J’étais trop seule pour réussir le concours de médecine
À l’école, j’ai toujours eu d’excellentes notes. J’étais sérieuse en cours, « l’élève modèle ». Après le bac, je suis allée en première année commune aux études de santé (la PACES). Ce choix, je l’ai fait par défaut parce que je ne savais pas quoi faire plus tard et qu’on me disait souvent que je serais un bon docteur. On m’a dit : « Juste un an et c’est bon. »
Je n’avais jamais vraiment travaillé en autonomie. Au lycée, j’avais des bonnes notes mais je ne travaillais pas en dehors des cours. Je pensais qu’à l’université, ce serait pareil. Pas du tout. D’un seul coup, il n’y a plus eu personne pour me dire quoi faire, ne pas faire, par où commencer mes révisions…
D’abord, il faut savoir qu’à la fac, on n’a plus du tout le même emploi du temps que lorsqu’on était au lycée. Parfois, on a cours toute la journée, d’autres fois, deux heures seulement. Ces jours-là, j’avais tendance à me lever plus tard, sortir manger avec mes ami.e.s, me balader dans la ville et même sécher les cours les plus chiants. Conséquence de la disparition de l’obligation de présence en cours ! Au lycée, j’avais peur de sécher les cours. Il fallait justifier l’absence et la faire signer par les parents. À l’université ? Aucun prof ne te connaît. Il n’y a plus d’appel. Personne ne sait si tu es en cours ou pas. La tentation est trop forte.
Introvertie, j’ai pas su me faire d’amis
Et à la fac, trouver un groupe d’amis n’est plus aussi facile qu’au lycée. Les petites classes sympathiques d’une trentaine d’élèves, il faut oublier, surtout en PACES. En arrivant dans l’amphi rempli de plus de 300 élèves, je me suis dit que je n’allais pas avoir d’amis cette année-là. Mais je n’étais pas inquiète puisque c’était « juste un an et c’est bon ».
Médecine ou pas médecine, la rentrée arrive, tu es seul(e) à la fac, et tu crains de ne pas te faire d’amis ? Les WEI (Week End d’Intégration) sont là pour toi !
Je suis le genre de personne à se dire que « choisir ses amis » n’a aucun sens. Ce n’est pas comme ça que ça marche, les amis. On va vers les personnes qui nous ressemblent, qui ont les mêmes goûts, les mêmes passions. Finalement, je me suis fait UNE amie. Elle était très gentille, on avait beaucoup de points communs, on s’entendait vraiment bien. Mais on ne travaillait jamais ensemble car l’un de nos points communs était précisément la volonté d’être libre après les cours. Lorsqu’on avait une pause déjeuner, on sortait pour manger. Lorsqu’on avait une heure de trou, on faisait un tour du quartier. On ne venait à l’université vraiment que pour les cours.
J’aurais dû avoir un groupe de travail
Et si on avait tout fait de la mauvaise façon ? Lorsqu’on avait une pause déjeuner, on aurait dû revoir les cours en mangeant un petit sandwich. Lorsqu’on avait une heure de trou, on aurait dû se précipiter vers la BU [bibliothèque universitaire] pour travailler. Et on aurait dû se lever à 6h tous les jours pour y aller réviser la médecine et y retourner après les cours jusqu’à l’heure de fermeture.
Après un an de fac, j’ai compris ce concept « d’amitié par intérêt ». Bon, je n’approuve toujours pas ce concept mais je pense que c’est une méthode cruciale pour réussir, surtout en PACES. L’année dernière, je voyais des groupes d’amis qui semblaient s’entraider lorsque certains rencontraient des difficultés, ils se posaient des questions en cours et à la bibliothèque, ils pouvaient compléter leurs cours en cas d’absence grâce aux autres.
Après trois ans de lycée, il faut tout recommencer ! La fac, c’est une bonne occasion de se faire de nouveaux amis, si tant est qu’on y arrive… Trois étudiants nous racontent leurs galères et leurs petites victoires. Se faire des potes à la fac, c’est facile ?
Moi, je n’avais pas ça. Mais je ne le regrette pas. Je ne regrette pas d’avoir rater la PACES. Je ne regrette pas de n’être amie qu’avec cette fille. En prenant du recul, je me dis que ce n’est pas « si j’avais eu plus d’ami.e.s, j’aurais réussi la PACES », mais « si la médecine était l’un de mes centres d’intérêt, je me serais fait plus d’ami(e)s ».
La leçon que j’en tire ? Ne pas s’isoler. Ne blâmer personne de ses propres erreurs. Ne pas se décourager d’un échec.
Jin, 18 ans, étudiante, Paris
Crédit Photo Unsplash // CC Adli Wahid