2/4 Deux mois de fast-food pour une année d’études
Avoir un job d’été, ça me permet de vivre à l’année : payer mes études, mes courses, mon loyer, et me faire un petit peu plaisir quand je peux. Je calcule tout au centime près : si je sors, je ne bois pas de verre avec mes amis, je préfère aller pique-niquer au parc, ça me reviendra moins cher. Pour deux–trois mois de travail, je tiens dix mois.
Cet été, je travaille en restauration rapide, à Hossegor. Le patron cherchait du personnel saisonnier et comme j’avais déjà un an d’expérience là-bas, il n’avait pas à me former. Je sais que ça va être « normal » comparé à l’an dernier. L’année dernière, j’avais eu très peur de ne pas pouvoir y retourner à cause du Covid-19. J’étais hyper anxieuse… et ça m’avait grave soulagée d’y travailler trois mois. J’avais pu bien mettre de côté pour l’année scolaire.
Les frais d’inscription me mettent vite dans le rouge
Je suis au CFEL (centre de formation éducationnelle liégeois), une école d’éducateur spécialisé à Liège. Chaque année, je dois payer la totalité des frais d’inscription de l’école, 400 euros, ce qui me met vite dans le rouge. Mais je voulais y aller car il y a des profs éducateurs qui savent ce que l’on vit sur le terrain.
Travailler, c’est une nécessité. Mon père est décédé et ma mère est seule. Il lui est difficile de m’aider et je ne lui en veux pas. Par contre, l’État belge m’a refusé une bourse, alors que je suis orpheline. Je me suis aussi inscrite au chômage. Je me disais qu’en ayant travaillé, j’aurais peut-être le droit à une aide. Mais on me l’a refusée car je suis étudiante.
L’été dernier, j’ai pu négocier mon salaire avec le patron. Depuis, j’ai un petit peu plus de responsabilités. Je peux aller en cuisine, à la caisse, au service, et je peux dire à mes collègues : « Est-ce que tu peux faire ça s’il te plait ? »
4 000 euros, une mine d’or
Je faisais cinquante-cinq heures/semaine au mois d’août. Cette année, je lui ai dit quarante-cinq heures pour juillet/août, parce que c’est un travail qui demande beaucoup d’efforts physique et mental. L’année dernière, j’ai fait une sorte de burn-out. Je me suis mise à pleurer en coupant des salades, sans raison explicable, comme si mon corps parlait à ma place. J’ai quand même continué jusqu’au 31 août, où j’ai reçu mon salaire qui avoisinait les 4 000 euros. Une mine d’or quand on est étudiante.
Tremplin vers l’emploi, support financier, mais aussi cause de surmenage, les jobs étudiants sont nécessaires mais éprouvants. Le Monde Campus alerte sur ces dangers.
« Au-delà de douze heures par semaine, danger » : les paradoxes du travail étudiant https://t.co/KoZUFKMRYT via @lemondefr pic.twitter.com/yBLkm6Fiy1
— Culture Prioritaire (@Culturepriori) September 29, 2019
Heureusement, c’est un travail d’équipe avec une très bonne ambiance. Les gens sont jeunes et on ne m’a jamais pris la tête. C’est aussi pour ça que je reviens. Je peux aussi voir mes amies quand je suis en repos. Comme la plupart d’entre nous bossons avec des horaires décalés, on arrive à se voir entre nos pauses. Entre 15 heures et 18 h 30, on a le temps d’aller à l’océan avant de retourner travailler.
Travailler l’été, je trouve ça normal. Tous mes amis travaillent depuis que j’ai 16 ans. Mon petit frère pareil. Tout le monde a un job d’été. Du coup, je relativise, je me dis qu’on est tous dans le même bateau.
Olivia, 21 ans, étudiante, Capbreton
Crédit photo © Merieme Mesfioui (@durga.maya)