Yassine L. 29/04/2024

3/5 « Ne pas décevoir mon père et mon frère »

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Arriver dans les premiers, ne pas abandonner : voici les résolutions de Yassine sur son vélo. Un esprit de compétition dont il a hérité.

Mon frère a fait la première édition. Il est allé en vélo de Torcy à Caen. Il a parcouru environ 270 km, à 17 ans. Moi, je suis allé de Torcy à Auschwitz, soit presque 800 km à vélo. J’ai 16 ans.

C’est un grand du quartier, un entraîneur, qui est venu me voir pour me demander si je voulais participer. J’ai dit « oui » direct. C’est une opportunité qui ne se présente qu’une fois dans une vie. Il a appelé mon père, qui a accepté et m’a dit de leur « faire honneur », à lui et à mon frère.

Je viens d’une famille de sportifs. Mon grand frère et mon père pratiquent le foot au FC Champs. Mon père est « connu » au club : c’était l’entraîneur des vétérans, il connaît tout le monde, il a grandi là. Il a toujours voulu que je fasse du sport. J’ai commencé le judo en CE1, puis j’ai fait un an de boxe. Mais je faisais juste mes entraînements et je partais. Après, j’ai fait du foot, et c’est dans ce sport que je me suis investi. J’entraîne même des petits le samedi matin.

« Il fallait que je tienne mes engagements »

M’améliorer dans ce que je fais et progresser, pour moi c’est le but du sport. Dans ma famille, ils ont toujours été cash. Si j’ai fait un match de merde, on me dit que j’ai fait un match de merde. Ils ne vont pas me dire : « Tu feras mieux la prochaine fois. » Ils ne vont pas me dire des choses pas vraies pour me faire plaisir. Ils me disent mes erreurs.

Quand j’ai commencé le voyage, je me disais : « Il faut que je tienne, que j’assure. Il ne faut pas que je déçoive mon père et mon frère, que je salisse le nom. » Je voulais les rendre fiers, et prouver aux encadrants du 77 à vélo qu’ils ne m’avaient pas pris pour rien.

Mon frère, il était toujours dans les premiers à la première édition : il avait fait une bonne prestation. C’est un des dirigeants de l’équipe de Champs du 77 à vélo qui l’a dit ! Alors je n’avais pas envie de monter dans le mini-van : je n’étais pas là pour me la couler douce, fallait que je tienne mes engagements.

J’ai fait le voyage avec mon esprit compétitif. Quand il y avait d’autres personnes devant moi, je me disais qu’il fallait que je retourne devant et que je leur montre que je pouvais réussir.

« Je n’ai pas lâché »

J’étais toujours dans les premiers, à part ce jour-là. J’ai eu un moment de faiblesse : c’est-à-dire que je n’étais pas devant. C’était entre Châlons-en-Champagne et Nancy. Je me suis retrouvé tout seul. J’étais au milieu et je ne voyais plus ceux de devant, ni ceux de derrière. Je ne connaissais pas le chemin et… j’ai pris un mauvais chemin pendant 15 km. Je m’en suis rendu compte et je me suis arrêté à cause de la pluie. J’ai appelé un pote pour savoir où ils étaient. Ali, l’organisateur, et Quentin, un participant, sont venus me chercher. Ce jour-là, je n’ai pas fait 70 kilomètres, mais 100. Mes potes me disaient d’arrêter et de monter dans le minibus, mais je n’ai pas lâché.

SÉRIE 4/5 – Ismo a sous-estimé la difficulté du vélo. Ce n’est qu’après la première destination, à 70 km du point de départ, qu’il a réalisé que ça n’allait pas être une mince affaire.

Capture d'écran du quatrième épisode de la série : "Le vélo, c'est vraiment physique !". Il est illustré par un dessin représentant une main portant une roue de vélo.

On s’encourageait aussi, on ne pensait pas qu’à nous. Il fallait ralentir pour ceux qui étaient derrière. Quand quelqu’un ou un groupe de personnes avaient un moment de faiblesse, on ralentissait. On les attendait pour que personne ne se retrouve seul. En fait, mon esprit compétitif et mon esprit d’équipe, c’était mes deux sources de motivation.

C’est mon père qui a fait le discours d’arrivée, il représentait le club FC Champs, mais je n’ai pas écouté. J’étais trop dans l’ambiance. Ça criait, ça pleurait ! Mon frère et mon père étaient fiers de moi, et moi aussi. Ils avaient vu que je pouvais réussir une telle prouesse. J’avais pris la relève.

Yassine, 16 ans, lycéen, Seine-et-Marne

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

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1 réaction

  1. Wawww quelle incroyable rédaction il est fort le gamin il est fort

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