Assiatou K. 11/10/2024

Quitter le City pour suivre ses amies

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Les City stades sont des terrains de jeux et de sociabilité. Enfant, Assiatou passait ses étés à jouer dans celui de Nanterre.

Le City stade de Nanterre, c’est le City de mon enfance. Quand j’y repense, plein de souvenirs remontent à la surface : l’odeur du béton et de la sueur, le cri des enfants, le bruit du ballon de basket, le contact du ballon de football et du crampon… C’est l’endroit où j’ai passé le plus de temps en été.

J’ai commencé à y aller à 9 ans. Je m’éclatais autant avec les filles qu’avec les garçons. À cet âge, je me souciais moins du genre. Je voulais juste gagner. Je me souviens d’un vendredi où j’ai joué au football avec un groupe de jeunes garçons. Ils m’ont bien accueillie. Après que j’ai marqué un but, certains m’ont checkée. Un autre jour, j’ai rencontré un basketteur pro qui m’a enseigné des techniques de dribble. J’en étais toute excitée.

À partir de 11 ans, les filles se sont faites rares. Mes copines ne voulaient plus y aller. Plus je jouais avec les garçons, plus je me blessais. Je rentrais avec des égratignures aux coudes et aux genoux, ou des bleus aux tibias. Je me les faisais quand ils tiraient aux buts et que j’étais gardienne. Parce que j’aimais jouer au City stade, je me demandais : « Est-ce que je suis un “garçon manqué” ? » J’en arrivais à me dire que les City et le sport en général étaient pour les garçons.

Trouver sa place d’adolescente

À 12 ans, mon attachement aux activités sportives m’a isolée des autres filles qui refusaient de jouer au ballon. Ou alors elles me tenaient à l’écart des discussions sur la féminité. Pourtant, ça m’intéressait. Pour elles, je ne pouvais pas aimer les deux. Comme je me sentais écartée de mon groupe de copines, je suis de moins en moins allée au City. Peu à peu, j’ai perdu le goût de jouer là-bas. À la place, je me suis inscrite dans l’équipe féminine de basket de mon collège.

Cette séparation d’avec les garçons et le City m’a rassurée. Je me disais que je trouverais peut-être ma place en tant qu’adolescente. Que je serais mieux traitée, mieux acceptée, et non plus discriminée. D’un autre côté, je me sentais un peu étrangère face à la mentalité d’une grande partie des filles de mon âge. Elles comparaient leurs physiques, leurs attitudes… Je préférais la vraie compétitivité que j’avais connue sur le terrain !

Retour au City

L’été de mes 16 ans, je suis sortie faire une balade en vélo avec mon frère de 9 ans et ma sœur de 11 ans. Nous sommes passés devant le fameux City. Plein d’enfants jouaient. Leurs parents étaient assis sur des blocs de pierre. Mon petit frère voulait absolument y aller. Ma petite sœur et moi étions très réticentes. Comme il nous suppliait et qu’il était prêt à bouder, nous nous y sommes arrêtés. Cet épisode a marqué mon retour au City stade de Nanterre.

Aujourd’hui, j’ai 18 ans. Je continue à y aller avec mon frère et ma sœur pour m’amuser et passer du bon temps. Quand je garde des petits, j’y vais même pour jouer au foot avec eux. Je les regarde jouer : les filles font plutôt de la corde à sauter à côté, il n’y a pas vraiment de mixité. J’ai l’impression qu’il y en a moins que quand j’étais petite. Ou alors ce sont mes souvenirs d’enfant qui sont erronés car j’étais concentrée sur mon envie de jouer ?

Assiatou, 18 ans, étudiante, Nanterre

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

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