ZEP 02/01/2021

2020 en 20 témoignages

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2020, l'occasion pour notre équipe de faire le bilan de cette actualité chargée qui nous a obnubilés, des mobilisations citoyennes à nos chambres confinées.

2020, l’année des lumières. Lumière sur un virus, sur les inégalités sociales, le quotidien confiné des français.es. Lumière sur les mots « pandémie » et « confinement » mais aussi les surcharges hospitalières, la vie sans culture et sans restauration. Les vies de celles et ceux qui ne font plus que travailler ou espèrent trouver un emploi. Avant la Covid, Pauline avait un plan de carrière, mis à l’arrêt. Lena, éducatrice, a gardé le sien mais n’a pas pu accompagner ses jeunes convenablement. Comme Lucas, soignant en Ehpad, qui a lutté pour préserver du virus les personnes âgées.

2020, l’année des études avortées ou entravées. Celles de Sonia dont la rentrée a été annulée à cause des réformes et du Covid. Celle de Nassaire, un étudiant étranger qui s’est retrouvé sans papiers malgré lui. Une année d’isolement et de frustration pour Thomas et Lucie qui nous racontent dans le dernier podcast de la ZEP leur solitude et leurs craintes pour l’avenir. Quant aux lycées ouverts depuis la rentrée, le protocole sanitaire fut compliqué à mettre en place. Chloé l’a bien senti  dans le sien : les mesures barrières, pour elle, c’est du blabla.

Des violences policières au féminisme, des jeunes mobilisés

Une année d’incertitudes scolaire et professionnelle et d’impossibles sociabilités. Antonio a complètement décroché du lycée à la fin du premier confinement, faute d’ordinateur et de connexion, livré à lui-même. Et pendant l’été, Hanane a dû renoncer à ses vacances, à son retour aux racines en Algérie dont les frontières étaient fermées.

Des jeunesses empêchées dont nous continuons de porter les voix au quotidien.

Empêchées, mais pas désabusées. Être jeune en 2020 a été un fardeau, des sacrifices mais aussi une période foisonnante en termes de lutte pour l’égalité et la justice. Dans le sillage de Black Lives Matter, la France s’est levée contre les violences policières. Un devoir pour Yasmine qui a manifesté pour la première fois avec le comité Adama le 2 juin. L’occasion pour beaucoup de relayer les violences subies. Malik et Jérémy dans leur quartier, Popline lorsqu’elle a voulu manifester contre le projet de loi « sécurité globale ».

2020, l’année des luttes contre les violences policières, de l’antiracisme, mais aussi du féminisme. Pas l’année de leur apparition mais celle de leur mise en évidence. Le combat de jeunes femmes comme Louanne qui défendent leur droit à s’habiller comme elles le veulent : #TenueRépublicaine oblige. La boite à règles mise en place dans le lycée de Philoé et Clémentine. La colère collée sur les murs de la ville par Camille pour lutter contres les violences faites aux femmes. Un engagement foncièrement politique qui a précédé la crise sanitaire lors des municipales, à la veille de notre premier confinement. L’occasion pour Brandy d’être candidat à la mairie de sa ville, en étant jeune et noir.

De la santé mentale à celle du pays

Ces luttes et ces entraves, cette connexion permanente aux réseaux et à l’actualité a attaqué jeunes et moins jeunes et ils en parlent de plus en plus. Parce que la Covid a mis un coup à notre santé physique mais aussi mentale. Emma a été confinée avec sa mère et sa dépression. Ninon fait le bilan déprimant de tout ces interdits qui régulent le quotidien. Sofiane et Ablaye aimeraient pouvoir exprimer leur mal-être mais, quand on est noir, culturellement ça passe mal. Et leurs souhaits de médecins racisés a fait débat durant l’été.

2020, c’est aussi l’attentat contre Samuel Paty et ses répercussions. L’Éducation Nationale n’avait pas appris à Laure, professeure des écoles, à expliquer un attentat, et Clara y voit le signe d’une nécessaire adaptation des programmes aux réalités de ses collégiens.

Au-delà de cette barbarie monte aussi une résurgence des questionnements identitaires, une défense des « valeurs de la République » mais aussi des critiques contre une islamophobie de moins en moins latente. Au point que Rania, musulmane et voilée, questionne aujourd’hui son avenir en France de crainte que la République ne lui laisse aucune chance.

Une France, encore trop souvent invisibilisée

Un exercice du pouvoir déjà questionné avant la pandémie avec la réforme des retraites mais dont la crise sanitaire et économique a permis de mettre en lumière d’autres laissés pour compte : des premiers de corvées, des citoyen.nes à quelques euros près dont nous nous sommes faits les porte-paroles dans notre premier livre : Vies majuscules, autoportrait de la France des périphéries, sorti en librairie le 1er octobre. 160 récits de vie qui mettent au premier plan cette France encore trop souvent invisibilisée.

Car, derrière ces récits et ces noms, ces 1 000 jeunes et moins jeunes que nous avons accompagné.e.s dans l’écriture tout au long de l’année, c’est l’état de la France que nous questionnons. Cette mosaïque de témoignages, ces luttes et ces inégalités, nous comptons bien continuer à vous les partager. Pour faire bouger les lignes, pour agrémenter cette actualité tumultueuse qui ne s’arrêtera pas en 2021 et que vos voix continueront d’éclairer.

 

Elliot Clarke et toute l’équipe de la ZEP

Crédit photo © Yasmine Mady

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