Léo M. 28/06/2023

2/2 Handballeur pro, c’est mon plan B

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Tout le monde compte sur Léo pour devenir handballeur pro. Sauf que lui n’est pas sûr de vouloir en faire son métier.

Je suis inscrit en pôle espoir et je joue en « moins 18 France » avec le MHB, le Montpellier Handball. À ce stade, certains pensent que je peux devenir professionnel et croient en moi. Mais moi, je n’en suis pas encore sûr.

Déjà, il faut savoir que je n’ai pas choisi de faire du hand. Plus petit, je voulais faire du foot, comme tous les garçons de mon âge. Ma mère n’aimait pas l’esprit de ce sport, alors elle en a décidé autrement. Elle m’a inscrit au hand dans le club de mon village, et j’y suis allé à contrecœur. Si j’ai continué, c’est juste parce que j’y avais des potes. Au fur et à mesure, j’ai commencé à aimer ce sport et à avoir un bon niveau. Je suis parti au MHB car il n’y avait plus d’équipe dans mon village. J’avais 13 ans et je voulais jouer à un meilleur niveau.

Au bout de trois séances, je me suis fait repérer. Un entraîneur m’a proposé de rejoindre l’équipe « intensive ». C’était la meilleure de tout Montpellier pour mon âge ! J’étais content, j’allais avoir plus d’entraînements. En quatrième, on m’a proposé la MHB Academy. C’est une équipe qui regroupe les meilleurs joueurs. J’ai ensuite intégré le pôle espoir en seconde.

Le rêve des autres

Le chemin est donc tout tracé. Dans un an, si tout se passe bien, j’entrerai en centre de formation et, qui sait, je deviendrai pro. Je vois mes camarades sportifs : ils sont tous à fond, ils vivent pour ça. Alors que moi, je ne vois pas forcément les choses comme ça. Pour moi, le hand est comme un plan B.

En même temps, faire une activité physique sans être enfermé dans un bureau, ça me tente. Ce serait l’option agréable. Mais, pour l’instant, ce n’est pas forcément mon rêve et je me questionne. Handballeur, c’est vraiment mon avenir ? Il y a quand même beaucoup de contraintes. Si je ne suis pas dans un grand club, le salaire ne sera pas très élevé. C’est beaucoup de sacrifices pour une carrière qui ne dure pas longtemps. Puis, c’est dur comme métier : faire du sport tous les jours, les matchs, les voyages…

Je préfère faire des études

À un moment, ma mère a commencé à me mettre un peu la pression, mais ce n’est plus le cas. Mes proches savent que c’est moi qui décide de mon avenir. Pour le moment, je préfèrerais faire des études pour aller vers un métier qui me plaît. J’aimerais gagner beaucoup d’argent, donc ça pourrait être dans le commerce, devenir trader… Je n’ai pas forcément envie de « gâcher » une partie de ma vie, ma jeunesse, à faire du hand, pour au final ne jamais être pro.

C’est un grand investissement en temps et en argent, beaucoup de sacrifices… Les autres jeunes sortent, font des soirées, ont un emploi du temps pas très chargé. Nous, on ne peut pas faire tout ça. On doit respecter un cadre de vie très exigeant. Je sors, mais pas très souvent. Ça me manque de ne pas pouvoir rejoindre les potes après les cours, de ne pas avoir de temps libre. Je suis pressé par un emploi du emploi du temps surchargé : se lever tôt, avoir cours toute la journée, les entraînements jusqu’à tard le soir…

Voir jusqu’où je peux aller

Il y a donc des périodes où je n’ai pas envie, où je suis fatigué et les entraînements m’épuisent. Pour l’instant, je préfère continuer le hand, pour voir jusqu’où je peux aller. Je me suis trop investi pour arrêter maintenant. Certains peuvent dire que je prends la place de quelqu’un qui rêve d’être pro, mais je trouve que ça n’a pas de rapport. Si je laisse ma place à quelqu’un de moins bon juste parce que c’est son rêve, ça ne sert à rien. Et puis, mon club peut m’aider dans mon parcours professionnel. Je continue, car ça peut m’ouvrir des portes avec des partenaires du club…

On verra bien ce qui va se passer par la suite. Ça ne me fait pas peur. Je n’en ai parlé à personne, car je trouve que ça pourrait changer leur vision de moi. Dans ce système, les personnes avec le plus d’envie sont bien vues et un peu surcotées, alors que les personnes moins à fond sont mal vues, même si leur niveau est meilleur. Je ne trouve pas ça juste.

Mon rêve à moi, c’est d’être heureux et de profiter de la vie. D’avoir de l’argent pour être libre de faire ce que je veux, ne manquer de rien et vivre paisiblement. Et si j’ai ça sans le sport, ça m’ira très bien. Je continuerais à jouer au hand, mais plus dans la même optique. En vérité, la gloire, être connu, ça ne m’intéresse pas.

Léo, 15 ans, lycéen, Montpellier

Crédit photo Unsplash // CC Marino Bobetic

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