« Fais gaffe, ils vont te mettre le voile ! »
Je suis bénévole, pour la première fois, à l’AFEV. Je me rends à Valdegour une à deux fois par semaine durant deux heures en moyenne, chez une famille musulmane de 11 personnes.
Lorsque j’ai parlé de mon engagement à des amis de ma famille, les premières réactions m’ont énormément déçue et révoltée. Ils m’ont tous dit des choses du style : « Tu vas là-bas ? Mais t’as pas peur ? » ou encore « Fais gaffe, il vont te mettre le voile et te convertir » !
On m’a même dit que je serais mal reçue et que ces personnes que j’allais aider ne le méritaient pas.
En insistant sur le fait qu’ils ne faisaient rien pour s’intégrer.
Quelle rencontre !
Seulement voilà, même si parfois, quand je me rend là-bas, j’ai droit à quelques regards un peu méprisants du voisinage, je suis tombée sur une famille merveilleuse.
Oui, dans ces familles les femmes portent le voile et oui, tous sont pratiquants. Mais jamais ils ne m’ont regardé de travers ou ne m’ont reproché quoi que ce soit dans mon attitude, ma tenue vestimentaire ou ma religion.
Ils ont toujours fait preuve de respect et de bienveillance envers moi, hommes et femmes.
Quand j’arrive au 6ème étage de l’immeuble, les parents m’attendent. Lorsqu’ils ouvrent la porte de leur appartement, ils sont souriants et me font la bise puis me proposent de m’asseoir et de me mettre à l’aise. Nous attendons ensemble que leur fils rentre de l’école avec sa tante, ses cousins et ses frères, en discutant.
Des progrès… et des mercis
Ils m’accompagnent ensuite dans la chambre des enfants où, au milieu de plusieurs lits, se trouve l’unique bureau de l’appartement. C’est ici que leur fils et moi nous essayons de rattraper ludiquement son retard scolaire dû à plusieurs hospitalisations de longues durées.
Sa mère passe fréquemment pour m’offrir à boire ou à manger, c’est sa façon à elle de me remercier et c’est très touchant pour moi.
Chaque personne de leur grande famille qui viendrait à rentrer à la maison passe me saluer. Le père et le reste de la famille m’ont remerciée pour les progrès de leur fils un nombre incalculable de fois. À tel point qu’à chaque fois que vient l’heure de partir, et que l’enfant me dit « déjà ? » d’un air déçu, je suis très triste.
J’ai toujours envie de revenir et de continuer. Avec eux, je me sens accueillie et respectée. Ils me disent souvent que c’est bien que je fasse des études et je rêve d’aider leur fils à faire de même.
J’y suis allé sans préjugé, j’ai oublié tout ce qu’on avait pu me dire et je me suis donné la peine de m’intéresser à eux. Je crois que c’est souvent ce qu’on oublie de faire quand on vit dans son coin, loin des HLM et qu’on croise les habitants de ces quartiers dans la rue.
Gwendoline, 19 ans, Nîmes
Crédit photo Flickr, CC Buen Viajero
L’ignorance mène a la peur, la peur mène a la haine et la haine mène a la guerre…
Dixit Ibn Rochd
Voilà qui me rappelle des moments forts. A nîmes où je donnais des cours de français à des femmes arrivées récemment du Maghreb dans un quartier HLM, les sourires et l’amitié de ces femmes qui avaient un courage et une énergie que j’admirais.
Haha être bénévole à l’AFEV c’est rarement bon pour le régime !!! Merci pour le témoignage ça fait plaisir d’avoir des bons retours d’expérience 😉
C’est top comme témoignage Gwendoline, merci !
Ça fait plaisir merci ! ; )
bravo et merci