Valérian T. 04/09/2020

Mon TDA diagnostiqué, ma scolarité sauvée

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Malgré mon travail, je n’ai jamais eu de bonnes notes. Tout le monde me critiquait. Aujourd'hui, ils ont compris : j'ai un trouble de l'attention...

En primaire, les instituteurs me qualifiaient de rêveur, mais leurs commentaires étaient gentils. J’étais le roi des ECA (en cours d’acquisition) ou A- (acquis mais pas complètement). Néanmoins, j’étais dans les moins bons élèves.

Depuis tout petit, j’ai des difficultés à l’école. Ça a affecté ma confiance en moi. Car, à chaque fois, je travaillais beaucoup chez moi et au final j’avais des mauvaises notes. Mes parents rentrant très tard de leur travail, c’est avec les personnes qui me gardaient que je faisais mes devoirs. Le vendredi soir, ils disaient à mes parents que tous les devoirs étaient terminés.

Mon petit frère qui a trois ans de moins que moi, lui, ramenait toujours des bonnes notes. Mes parents le félicitaient devant moi. Dans ces moments-là, j’étais triste et déçu. Pour moi, ils n’étaient pas contents. À chaque fois que je ramenais mon bulletin, j’avais le droit à une scène de : « Mais quand vas-tu comprendre que tu n’es pas en classe pour rêver ? » ; « Il faut écouter pour comprendre et apprendre » ; « C’est pour ton avenir, si tu ne travailles pas bien à l’école, tu ne pourras pas faire le métier que tu veux. »

En CM2, mes amis avaient des A, moi j’avais des C. Ça me décourageait.

TDA : ma mère a enfin compris !

Arrivé au collège, ce n’était pas bien différent, à part que cela se voyait encore plus car on était passés des lettres aux chiffres. J’avais dans les 9 de moyenne générale ; celle de la classe était à plus de 10. Mes parents pensaient que je ne travaillais pas, alors que je travaillais au minimum deux heures tous les soirs. Un jour, je les ai entendus parler de moi. Ils étaient tristes et déçus et se disaient qu’ils allaient m’envoyer en pension. Ils me le disaient aussi à moi directement, pour me mettre la pression. Cela me rendait triste et je me sentais désemparé, car je travaillais et malgré cela je n’avais pas de bonnes notes.

Puis, en fin de quatrième, ma vie a basculé : ma mère a négocié son départ de l’entreprise où elle travaillait et elle s’est retrouvée à la maison. Elle ne m’a pas lâché. Tous les soirs et week-ends, elle me faisait travailler.

Et là, elle a enfin compris. Elle a vu que je travaillais et elle s’arrachait les cheveux. Elle s’est rendu compte que je n’arrivais pas à apprendre par cœur ou apprendre tout court mes leçons. Par miracle, parfois, et au bout de trois heures, je connaissais à 75 % les trois phrases d’espagnol à apprendre. Mais après le déjeuner, quand elle m’interrogeait de nouveau, je ne savais plus rien.

Elle a compris que ce n’était pas de ma faute, que ce n’était pas de la mauvaise volonté ou un manque de travail. J’ai passé des tests et rencontré des médecins.

Le verdict, sans appel, est tombé. Je souffre d’un trouble déficitaire de l’attention (TDA). C’est ce trouble qui m’empêche d’écouter et d’apprendre comme les autres.

Quand je prends le médicament, tout change

Ma mère était tellement triste de ne pas s’en être aperçue avant ! Elle m’a demandé pardon tant de fois de ne pas avoir compris, de s’être énervée après moi. C’était un peu le monde à l’envers, les parents qui s’excusent, mais cela m’a fait du bien. J’ai été rassuré et encouragé aussi quand elle m’a dit qu’elle ne chercherait pas du travail tout de suite, et que toute mon année de troisième elle serait à mes côtés pour m’aider et rattraper mon retard.

Depuis, je suis aussi soigné pour ce trouble. Je suis physiquement présent et à l’écoute, mais c’est comme si je n’entendais pas. Je suis incapable de répéter ce qui a été dit, même si j’ai entendu. C’est comme si cela traversait ma tête sans laisser de traces ou de souvenirs. Par contre, personne ne me parle dans ma tête !!!!

Il n’y a pas que les médicaments qui aident les personnes atteintes de TDA/TDAH. Les Etats-Unis viennent d’approuver un jeu vidéo comme thérapie numérique pour les jeunes concernés. Un tiers des participants en aurait bénéficié selon Sciences et Avenir.

 

Quand je prends le médicament, tout change. Je suis capable comme les autres de retenir ce qui est dit. Pas pour guérir – car le TDA n’est pas une maladie donc cela ne se guérit pas – mais pour être aidé dans mes apprentissages. Quand le médicament fait de l’effet, j’arrive à me concentrer, je suis là à 100 % : j’écoute et désormais j’entends ce que dit le professeur. Quand je rentre, je me rappelle de ce que j’ai entendu et j’apprends plus facilement, même si je suis beaucoup plus lent que les autres.

L’espoir et la récompense du travail intense

Maintenant, je suis en troisième. Les professeurs sont informés et prennent en compte mon TDA. Ma mère m’aide et me soutient. Je travaille toujours énormément pour réussir et rattraper mon retard mais cela porte ses fruits. Au fur et à mesure, mes notes augmentent.

Au premier trimestre, quand mes parents ont reçu mon bulletin, j’ai cru qu’ils allaient me faire boire du champagne avec eux et que ma mère allait pleurer de joie. J’ai eu les compliments pour la première fois de ma vie.

Pour Cyril aussi tout a changé au moment du diagnostic de son trouble. Lui souffre d’un TDAH, un trouble de déficit de l’attention / hyperactivité. Longtemps handicapé à l’école, il a réussi à gérer une fois diagnostiqué.

J’étais tellement heureux ! Le lendemain, en me réveillant, je suis allé voir mon bulletin pour voir si je n’avais pas rêvé. C’était réel. Cela m’a gonflé à bloc pour continuer et m’accrocher, et c’est ce que j’ai fait….

Et chut, c’est un secret, mes parents ne le savent pas encore car nous n’avons pas encore reçu le bulletin du deuxième trimestre, mais moi je le sais par le délégué de classe…. j’ai de nouveau eu les compliments.  Et en plus, cette fois-ci, j’ai la moyenne dans toutes les matières. Malgré mon TDA !

 

Valérian, 14 ans, collégien, Neuilly-sur-Seine

Crédit photo Unsplash // CC Macro.Jr (montage La ZEP)

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