Être en pro et viser haut
Durant mes années collège, j’étais un élève dissipé. Je m’en foutais des cours, j’étais là physiquement mais sans vraiment être là. Je parlais beaucoup en cours, je ne respectais aucun prof, j’étais souvent exclu, mais je n’y portais pas une grande importance. J’étais un peu le clown de la classe ou l’élève rangé dans son coin qu’on n’entendait pas vraiment.
En troisième, on m’a annoncé que je passais en pro. J’étais hyper déçu car c’est une filière un peu mal vue auprès de ma famille. J’avais l’impression que ce n’était que les personnes peu intelligentes qui y allaient (sans être méchant). Finir électricien ou mécanicien, c’était impossible pour moi. Ma prof me forçait la main et a décidé à ma place. Je me disais que c’était vraiment la fin, alors je lui ai donné raison. À la fin d’année, je ne venais presque plus en cours.
Mon orientation en lycée pro : une déception pour ma famille
Ma rentrée en seconde a été catastrophique. Je ne m’intéressais pas aux cours proposés en SPVL (service de proximité et vie locale). Être dans le social, pour moi, c’était LE dernier choix. Je dormais beaucoup en cours, j’ai eu un gros relâchement. J’étais tellement au plus bas que l’assistante sociale m’a convoqué pour mes absences et mes notes et m’a demandé de changer de filière dans un truc pire.
Je lui disais que j’allais changer, je me répétais ça chaque matin en gardant espoir. Souvent, je me disais que tout était fini, je ne dormais plus la nuit, je voyais tous mes potes se faire une vie alors que moi, toute ma famille était déçue, je le voyais dans leur regard. Quand je leur parlais, ma mère me demandait de mentir sur ma filière.
Mes oncles, mes tantes, tout le monde me regardait comme un raté. Ils disaient à leurs enfants : « Regarde, travaille si tu ne veux pas finir comme Aymen. » Je faisais semblant de ne pas écouter, alors qu’au fond de moi j’étais au plus mal. Alors, j’ai baissé les bras.
Dépression et mauvaises fréquentations : j’étais au plus bas
J’ai fait une grosse dépression, j’ai commencé à avoir de mauvaises fréquentations, elles me demandaient des choses inimaginables, je me voyais tomber dedans… Je traînais beaucoup en bas de mon bâtiment, je chichais et tout. Durant mon année de terminale, j’avais perdu tout espoir. La seule chose était d’avoir mon bac pour faire plaisir à ma mère.
Jusqu’à ce qu’un ancien élève de ma filière m’annonce qu’il allait faire un DUT GEA (gestion des entreprises et administrations). Ça m’a donné envie de travailler. Une lueur d’espoir ! Je me suis alors accroché et j’ai vraiment travaillé pour avoir de bonnes notes. J’étais fier de moi, je commençais à me projeter.
L’orientation, ça ne se fait pas qu’à l’école. Dans son job d’été en foyer, Melinda a trouvé une vocation en travaillant avec des enfants.
Aujourd’hui, je compte faire une licence LEA (langues étrangères appliquées) pour travailler en entreprise ou être journaliste. C’est une filière qui me plaît, alors j’essaie de me donner à fond, même si personne ne croit en moi. Ce n’est pas parce qu’on passe en pro que tout est fini : il y a toujours un espoir, une petite porte qui brille au fond d’un couloir d’épreuves.
Aymen, 18 ans, lycéen, Saint-Denis
Crédit photo Unsplash // CC Victor B.
Il faut s’ôter de la tête que les filiéres pro sont des filiéres d’exclusion elles sont réservées à celles et ceux qui font marcher leur savoir faire et leur logique parfois surprenante !
Alors… En avant pour les envies de créer indispensables au quotidien !
Bonjour Aymen,
Je crois en toi et te souhaite d’atteindre tes objectifs. Tu peux déjà être fier de toi.
De la part d’un CPE.
Bonjour Aymen
Bravo d’abord pour avoir repris les rênes de ta vie.
Vu mon âge je pourrais aisément être ta grand-mère alors je peux me permettre de dire qu’exercer un métier manuel : électricien, plombier, menuisier, couvreur (comme mon père !) sont de très beaux métiers.
Il est toujours possible de se spécialiser dans les matériaux écologiques.
Et ceux qui sont compétents et sérieux gagnent beaucoup d’argent!
Quel dommage que cette mauvaise réputation sur les métiers manuels alors que rien n’est plus beau que l’intelligence des mains. Certains intellos feraient bien de s’y mettre!!
Bonjour Aymen,
je ne te connais pas mais sache que je crois en toi.
Je travaille depuis plusieurs années dans le champs de l’insertion sociale et professionnel et j’ai accompagné de nombreux jeunes te ressemblant qui ont réalisé ou sont entrain de réaliser leurs rêves. Eux aussi peu de personnes ne croyaient en eux, alors ne lâche rien, aie confiance en toi car les efforts finissent toujours par payés.
Je te souhaite le meilleur et la réussite pour tes projets.