J’ai fini par aimer mon orientation forcée en pro
J’ai jamais eu de problèmes dans mes études. Tout ça a changé en seconde générale. En raison de problèmes familiaux et avec les amis, j’avais du mal à me concentrer, et j’ai loupé beaucoup de cours. Je dormais tard et arrivé en cours, je comprenais rien. Même si je les rattrapais, mes notes ont chuté. Je suis passé de 12,5 à 9,2 de moyenne en fin de trimestre. Je comptais faire la filière L ou STMG, en générale. L c’était pour être un avocat, STMG pour marketing. Mais à cause des absences, j’ai pas pu m’en aller loin. Au troisième trimestre, en conseil de classe, ils m’ont proposé d’aller en professionnelle ou un redoublement.
J’ai pas voulu perdre un an dans les études, j’avais déjà redoublé en CP. J’ai pensé à ma cousine. Elle avait été dans le même cas, elle avait été en pro et vue son intelligence, son lycée avait fait une démarche pour qu’elle aille en générale. Maintenant, elle y est. J’ai décidé de faire comme elle, en commençant par la voie pro.
Affecté en CAP Électricité, j’étais obligé d’accepter
J’ai fait des vœux en Auto (Maintenance des véhicules option A voitures particulières). Demandes rejetées. J’ai refait les demandes : encore des refus. J’ai reçu un courrier chez moi comme quoi j’étais affecté en ARCU [Accueil Relation Clients et Usagers], alors que j’avais pas choisi ce vœu. Jusqu’à présent, je ne sais pas pourquoi les vœux que j’ai fait ont été refusés.
Je suis allé voir le DSDEN 93 Bobigny [l’Inspection Académique] pour voir si c’était possible de changer, ils m’ont dit que ça devait être une erreur. Même eux, ils savaient pas d’où ça venait. J’ai refait les vœux. Chez moi, j’ai encore reçu un courrier comme quoi j’étais affecté en CAP Électricité à Voillaume, à Aulnay-sous-Bois. C’était pas dans mes choix mais bon j’étais obligé de l’accepter par peur de ne pas être scolarisé. J’ai pas fait ma rentrée comme les autres, mais en novembre. Arrivé dans ma nouvelle classe, j’ai vu qu’on était pas nombreux : quatre élèves. J’ai pensé que l’année allait être difficile avec eux.
Mon année en pro a changé ma vision de la filière
En fin d’année de mon CAP Électricité, le proviseur m’a donné une feuille pour faire des vœux. Je suis direct allé me renseigner auprès d’un CIO [Centre d’Information et d’Orientation]. J’ai demandé s’il y avait des moyens pour que je puisse faire la filière que je souhaitais : mécanique. Ils m’ont proposé électricité en Auto en première, du coup ça m’intéressait. À ce moment-là, j’ai pas pensé à demander comment bifurquer en générale. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas parlé de ça.
L’année que je viens de passer a changé ma vision de la filière pro. Pendant l’année, je me sentais bien concentré parce qu’on pratiquait et c’était plus facile qu’en générale. J’ai eu 15,33 de moyenne avec compliments. J’allais régulièrement en cours, tout était bien facile. Je me suis adapté parce qu’on pratiquait et qu’on était pas nombreux. Quand on est nombreux, y a toujours un groupe qui « fait l’ambiance » ou un troupeau qui laisse pas travailler les autres, mais là on était seulement quatre dans la classe. Ça m’a plu d’être en pro.
Comme Robert, Yamine a suivi un bac pro. Après son bac, il a prouvé à ses enseignants qu’il était capable d’aller à l’université plutôt qu’en BTS. Aujourd’hui, il est en fac de lettres.
Aujourd’hui, je souhaiterais aller loin… je dirais soit avocat, soit mécanicien ou électricien. Si je veux faire d’autres filières qu’électricité, je peux suivre des formations. Je me suis bien renseigné, mais plus pour faire du marketing et en Auto. Par contre, pour être avocat, au CIO, ils m’ont dit que c’est la galère, parce que je fais une filière électricité. Même si je demande, je suis pas prioritaire.
J’ai attendu la réponse pour les vœux que j’ai demandés pour l’année 2019-2020. Premier vœu, j’ai mis électricité en Auto, puis pour les autres, MELEC [Métiers de l’Électricité et de ses Environnements Connectés] et MEI [Maintenance des équipements industriels]. J’ai été affecté en MEI dans le lycée Voillaume. J’attends septembre pour faire la rentrée comme les autres… Pas comme l’année dernière !
Robert, 17 ans, lycéen, Aubervilliers
Crédit photo © Elliot Clarke // Lycée Voillaume, Aulnay Sous Bois, 2018