Modi F. 18/08/2019

J’aimais le Mali sauf pour l’école et le travail

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Mon pays, je l'aime ! Mais je rêvais d'aller à l'école, d'avoir un travail qui me plaît. Et ça, c'est en France que j'espère le trouver.

Je suis Malien et fier de l’être. J’aime plus que tout mon pays. Le seul problème c’est que ça manque de travail. Même si t’as fait beaucoup d’études y en a pas. Même dans les grandes villes. Dans les villages, y en a pas du tout. Sauf le travail familial.

On peut voir des enfants de 7 ans qui marchent dans la rue au lieu d’être à l’école. Moi c’était pareil : je travaillais. J’y suis jamais allé, sauf un peu d’école coranique, 5 ou 6 ans, on m’apprenait le Coran. Mais ça ne donne pas un travail ça ! Je travaillais en famille pendant la saison des pluies. On cultivait pour manger. Mes parents préféraient ça, ils avaient besoin de moi. J’aurais préféré aller à l’école parce que travailler, c’est bien, mais si ça t’apprend rien, ça va être difficile plus tard.

J’aimerais que l’État donne du travail et de l’éducation aux jeunes et crée des entreprises et des hôpitaux. Même à Bamako ! C’est la capitale, y a beaucoup d’écoles privées mais si t’as pas les moyens, tu peux pas y aller. C’est pour ça que je travaillais ! On avait pas les moyens… La majorité des gens se débrouillent en travaillant pour des gens qui ont les moyens de payer. Mais seulement quand ils appellent, c’est pas du travail quotidien. Quand Madiba Keita était président, on m’a dit qu’il donnait du travail. Même l’éducation c’était bien en ce temps ! Mais maintenant, ça ne va pas.

Mon Mali, tu me manques beaucoup. Mais la vie ça se passe pas comme ça… C’est un pays qui a beaucoup de belles femmes. Jolies et très joyeuses. En France, je connais pas trop les femmes… Mais elles sont belles hein ! J’en ai pas trop rencontré, je suis timide. Maintenant, celles que j’ai rencontré au Mali, elles sont mariées. C’est fini !

Bienvenue dans mon pays sans racisme !

Et comment c’est beau ce pays ! Y a mes parents, la bonne ambiance. Les gens, ils sont trop joyeux et accueillants. Ils écoutent. Ils prennent le temps si t’es perdu ou si t’as besoin d’aide. Les gens s’aident beaucoup entre voisins aussi. Si t’as besoin d’un travail, tu peux demander à tes enfants d’aller donner un coup de main. C’est gratuit hein ! Juste pour aider. Bienvenue dans mon pays sans racisme ! Le mot « racisme », je ne l’ai connu qu’en arrivant en France… Ici, tout le monde me pose la question : « D’où tu viens ? » C’est pas facile à vivre.

Partout en France, on te demande si t’as une carte d’identité. Ça te représente pour ton pays. J’aime la France aussi bien sûr ! Parce que, ce qui ne va pas au Mali, ça va bien ici ! Depuis que je suis ici, j’ai appris à parler à l’école, à écrire, à lire le français. J’ai fait un cours avant d’entrer au collège, pendant deux mois. Puis je suis rentré en troisième. C’est bien d’aller à l’école. Pour moi-même. Ce que tu apprends là-bas, c’est toi qui le prends ! T’y vas pas pour quelqu’un. J’aime bien aussi parce que ça va m’apprendre un travail. Mais je pense pas qu’à moi ! J’ai eu la chance de venir ici, alors que là-bas, y en a qui meurent, qui ont pas de soins ou des accidents. Je pense à ma mère, à mes deux frères qui ont besoin de moi parce que c’est pas facile là-bas. J’aime bien vivre en France mais les autres au Mali, j’aimerais qu’ils vivent bien aussi.

 

Modi, 19 ans, en formation, Paris

Crédit photo Wikimedia // CC Vincent van Zeijst

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