Chloé T. 17/04/2017

Mes voisins sont des réfugiés syriens

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En 2015, le France enregistrait 79 914 demandes d’asile. C'est à la fin de cette année-là que mes parents ont vu arriver de nouveaux voisins... réfugiés syriens.

J’étudie en Angleterre, mais je rentre régulièrement chez mes parents dans l’Oise. Lors d’un de mes séjours chez eux durant l’été 2016, j’ai rencontré nos nouveaux voisins : une famille de six personnes, réfugiés syriens. Les quatre enfants (âgés de 4 à 10 ans) parlent français, mais sont encore en train d’apprendre. Les parents prennent des cours, mais ils ne parlent pas anglais et communiquer avec eux est très compliqué.

Pas enseignante, je fais de mon mieux

En décembre 2016, le plus grand fils est venu frapper à la porte, demandant si mon père pouvait venir l’aider à faire ses devoirs. Ce jour-là, il était absent, alors j’ai proposé mon aide. Depuis, dès que je peux, j’aide les petits à faire les devoirs, surtout du français.

Ecrire en attaché leur pose quelques problèmes, mais ils sont tellement motivés pour y arriver et rendre fiers leurs parents (et les maîtresses) !

En décembre, nous avons appris une poésie sur le Père Noël, une figure qui leur est totalement inconnue puisque inexistante dans leur culture. Globalement, ils ont tous des très bonnes notes à l’école et sont bien entourés.

J’aime beaucoup les aider, mais c’est parfois compliqué parce qu’ils ne parlent pas couramment la langue. Les nuances et les images dans les phrases n’ont pas de sens pour eux en français. Je ne suis pas enseignante, je fais donc de mon mieux.

La famille est musulmane pratiquante. Je ne suis pas croyante, mais jamais je ne me sens jugée pour ça, ils sont très respectueux, souriants et ouverts. Ils poussent leurs enfants à bien travailler à l’école pour faire un métier qui leur plaît. Le plus vieux veut être médecin.

Des enfants protégés par leur innocence

Cette rencontre nous permet à eux comme à moi de découvrir une autre culture et une autre langue.

J’ai appris quelques mots d’arabe. Leur mère me donne toutes sortes de gâteaux de chez eux quand je viens aider les enfants. En échange, nous leur faisons goûter la cuisine de chez nous. L’étage de notre immeuble est soudé pour les aider dans toutes les situations.

Les enfants ont peur de nos chats. Chez eux, il n’y en avait pas dans les maisons. Alors on s’installe dans l’entrée et, petit à petit, ils s’en approchent. J’ai bon espoir qu’ils arrivent à les câliner dans peu de temps.

En revanche, ils me parlent souvent de leur chien qu’ils ont dû laisser en fuyant et du temps qu’ils ont passé en Jordanie avant d’arriver en France pour soigner la plus petite qui est aveugle.

Je ne pose jamais les questions la première, j’attends qu’ils aient envie de parler et j’écoute. J’ai l’impression que leur innocence les protège de beaucoup.

Ils ne parlent pas de la guerre ou de ce qu’ils auraient vécu, mais ils savent que s’ils veulent en parler, j’écouterai.

Dans le quartier de mes parents, il y a des familles de partout et de différents milieux. C’est une chance de pouvoir partager ainsi avec ceux qui ont eu moins de chance. Et je suis loin d’être la seule !

 

Chloé, 21 ans, étudiante, Manchester (de Beauvais)

Crédit photo Emilie Seto

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