Moha Z. 18/05/2022

3/5 Avec nos looks, on dirait des gangs

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Au lycée, Moha a remarqué qu’il existait des « clans » selon les styles vestimentaires. Chaque groupe a ses propres codes, pour marquer son identité.

Avant, je ne faisais pas trop attention à la manière dont je m’habillais. Survêts et maillots des clubs de foot Manchester, Bayern et Juventus, et voilà, je partais au collège comme ça. Mais, depuis que j’ai changé de style de musique, j’ai aussi changé ma façon de m’habiller. Avec mes collègues, on a découvert la drill, un genre de rap plus violent inventé par les Anglais. Mon driller préféré c’est Menace Santana, ou sinon #TPL BM. Parfois, ils reprennent Mozart avec des instrus qu’ils réinventent. C’est top.

Avec cette musique, j’ai aussi découvert la mode UK : des ensembles Nike, avec bonnets, cagoules, masques et gants noirs. On met des Nike aux pieds et une grosse doudoune. C’est de la bonne qualité, c’est mon style, je m’habille comme mes stars. Tous les gens avec qui je traine s’habillent comme ça.

Les skateurs, les bikers…

Mais au lycée, il y a plein de looks, c’est comme des gangs, et alors personne ne se mélange. Comme par exemple les skateurs, avec leurs jeans cargos, les Vans aux pieds, des pulls ou sweats super larges, et souvent des lunettes d’enfant pour cacher leurs yeux, ou juste pour faire rire. Il y en a beaucoup, ils sont dehors sur les bancs. Ils viennent avec leur skate, parfois ils en font devant le lycée, et même dans la cour.

Les gothiques, eux, restent dans les couloirs. Vous en verrez toujours au moins trois ou quatre dans les grands couloirs. Ils sont partout. Ils sont en filière générale, en littéraire souvent. Ils s’habillent tout en rose ou tout en noir, avec des bottes qui montent tarpin haut, ils portent des colliers avec des pics comme dans les films. Garçons ou filles, ils se font des gros traits d’eyeliners et portent des manteaux en cuir. Tant que c’est noir, ça passe.

Les « pro LGBT » sont de plus en plus nombreux. Leur style : grosses bottes et gros talons car ils sont dans l’extrême. Gars et filles se teignent les cheveux en bleu, rose ou blanc, et mettent du vernis noir.

Et puis il y a les bikers. Je les appelle comme ça mais en vrai c’est pas vraiment des bikers. Ils ont toujours les casques et gants aux mains et une grosse veste avec une marque de moto, genre Yamaha. Et un bas d’une équipe de foot comme le PSG.

Jamais en gothique

Les meufs de terminale s’habillent tarpin bien : elles assortissent les couleurs, elles ont les cheveux tirés et le maquillage précis, tout est super bien pensé. Je les soupçonne de ne pas dormir la nuit !

Il y a aussi ceux qui s’habillent en tenue pro, jean et mocassins, et une petite veste. Ils sont super élégants parce qu’ils sont en gestion-administration, commerce. Ça fait classe. Sur la plateforme, ils ont des vêtements de protection avec le gilet jaune et chaussures de sécurité.

Série 4/5  – En portant des crop tops, Camille a réussi à faire son coming-out auprès des élèves de son lycée. Des vêtements qu’iel laisse au placard une fois rentré·e à la maison.

Capture d'écran de l'illustration du texte « Mon coming-out grâce à mon crop-top » Dans le fond de l'image, des cartes bleues représentent différents styles vestimentaires : gothique, skateur, streetwear... A droite de l'image, un garçon de profil et un garçon de face se croisent. L'un porte un sweat, l'autre un t-shirt avec un collier.

Mais mes préférés, ce sont les « Lacoste TN ». On les surnomme comme ça parce qu’ils mettent des ensembles Lacoste ou Tacchini, des Nike TN. Ce sont les habits de la street, les habits des quartiers, de la ZUP Nord et ZUP Sud, ou de La Paillade à Montpellier.

C’est comme si on appartenait à un clan. Moi, je ne juge personne mais il y a des styles que je trouve relou. Pour le moment, j’adore mon style. Je travaille un peu pour m’acheter de la sape, ma mère et mes sœurs m’achètent aussi des vêtements. Mais une chose est sûre : vous ne me verrez jamais en gothique.

Moha, 16 ans, lycéen, Alès

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

L’adolescence en sons et en images

Pour traverser l’adolescence ou se replonger dedans, voici une courte série de recommandations de choses à voir, lire ou écouter :

 

• PODCAST – Entre de Louie Media

Dans ce podcast en trois saisons, de jeunes ados racontent cette période qu’elles et ils traversent, entre l’enfance et l’âge adulte. L’école, l’amitié, la puberté, les parents, l’amour… tous les pans de leurs vies sont passés au crible. La dernière saison interroge dix jeunes garçons d’horizons différents pour tenter de répondre à la question : « C’est quoi être un garçon en 2022 ? »

 

• FILM – Tomboy de Céline Sciamma

Laure est une jeune fille de 10 ans, perçue comme un « garçon manqué ». Arrivée dans une nouvelle école, elle décide de se présenter comme un garçon à une élève et essaie de garder tant bien que mal son secret pour que son identité ne soit pas révélée. Un long-métrage sensible sur la construction du genre à l’adolescence et sur la transidentité.

 

• BD – Les cahiers d’Esther de Riad Sattouf

En sept tomes, Riad Sattouf retrace le quotidien du personnage d’Esther, une jeune fille drôle et pleine de vie, de ses 10 à ses 16 ans. En attendant de les lire, les deux premiers albums ont également été adaptés en vidéos animées et sont disponibles gratuitement sur la chaîne Youtube Les cahiers d’Esther.

 

• DOCUMENTAIRE – Adolescentes de Sébastien Lifshitz

Pendant cinq ans, le réalisateur a suivi deux amies, aux milieux sociaux et aux trajectoires différentes, sur leur chemin vers la vie d’adulte. On découvre ce qu’elles sont devenues à 18 ans, à l’échelle de leur vie et de leur relation. Et on se replonge dans les moments forts qui ont traversé le pays depuis 2015.

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