Ambition précaire… par restriction budgétaire
J’ai toujours voulu travailler avec les enfants, que ce soit dans des crèches, dans des écoles maternelles ou dans des centres de loisirs. J’ai donc cherché les formations qui me permettraient de trouver un emploi dans le milieu de la petite enfance. Les concours d’entrée étant payants et mes revenus trop faibles, j’ai essayé de trouver un organisme qui serait prêt à m’aider à les financer.
Après le bac… la rue
À ma grande surprise, ni Pôle Emploi, ni la mission locale, ni le conseil départemental n’étaient à même de m’épauler.
Inutile de compter sur la présence de la seule famille qui me reste vu que mes parents m’ont jeté à la rue en septembre 2015.
Cela faisait un moment que la situation était devenue insoutenable à la maison. Après l’obtention de mon bac pro ASSP (Accompagnement Soins et Services à la Personne), je n’ai pas réussi à trouver de travail.
Mes parents me mettaient la pression, ils me disaient que si je ne trouvais rien, je serais mise à la porte. Alors que je m’acharnais à tenter de décrocher un job, que je passais mes soirées à rédiger des lettres de motivation et mes journées à candidater, ils disaient que je n’en foutais pas une, que je n’arriverais jamais à rien. Ils m’ont donc interdit de sortir de l’appartement pendant quatre mois, de juin à septembre.
Comment me présenter à l’entreprise sans pouvoir sortir ? Tout ne se fait pas à distance. La situation s’est aggravée petit à petit, jusqu’au jour où ils m’ont dit que j’avais une semaine pour trouver un travail. Sinon ? Je devrais partir. J’ai essayé de toutes mes forces mais le délai étant trop court je n’ai pas pu atteindre cet objectif.
Quel avenir avec un compte en banque vide ?
Après avoir été virée de chez moi à l’âge de 20 ans, j’ai été hébergée chez mon copain en attendant de trouver une solution de logement. Grâce à la mission locale, j’ai pu être domiciliée dans un de leurs appartements (ou cellules). Pendant six mois seulement. Des mois durant lesquels il fallait que je trouve une autre solution sinon… la rue.
J’ai finalement trouvé un service civique qui m’a permis d’avoir un logement provisoire pour deux ans.
Malheureusement, ce revenu n’est pas suffisant pour obtenir l’autonomie nécessaire à mon bien être et à mon évolution professionnelle.
Récemment, le directeur de la résidence de jeunes travailleurs où je suis logée m’a gentiment proposé de m’avancer de sa poche les frais du concours. J’ai donc pu passer le concours écrit (100 euros) grâce à lui. Il ne me reste plus qu’à trouver le financement pour le concours oral (130 euros), ce qui risque d’être compliqué. Avant, j’avais un rêve, celui d’être auprès des enfants mais aujourd’hui je ne suis plus sûre de rien.
Comment prétendre à une quelconque ambition professionnelle alors que je peine à remplir mon frigo ou le réservoir de ma voiture ?
Emmeline, 21 ans, Service Civique, Perpignan
Crédit photo Flickr, ‘Banksy in Boston‘, CC Chris Devers