Angel D. 23/12/2017

Ces années en Ethiopie ont transformé ma vie

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Alors que j'étais ado en banlieue parisienne, je suis parti avec mes parents vivre trois ans en Ethiopie. Je n'en avais pas du tout envie. J'en suis revenu transformé !

Gosse hyperactif venant d’un modeste collège de la banlieue parisienne (« Edmond Nocard » à Saint-Maurice, gros big-up les gars !), j’ai dû aller trois ans en Ethiopie en fin de 6ème car mes parents y avaient vu d’éventuelles opportunités de business. Ce long séjour ainsi que les années qui l’ont suivi m’ont fait comprendre de nombreuses choses. Ça a été une « mauvaise » expérience pour moi (car je ne voulais VRAIMENT pas y aller), mais cela m’a malgré tout apporté beaucoup de maturité. Et ça m’a donné une envie : aider les autres.

La vie là-bas était dure. En tout cas, je la voyais comme telle au début. Il faut dire qu’à 11 ans, l’absence de céréales le matin et le fait de devoir faire 40 minutes de voiture pour aller à l’école étaient synonymes de fin du monde… Mais en y réfléchissant plus, je me suis peu à peu rendu compte que j’étais en fait bien chanceux d’avoir la vie que j’avais. Vivre dans un domaine de plusieurs centaines de mètres carrés avec autour des maisons faites de taules où des gens meurent littéralement de faim, ça fait réfléchir.

Trois ans en Ethiopie, ça marque !

Tout n’était pas rose : le regard des riverains qui vous jugent et vous traitent de fils de riche, de chanceux… La distance avec la ville (et donc les amis). Mais ce n’est pas tout : en allant là-bas, j’ai contracté la maladie de Crohn (une maladie auto-immune inflammatoire de l’intestin, pour le moment incurable) qui m’a forcé à surveiller mon alimentation. Ça aussi, ça m’a fait réfléchir. Et autant dire que ce n’était pas la joie à la maison (parents en plein divorce, solitude…).

Malgré mon retour tant attendu en France après ces trois années, la réinsertion n’a pas été évidente : certes, revoir de vieilles têtes faisait du bien, mais on ne va pas se cacher qu’un bel écart au niveau scolaire s’était installé (eh oui, on n’apprend pas pareil en Afrique…) et cet écart… il fallait y remédier.

Comme je voulais aider les gens autour de moi, je me suis dit qu’il fallait que je sois compétent dans un maximum de choses, et ainsi suivre une filière générale, n’importe laquelle… Quelle erreur ! Je me suis donc retrouvé dans une filière que je n’appréciais pas tant que ça (la ES, bwaa…) et à la sortie du lycée, si je n’avais pas trouvé PaRéO, je me serais sûrement retrouvé dans une pauvre licence sans intérêt histoire de ne pas faire d’année sabbatique et soulager ma conscience…

Apprendre de tout

Pourquoi je vous parle de tout ça ?  Eh bien parce que cette période, sombre en apparence, a provoqué un déclic chez moi. On peut apprendre de n’importe quoi, ABSOLUMENT n’importe quoi, et surtout des choses dont on se doute le moins, qui ont l’air de nous faire souffrir sur le moment. Qui aurait cru qu’un chiard de banlieue comme moi puisse entrer à l’université, à Paris Descartes qui plus est ?!!! Enfant tumultueux et énergique, je suis devenu de plus en plus réfléchi, raisonné, posé, bref : calme. Et cette « transformation » ne m’a été que bénéfique.

Ainsi je ne regrette absolument pas que ces péripéties me soient arrivées, car sans elles, je ne serais pas  là où je suis. Et après tout ça, « aider » est devenu mon principal objectif. Je suis plus que certain que c’est ce qui me guidera toute ma vie. Une solide détermination dans tout ce que j’entreprends est née chez moi et cela, grâce à ce changement qui s’est produit au moment où je m’y attendais le moins.

 

Angel D., 19 ans, étudiant, Saint-Maurice (Val de Marne)

Crédit photo Flickr // CC Isabelle Gallino

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