2/5 « J’étais avec des gars de Noisiel, Champs, Torcy »
On faisait 80 km par jour. 50 le matin et 30 l’aprèm. Cinq heures de vélo avec une pause à midi. On était 25 jeunes et 12 animateurs. Ce voyage pour lutter contre les rixes de nos villes est inoubliable.
Lors de la première étape, Torcy–Meaux, on ne se mélangeait pas entre villes. En vélo, dans les vans et dans les chambres, on ne restait qu’avec les gens de la nôtre. Champs-sur-Marne, Lognes, Noisiel, Torcy, Saint-Thibault-des-Vignes : ces villes sont toutes collées, mais on ne se connaissait pas. Moi, je suis de Champs-sur-Marne, 77420. J’ai grandi là.
Dès le premier jour, on a créé un groupe Snap. On devait prévenir s’il y avait une galère. On s’envoyait des photos et des trucs drôles. Je connaissais quand même déjà quelques têtes des autres villes via le club de foot. On était de la même équipe, mais c’était juste « bonjour » et « ça va ».
Corps à corps
Une fois arrivés à Strasbourg, nous avons fait une halte de trois jours qui nous a permis de mieux nous connaître. C’était trois jours après le début du séjour. Dans chaque chambre, on dormait par ville. On devait choisir avec qui on voulait être. Comme on était six de Champs, on s’est divisé en deux chambres de trois.
À Strasbourg, c’était de la frappe. On a commencé à se mélanger. On a fait du laser game, du bowling, un tournoi de foot sur un synthé… Les équipes étaient faites en fonction des villes et c’est nous, Champs, qui avons gagné ! Le dernier jour, on est allés à Europa-Park, c’était grave bien (il y en a qui ont dormi, ils n’ont même pas profité). On a fini par aller dans les chambres des uns et des autres, on faisait des corps à corps.
Pour le trajet Strasbourg–Francfort, on a fait une partie en vélo, et l’autre en minivan. C’était une bonne ambiance. Aymed a crevé. Armani s’est pris une guêpe dans l’œil. Saber mettait ses musiques d’ancien. Nous qui tapions nos siestes dans le van.
Le foot, la Play, la graille
À Francfort, ce n’était plus les mêmes personnes dans la chambre ! Là, j’étais avec des gars de Noisiel, Champs, Torcy. Parce qu’au début, on choisissait nos chambres, mais après Francfort, c’était les animateurs. C’était pour faciliter le mélange.
On est arrivés à Francfort, on a mangé dans un bon grec et on a fait une sortie nocturne : un tour de la ville avec les animateurs. Pendant les temps de pause, on allait dans les chambres des uns et des autres. Aymed avait ramené sa Play. On a fait des bowlings. Romaric a gagné.
SÉRIE 3/5 – Arriver dans les premiers, ne pas abandonner : voici les résolutions de Yassine sur son vélo. Un esprit de compétition dont il a hérité.
C’était plus simple de se mélanger entre villes en faisant un voyage à vélo, parce que là, on souffrait ensemble, on était H24 ensemble. On dormait ensemble. On a vécu deux semaines ensemble. Au final, on est tous pareils. On a tous les mêmes centres d’intérêts : le foot, la Play, la graille. Et tous, on aime bien notre quartier.
Depuis la fin du voyage, je revois ceux qui habitent dans ma ville. Je les connaissais déjà avant mais ça nous a rapprochés. J’ai le Snap des autres. Je reste cordial avec ceux des autres villes. Je prends de leurs nouvelles de temps à autre.
Yanis, 15 ans, lycéen, Champs-sur-Marne
Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)