Guillaume J. 08/01/2024

5/5 Transpirer entre potes

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Une vie protéinée, baskets aux pieds. Guillaume a testé, comme tous ses potes et son lycée. Et puis il a laissé tomber : ça ne lui ressemblait pas.

Mon réveil sonne à 6 heures. Il n’y a qu’une seule chose qui puisse me tirer du lit : aller à la salle de musculation ! Je prends un petit-déjeuner que je n’aime pas, mais mes potes et les vidéos que je regarde sur YouTube ne se posent pas la question. Ce qu’il faut plutôt se demander c’est : « Est-ce que c’est assez calorique pour prendre de la masse rapidement ? » Moi, je mange de l’avoine, du skyr, une banane et du beurre de cacahuète. Souvent, j’ajoute à cela une à deux tranches de pain complet avec un œuf. J’avale ça rapidement avant de me préparer, puis de prendre mon bus pour être à la salle vers 7 heures. Je fais ma séance jusqu’à 9 heures et demie, puis je vais au lycée. 

C’était la routine du mardi, le seul jour où je commençais les cours à 10 heures. Sinon, j’y allais en fin de journée avec mes potes. À vrai dire, à la base, je n’étais pas très motivé pour mettre les pieds dans une salle de musculation. Pour moi, c’était un peu ringard, je préférais laisser ça aux Américains et continuer de vaquer à mes occupations. J’ai commencé à y aller parce que certains de mes potes s’étaient inscrits. 

Au début, c’était vraiment cool d’y aller ! À 18 heures, on se retrouvait devant le lycée impatients et motivés. On faisait de bonnes séances, on s’entraidait et on rigolait bien. Le soir, on s’envoyait des programmes pour la séance du lendemain que l’on trouvait sur les réseaux sociaux. Nous étions à fond ! 

La ville entière à la salle

Nous étions de plus en plus nombreux à y aller. Peu de mes potes passaient à travers les mailles du filet. Parfois, c’était tellement cool d’être entre potes que la durée des séances était divisée par deux et on finissait par se faire un restaurant. C’étaient mes moments préférés ! Au fur et à mesure, ce climat s’est dégradé. Certains ont complètement arrêté. Pour d’autres, à l’inverse, l’envie de se mettre à fond reprenait le dessus. Moi, je m’amusais bien et ça me permettait de faire descendre la pression du lycée : c’était l’année de mon bac. 

Seulement, se goinfrer de protéines en poudre, manger des trucs insipides et dormir absolument huit heures par nuit… ce n’était pas du tout mon kiff. Et puis de voir tout le monde se balader avec son petit sac Basic-Fit, son petit shaker protéiné et ses petites baskets de sport ; d’entendre tout le monde, au lycée ou sur les réseaux, parler de musculation, de vivre sainement et de développement personnel ; et de croiser la ville entière à la salle de fitness… au bout d’un moment, j’ai saturé ! 

Quand j’ai commencé la musculation, je m’en foutais pas mal de mon corps. J’y allais pour passer de bons moments avec mes potes. Moi aussi, j’ai eu ma période où j’ai commencé à « prendre du muscle ». Mon envie d’être musclé était alors à son paroxysme. Tout tournait autour ça ! Je ne prenais finalement plus de temps pour mes potes, et vice versa. Nous étions de moins en moins ensemble à la salle, ou on mettait nos écouteurs et on faisait des exercices différents. Le groupe s’était dissout.

Stop au « leg day »

Je me suis rendu compte que l’ambiance à la salle de sport, ce n’était pas mon truc. S’admirer et se prendre en photo devant des miroirs pour montrer sa « transformation physique » sur les réseaux. Demander à son pote quel est son « taux de body fat » et son « nouveau pré-workout ». Dire aux gens que tu ne peux pas sortir parce qu’aujourd’hui, c’est le « leg day ». Ce n’est pas la dose monstre de nourriture que j’ingurgitais par jour qui pouvait me coller un mal d’estomac, mais plutôt l’idée d’utiliser ces mots-là.

SÉRIE 1/5 – L’objectif d’Hugo : « se renforcer ». Entre les séances intenses et les repas copieux, il garde toujours un œil sur la balance. Non, il ne sera plus ce garçon fragile et vulnérable.

Capture d'écran de l'article 1 (Prendre de la masse, gagner en confiance) de la série musculation, illustré graphiquement. Dans une salle de sport, un jeune homme blanc est assis près des tapis d'échauffement. Il plie le bras et se touche le biceps. Il est à coté des rangements pour les poids et les altères. De l'autre coté de la salle est installé un banc de développé couché. Le jeune est seul dans la salle.

J’avais l’impression de crier sur les toits que je faisais de la musculation, d’être snob. Alors, j’ai repris le skate, la musique, je me suis replongé dans les cours… Je fais un peu de course à pied et je préfère cette ambiance. J’en fais pour le plaisir exclusivement, et je ne m’empêche pas d’aller boire un coup ou de manger un bon truc après. Je me suis remis à faire des trucs que j’aime vraiment et que j’estime plus cool. 

Guillaume, 18 ans, volontaire en service civique, Paris

Illustration © Léa Ciesco (@oscael_)

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