Eva J. 23/04/2025

La mobilité malheureuse

À 18 ans, Eva part seule au Canada pour la deuxième fois. La solitude et les crises d’angoisse font tourner le rêve au cauchemar. De retour en France, elle change de cap.

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27/02/2025

Les enfants dans la séparation

Quatre millions de mineur·es ont des parents séparés, nous apprend l’Insee. Derrière ce chiffre, des réalités multiples. Il y a la difficulté de passer d’une maison à l’autre, de quitter une ville où l’on a grandi ou encore, de voir un parent s’éloigner.  Depuis la séparation de ses parents, Emma peut compter sur ses grands-parents. Des soutiens infaillibles dans la tempête familiale. Déracinée de Marseille, Ritège, elle, a suivi sa mère en région parisienne. Elle a laissé derrière elle son père et ses souvenirs. Marc a été contraint à une garde alternée qu’il n’a pas souhaitée. Il est en colère face à un système qui ne l’a pas écouté. Pacôme, lui, fait partie des 11,5 % d’enfants de parents séparés qui vivent entre chez leur père et chez leur mère. Il raconte la valse des valises et l’équilibre fragile d’un quotidien partagé entre deux foyers. La rédaction Une série illustrée par Camila Plate

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31/01/2025

En finir avec le harcèlement à l’école

Bousculades. Insultes. Humiliations. Violences à répétition. Le harcèlement, c’est ce phénomène d’ampleur qui fait d’une personne la cible à atteindre. En être victime, c’est se retrouver coincé·e dans un engrenage infini. Pourtant, il existe des moyens d’en sortir. Réussir à en parler est un premier pas important. Encore faut-il que quelqu’un vous croie et vous prenne au sérieux. Pour cela, parfois il faut se répéter avant de trouver la bonne oreille, comme pour Jamelya, harcelée à l’école primaire. Dylan, lui, a pu compter sur l’intervention efficace de la CPE de son collège. Un déménagement a permis à Manuel d’échapper à ses harceleurs. Ben a dupliqué la stratégie du harceleur de Yanis pour lui faire subir la même chose et libérer son ami de cet enfer. La rédaction Une série illustrée par Meriem Mesfioui   « Il est important de ne pas rendre la réalité plus douce qu’elle ne l’est »   Pour Fernando Llor, scénariste de la bande dessinée Débile, le harcèlement scolaire vécu par le basketteur Iñaki Zubizarreta illustre une violence qui s’ancre dans la construction des jeunes victimes. C’est ce qui l’a motivé à travailler sur ce sujet.    Comment s’empare-t-on de la thématique du harcèlement scolaire pour en faire une BD ?   C’est un sujet très difficile. Il était important de ne pas rendre la réalité plus douce qu’elle ne l’est. Iñaki, le personnage de la bande dessinée, c’est Iñaki Zubizarreta, un célèbre joueur de basket espagnol, qui mesure plus de deux mètres. Dans un documentaire, il s’était confié sur le harcèlement qu’il avait subi à cause de sa taille.  25 ans après, les séquelles psychologiques et la haine sont toujours en lui. Pour moi, c’était ça qu’il fallait raconter : comment le harcèlement a eu un impact sur la personne qu’il est devenu.  J’ai travaillé avec lui, étape par étape. Ensuite, avec les psychologues qui l’ont suivi pour faire une sélection des événements de son histoire susceptibles de refléter les étapes les plus fréquentes dans le processus de harcèlement scolaire.  Comme je le raconte dans la BD, Iñaki en veut surtout à sa professeure de l’époque. Non seulement elle n’a pas été présente mais elle a aussi participé à ces humiliations collectives en le dévalorisant en cours. Que nous apprend cette histoire, au-delà de sa singularité ? En se basant sur ce qu’il a vécu, on a pu dégager trois phases assez courantes dans le harcèlement scolaire. La première, c’est le fait de se faire voler son identité, en se faisant appeler autrement que par son prénom, par exemple. Iñaki s’est fait appeler Théodule. La deuxième phase, c’est de s’emparer de ce qui appartient à la personne en lui volant ses affaires. La troisième phase, c’est la violence pour tester les limites. Au début, c’est verbal, puis physique. Et ça monte crescendo.  Ce qui m’a le plus fait réfléchir en travaillant sur ce sujet, c’est à quel point cette violence peut révéler un monstre en vous et peut vous remplir d’agressivité, comme Iñaki. Mais le message qu’on a voulu faire passer, c’est qu’il y a tout de même de l’espoir quand on est victime. L’espoir de ne pas devenir un « monstre » à son tour.  Pensez-vous que cette BD puisse contribuer à faire évoluer le regard sur le harcèlement ?  Dans plus de 80 établissements scolaires où nous sommes intervenus, les jeunes nous ont fait des câlins, nous ont remercié et ils se sont beaucoup ouverts à nous. Mais nous ne sommes pas psychologues ou professeurs. Le plus important était de relayer cette BD auprès du corps enseignant et du personnel scolaire. Parce que ce sont eux qui doivent protéger les élèves ! Je ne sais pas comment c’est en France mais en Espagne, où je vis, le harcèlement scolaire a toujours été appréhendé avec une certaine légèreté. On entend souvent que ce sont des problèmes d’enfants qui vont se régler par eux-mêmes. On a voulu mettre en lumière qu’il fallait prendre cela au sérieux. Et montrer que ça ne concerne pas que les enfants. D’ailleurs, le récit ne se termine pas en douceur. Ça nous a semblé important de conclure de cette manière.   Propos recueillis par Lisa Rompillon

