Soukaina S. 08/10/2021

2/2 Tout le monde est à Trappes

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« Radicalisée », « islamisée », « violente » et « dangereuse ». En janvier 2021, un enseignant du lycée La Plaine à Trappes faisait le tour des plateaux télé pour parler de la ville. Des lycéennes trappistes en dressent un tout autre portrait, celui d’une ville festive et multiculturelle.

À chaque fois que je suis au quartier à Trappes, je passe d’étage en étage et je parle, rigole, discute, ramène à manger à tout le monde. Des plats de plein de pays différents et tout est super bon ! Sénégal, Mali, Algérie, Maroc, Cap-Vert, Portugal. On partage avec tout le monde et c’est super bien.

Trappes est une ville très cosmopolite. Il y a énormément de diversité : tu peux y trouver toutes les origines, religions et cultures. Je traîne un peu partout à Trappes mais surtout à Léo Lagrange (là où j’habite), la Commune de Paris, Henri Wallon et les Merisiers.

Wallon, on appelle ça le « quartier des grand-mères » parce que toutes nos grand-mères habitent là-bas.

Le centre commercial des Merisiers, c’est le centre de Trappes

C’est super grand, et là-bas aussi tout le monde s’entend trop bien. C’est grâce à nos grand-parents qui nous ont tout appris. Ma grand-mère m’a toujours dit de laisser chacun faire ce qu’il veut, ses propres choix ou choisir son style. Elle m’a dit qu’il ne fallait jamais juger car c’est ce qui peut nous apporter des problèmes. Il faut sourire, dire bonjour à tout le monde, même si c’est quelqu’un qu’on n’apprécie pas vraiment. Tous ces conseils m’ont vraiment servi. La preuve : aujourd’hui, je m’entends avec tout le monde et j’en suis très contente.

Le New York Times a traité la polémique trappiste de février dernier avec justesse et recul. Un grand questionnement sur la République et ses valeurs qu’on retrouve dans chaque interaction de ce très bon récit au cœur de cette ville de l’ouest parisien.

Les Merisiers, mon endroit préféré, c’est le point de rendez-vous de tout le monde, le centre de Trappes que tous les Trappistes connaissent. C’est un petit centre commercial où il y a un carrefour, un coiffeur, un bazar, un tabac, un « fruit et légumes », une boucherie, une boulangerie. C’est super bien pour faire des petite courses vite fait et il y a une super ambiance. Et enfin, mon quartier, Léo Lagrange, c’est le « quartiers des petits » car il y a beaucoup d’enfants. C’est aussi super grand : il y a beaucoup de bâtiments, et c’est la même ambiance que Wallon ou la Commune.

Nos grands ont des grands aussi

Dans notre ville, tout le monde vit ensemble depuis tout petit, tous les grands de la ville et nos parents sont de très bons conseils. Dans chaque quartier, il y a des garçons que nous appelons les grands. Ils ont souvent la vingtaine. Ça peut même être des vieux car nos grands ont des grands aussi. Ceux-là, ils parlent à tous les plus petits qu’eux et donnent de bons conseils à tout le monde. Ils nous ont appris à jouer et à respecter tout le monde, quelle que soit sa couleur de peau, son origine ou sa religion. Du coup, à Trappes, il n’y a pas de discriminations.

Moi, je suis musulmane et on entend beaucoup de mauvais dans les médias concernant l’islam… Mais, à Trappes, tu peux trouver des mosquées, des églises, une synagogue, tout le monde peut y pratiquer sa religion sans problème, autant qu’il veut. Chacun est libre de penser et de croire ce qu’il veut, sans se faire insulter. Dans la rue, on voit des femmes voilées comme des bonnes sœurs. On les respecte tout autant que les autres. Il y a aussi des personnes qui ne croient en aucun Dieu, qui n’ont pas de religion, qui vivent pour eux mais ne sont pas insultées. Tout le monde est libre.

Enfin, dans ma ville, je n’ai jamais fait face à des discriminations. Si, un jour, je suis témoin de n’importe quelle injustice, je serai là pour défendre ou il y aura toujours quelqu’un pour défendre. Trappes, je m’y sens super bien. C’est une chance d’habiter dans cette ville, de vivre avec toutes cette diversité, ces origines, ces religions. Ça m’apporte et ça m’apprend beaucoup. Venez vivre à Trappes !

 

Soukaina, 15 ans, lycéenne, Trappes

Crédit photo Unsplash // CC Ernest Brillo

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