœur du groupe s’est formé.
Représenter la France nécessite d’adopter une certaine conduite, un engagement particulier, de se montrer reconnaissant. On a beaucoup été briefés. On devait porter notre dote en permanence lors des déplacements. On devait rester ensemble tout le temps, personne ne devait se détacher du groupe. Historiquement, la France a tout gagné dans le hand. Donc nous, jeunes, nous devions être à la hauteur, au niveau des résultats comme au niveau du comportement. Même s’il y a une certaine pression, c’est plaisant d’être associé à cette histoire.
J’ai voyagé aux quatre coins de la France et de l’Europe pour plusieurs stages : Corse, Normandie, Roumanie… Les joueurs avec qui je m’entendais le mieux ont été sélectionnés pour l’Euro U16 en Roumanie avec moi, j’étais hyper heureux. Là-bas, je n’avais pas l’impression d’être dépaysé. Toutes les équipes se trouvaient dans le même hôtel. Nous, les Français, restions tout le temps ensemble. L’ambiance était incroyable, c’était très impressionnant de croiser autant de nationalités tout au long de la journée. Le dernier match gagné contre la Tchéquie nous a fait terminer à la septième place…
Depuis, je sens que ma famille me pousse à ne pas me relâcher et à poursuivre mes efforts. Pour qu’un jour ça paie !
Une expérience de haut niveau
La route est longue pour atteindre mes objectifs : jouer avec la réserve de l’équipe pro de Montpellier, puis plus tard avec les pros. Et pourquoi pas intégrer les équipes de France jeunes et A. Ce premier championnat fut une superbe aventure pour acquérir une expérience de haut niveau et rencontrer plein de gens bourrés de talent et destinés à un grand futur. Avoir connu cette grosse pression, ça m’avantage pour les matchs à haute intensité. Aller loin, jouer au plus haut niveau et en faire son métier, ça représente beaucoup de travail et nécessite des sacrifices.
Parfois, je me compare à d’autres jeunes. Même si ça ne me rend pas malheureux, je me demande si tout ça n’est pas en train de gâcher ma jeunesse. Je ne vois plus trop mes amis, je ne sors presque plus et je fais attention à ce que je mange. Je fais en sorte de me coucher le plus tôt possible. Ça peut paraître très chiant comme train de vie, mais je continue quand même de sortir quand je peux et de voir mes potes du lycée… Je sais que je ne regretterai pas, puisque le hand c’est toute ma vie.
Rafael, 16 ans, lycéen, Montpellier
Crédit photo Unsplash // CC Cameron Edwards