Brevet en poche… mais pas de lycée
En troisième, j’étais dans un collège à Drancy. On nous mettait la pression toute l’année pour notre brevet, mais aussi pour notre orientation.
Etant plutôt travailleur, je visais déjà le lycée général et plus précisément un lycée en dehors de mon secteur.
J’ai dû faire une demande de dérogation et placer le lycée que j’avais en tête en premier vœu et, par sécurité, mon lycée de secteur en dernier.
L’année est passée et le moment de passer brevet, au centre de toutes les préoccupations à l’époque, s’est rapproché. On a banalisé une semaine de travail pour nous laisser réviser.
Pas reçu dans le lycée choisi
Le dernier jour de révision, je ne m’en souviens que trop bien, le CPE a interrompu la séance pendant un court moment et, avec deux ou trois autres élèves, il nous a emmenés dans son bureau pour nous « annoncer quelque chose ».
En tout, on devait être une quinzaine d’élèves à l’écouter, ceux des autres classes étaient de très bons élèves du lycée. Il nous a annoncé qu’on n’avait pas été reçus dans le lycée qu’on avait choisi, mais qu’en plus, notre lycée de secteur ne pouvait plus accueillir d’élèves.
À ce moment-là, c’était le vide interstellaire dans ma tête.
J’ai alors compris que tout ce qu’on me disait depuis mon enfance à propos du travail au mérite, c’était faux, une sorte d’utopie.
Depuis ce jour, j’ai développé un degré de scepticisme qui a peu à peu évolué… pour se généraliser.
J’ai eu mon brevet avec mention, même si je n’y accordais plus d’importance. Et pourtant, toujours pas de lycée. Nous avons essayé, ma mère et moi, de contacter le collège… qui nous a dit que ce n’était plus de leur ressort. Il fallait maintenant contacter l’éducation nationale.
Ma mère les a appelés et nous avons reçu la même réponse de leur part : « pas de leur ressort ».
À cet époque, j’avais 15 ans. On ne pouvait pas légalement me laisser sans établissement. Résultat : on nous a dit que je pouvais redoubler ou, dans le « meilleur » des cas, aller dans un lycée professionnel…
Mon sort m’importait peu
Ma mère a ensuite essayé tant bien que mal de contacter d’autres lycées. Sans surprise, la même sérénade : « Ce n’est pas de notre ressort. »
En vacances dans mon pays d’origine, mon sort m’importait alors peu. J’étais prêt à passer l’année là-bas. Ma mère a quand même continué ses recherches et a décidé de contacter le futur lycée du Bourget, qu’elle avait déjà approché en vain. La directrice lui a alors assuré qu’elle allait me trouver une place.
Soulagée, ma mère m’a annoncé la bonne nouvelle. Ouf ! j’étais enfin pris dans un lycée ! Enfin… c’est ce que je croyais.
Fin août, je suis rentré de vacances. Ma mère était convoquée au lycée. On lui a annoncé qu’au final, je n’avais pas de place, mais que j’étais sur liste d’attente. Ca n’a pas manqué de la mettre mère dans tous ses états.
Finalement, bizarrement, on a fini par m’intégrer.
La veille de la rentrée, je suis allé voir dans quelle classe j’allais être, mon nom avait été rajouté au feutre.
Le lendemain, on m’a fait savoir qu’on m’avait déplacé dans une autre classe. Enfin, dans l’après-midi, je me suis rendu dans les locaux.. où il n’y avait personne. J’avais mal lu l’heure du rendez-vous. J’étais en retard.
On m’a malgré tout accepté et j’ai pu, après tout, continuer ma vie de lycéen.
Stevenovic, 17 ans, terminale L, Le Bourget