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13/12/2024

Violences conjugales jeunes : quitter le mâle

En 2024, près d’un quart des adolescentes et jeunes femmes en couple dans le monde ont été victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur petit ami avant leur 20 ans, selon une étude de l’OMS. Bercées par une vision romantique du couple intense, de son amour « ouf », possessif et jaloux, qui fait forcément mal, elles sont aussi victimes de mécanismes d’emprise, d’abus, de coups, d’agressions sexuelles…   En France, les moins de 29 ans représentent 18,6% des appels pour violences conjugales au sein d’un couple hétérosexuel au 3919 en 2023. Pour certaines d’entre elles, être jeune les rend illégitimes à se reconnaître comme des victimes. Pour celles qui portent plaintes, justice n’est pas toujours rétablie.  Sara, Yanissa, Aïcha et Rose ont toutes les quatre subi des violences physiques et psychologiques dans leur couple. Et en sont sorties.  Pour Sara, c’était le premier. Petit à petit, son copain a réussi à l’isoler de ses proches pour mieux la contrôler. Quand il a levé la main sur elle, elle a décidé de mettre fin à la relation. Après la séparation, elle a dû changer de numéro.  Contrôle, isolement et violence se sont progressivement installés entre Yanissa et son petit ami, aggravés par une dépendance au cannabis. Le déclic a eu lieu lorsqu’il l’a menacée de mort.   Aïcha a subi les menaces de viol et de mort de son copain. Après qu’il l’a rouée de coups, elle s’est tournée vers l’hôpital puis la police, mais elle s’est finalement fait justice elle-même.  Violentée par son copain, Rose a été en plus malmenée par le système judiciaire. Comme les bleus sur ses bras, elle a compté les mois avant d’être entendue par la police. Et avant que sa plainte ne soit prise au sérieux. La rédaction Une série illustrée par Camila Plate   « Il y a un après pour ces jeunes femmes »   Natacha Henry est autrice, journaliste et historienne. Experte auprès des institutions européennes sur les violences faites aux femmes, elle décrypte les mécanismes d’emprise et de domination au sein des couples.    « Ce que décrivent très bien ces quatre jeunes femmes, c’est comment au début il y a la croyance dans une grande histoire d’amour. Et comment ces hommes vont être des grands séducteurs et très vite des grands possessifs. Elles ont une facilité pour décrire la reconstruction derrière, ce qui montre qu’il y a un après pour ces jeunes femmes. Elles reprennent leurs études, elles passent le permis. Elles rebondissent.    Ces garçons, comme Youssef, ont compris qu’en se faisant passer pour le prince charmant, ils allaient avoir tout le loisir de dominer leur copine. C’est le cycle de la violence. La première étape, c’est que la vie est à peu près sympa. Chez les jeunes c’est souvent intense parce que ce sont les premières relations. La deuxième étape, c’est que ça commence à être un peu tendu. Il y a des réflexions de domination et de contrôle. Elle commence à faire attention, à surveiller ses tenues, ses fréquentations… Elle entend les conditions et elle commence à avoir peur. Dans une relation non violente, ça n’arrive pas. On peut se disputer, mais il n’y a pas une relation de pouvoir. Elle sent qu’on lui demande de ne plus être la personne qu’elle était avant. Ça n’est pas de l’amour ! La troisième étape, c’est l’explosion de violence. Là, elle a peur pour sa vie. Des coups, des blessures, des strangulations, des hématomes. On voit bien Rose qui les compte. Après cet épisode de violence, la quatrième étape c’est la lune de miel. Il revient s’excuser. Avec des fleurs, des cadeaux, en expliquant que personne n’a jamais vécu un amour aussi profond, qu’elle n’en trouvera jamais un qui l’aime autant. Qu’il a des fragilités. Leur notion de culpabilité est assez limitée. Ils leur font croire qu’il n’y a qu’elles qui peuvent les aider, et que si elles les quittent maintenant, leur vie s’effondre.  C’est un système malin. Il lui explique que si elle ne l’accepte pas comme ça, si elle ne l’aide pas, il va continuer comme ça. Son changement à lui dépend de sa compréhension à elle. En même temps, elle se sent valorisée parce qu’un garçon est à ses pieds. Elle se sent importante parce qu’elle va l’aider. C’est le schéma maternant.    Par ailleurs, en France, on ne s’occupe pas beaucoup des addictions dans ces situations. Alors que ce sont des dépendances qui aggravent la situation. On le voit dans le témoignage de Yanissa.    Ce qui est alarmant aussi, c’est que les chiffres de violences au sein de couples jeunes sont très élevés, comme le montre le rapport du 3919. Sans mentionner le fait qu’elles n’appellent pas toutes. Mais en même temps, on voit dans les récits que la ZEP a accompagnés qu’elles ont des ressources. Elles ont toutes un déclic. Comme elles n’habitent pas avec le garçon, il n’y a pas d’enfant, de logement, d’emprunt, pas une vie commune, ce qui leur « facilite » techniquement la séparation. Cette liberté de mouvement fait la différence.    Dans ces histoires, on n’a pas non plus forcément affaire à des jeunes hommes qui vont changer. Ils sont probablement en train de faire subir les mêmes choses à d’autres jeunes filles. C’est pour ça que ces témoignages sont hyper importants.    Ce qu’on peut conseiller c’est de ne jamais aller à la police seule et aussi d’appeler une association spécialisée, ce qu’aucune d’entre elles n’a fait. Sûrement parce que ces associations ne sont pas connues des jeunes. Il y a donc là un vrai travail à faire. »   Propos recueillis par Adèle Douay

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