Katzura K. 07/04/2022

4/5 Ma vie notée entre 0 et 20

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Katzura a la sensation que sa vie se résume à des notes. Sous pression, elle étouffe d'être évaluée en permanence.

Aujourd’hui, j’ai eu 17,5/20 en histoire et géographie, 18/20 en mathématiques, 14/20 en français, 10/20 en SVT, 14/20 en physique-chimie, 20/20 en grec, 19/20 en anglais et 16/20 en espagnol. Chaque jour ressemble à peu près à ça : les notes, les notes, les notes.

J’ai l’impression que les notes font la réussite, ou que la vie se résume à ça. Si tu as des mauvaises notes, tu n’auras pas forcément un « bon travail », tu ne réussiras pas dans la vie et ça peut engendrer de la pression, du stress scolaire. À chaque note, la moyenne baisse ou monte. Moi, quand je la vois baisser, je suis déçue car je sais que mes parents ne seront pas contents. J’ai des bonnes notes pour l’instant au collège, mais au lycée je sais que ça sera différent. Mes notes vont chuter.

Évaluée même en dehors du collège

Il y a aussi l’attente des parents. J’ai des « bonnes notes » mais mes parents ne sont pas satisfaits, ils pensent toujours que je peux mieux faire. C’est peut-être dû à mon origine chinoise aussi, ils sont très stricts. Pour eux, les notes dictent ton avenir, ton métier et ta réussite. Ils ne s’intéressent pas au contenu de mes copies, ils regardent juste les notes que j’ai.

J’ai aussi des activités en dehors du collège, des cours de chinois, de guitare et de piano. Ce n’est pas toujours par plaisir que je les fais. J’ai l’impression de toujours devoir travailler. Et même lors de mes activités, je me sens évaluée. Par exemple, en chinois, il y a deux contrôles au cours de l’année et ça détermine ton niveau : si tu as plus de 60/100 sur les deux contrôles, tu passes au niveau supérieur. Là aussi les notes font ton niveau alors qu’il faut juste mémoriser. Lors de mes cours de piano, la professeure me regarde faire et c’est stressant car on me juge. On nous note en permanence, n’importe où.

Comme si la réussite, c’était les notes

En plus, à cause des activités, je n’ai pas forcément le temps de pouvoir réviser ou faire mes devoirs. Du coup, mes notes scolaires baissent et mes parents m’engueulent. Comme je suis en troisième, en plus de la pression des parents, il y a celle des professeurs : réussir à avoir le brevet est encore une fois une question de notes. En plus de cela, on note aussi l’oral, qui est un désavantage pour moi car je ne suis pas très à l’aise, donc j’ai des mauvaises notes.

Série 5/5 – Stressée au lycée, Lucie fait les crises d’angoisse. Elle trouve refuge dans la lecture, qui lui permet de s’évader.

Capture d'écran du cinquième épisode de la série, écrit par Lucie G. : "J'échappe à l'école par la lecture".

Le fait de toujours être jugée entre 0 et 20 me stresse énormément, comme si la réussite c’était ça : si tu as moins de 5, tu n’es même pas sûre d’avoir un travail que tu aimes et si tu as plus de 15, tu peux te permettre d’avoir un travail qui te plaît et je trouve ça mal fait. Je ne sais pas comment « améliorer » ça. Mais, plutôt que des notes, peut-être des appréciations sur les élèves ?

Je ne pense pas être la seule à être stressée par les notes. Peut-être que je suis aussi naturellement stressée pour tout et n’importe quoi. J’espère que le système changera, avec des appréciations ou autres qui ne nécessitent pas que la mémorisation, mais les capacités des gens.

Katzura, 14 ans, collégienne, Paris

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

Pression à l’école : du stress au burn-out

17,1 % des élèves se déclarent très stressé·e·s en sixième, et 49,6 % en terminale. Selon l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques), plusieurs facteurs jouent un rôle important dans l’épanouissement des jeunes à l’école. Parmi eux, le soutien de leurs parents et de leurs enseignant·e·s et l’état de leurs relations avec leurs camarades.

Pour les chercheurs·euses, le stress scolaire s’exprime « chez des élèves s’étant fixés des buts inatteignables » ou dont l’entourage a fixé des attentes trop élevées. La pression scolaire peut donc venir des profs, des parents, de soi-même, ou d’un peu de tout ça. Lorsqu’un·e élève est stressé·e à ce point, la performance devient la priorité et passe avant son propre bien-être. Comme les travailleurs·euses, les élèves peuvent souffrir de burn-out.

Les filles et les garçons ne sont pas égales ou égaux face à la pression scolaire. Quelle que soit la classe, les premières sont plus souvent stressées que les seconds, et leur niveau de stress est plus élevé. Plus incitées à exprimer leurs émotions, la moitié des élèves filles sont très stressées en troisième, première et terminale.

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1 réaction

  1. j’ai trouvé que c’était bien

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