Mohaa S. 06/03/2018

Je ne me sens pas en sécurité à cause de la police

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Une journée tranquille pour moi à Aulnay. Sauf qu'après un match de foot, posé devant une tour, les flics débarquent et nous prennent pour cible, moi et ses potes. Direction le poste, sans raison.

C’était le jour d’Halloween, en 2016. J’étais avec trois potes, on venait de finir un match de foot et vu que tout le monde se dispersait on s’est dit qu’on allait « graille » ! Dès qu’on a fini de manger, on est revenus se poser devant la tour où ça vend de la drogue, mais on faisait rien de mal, on discutait de foot.

La police est arrivée et donc le guetteur a crié « Ouais ça passe ! » pour prévenir le bicraveur. Les keufs on fait le tour de la tour et se sont arrêtés devant nous.

Ils ont ouverts la porte de leur voiture et il y a un keuf qui nous a fixés. Il a dit à ses collègues : « C’est eux ». On n’a pas pu entendre ce que ses collègues lui ont répondu et d’un coup, ils sont tous descendus et ils nous ont plaqués contre la barrière sur laquelle on était assis. Ils nous ont enfilé les menottes. Ensuite, ils ont appelé du renfort et nous ont embarqués dans leur véhicule. Moi, j’étais avec un de mes potes dans la Berlingo et l’autre était dans la Mégane.

Mon père m’a dit : “Plus personne n’est en sécurité”

À l’intérieur, ils nous ont demandé ce qu’on faisait devant la tour. On leur a expliqué et ils nous ont traités de menteurs. Ils nous ont insultés de tous les noms. Genre « petits cons », « trous de balle », etc.

Au début, ils nous provoquaient juste. Puis c’est parti en couille : patates, coups de coudes, coups de genoux. Je sais pas si c’était pour nous prévenir de ne plus rester devant la tour, en tout cas, ils avaient la haine.

Arrivés au commissariat, ils nous ont séparés. Ils ont attaché mes menottes au radiateur et ils se sont moqués de moi en disant des choses racistes (« Regardez, le nègre il a l’air fatigué »). Je les ai ignorés. Je suis resté au commissariat trois heures.

Ensuite, mon père est venu me chercher. Il leur a demandé ce que j’avais fait. Ils ont menti en disant que nous les avions caillassés et insultés.

Driss aussi s’est fait arrêter. Bien qu’il avait fait une connerie, la police sont allés loin dans leur violence, il nous raconte.

Sur le chemin du retour, il y a eu un grand silence. Au bout d’un moment, mon père m’a demandé si ce que lui avaient dit les policiers était vrai. Je lui ai expliqué qu’on avait rien fait, qu’on parlait. D’habitude, il croit les adultes. Il m’engueule vraiment. Là, il m’a dit : « Fais attention à ce que tu fais, où tu traînes. Aujourd’hui, plus personne n’est en sécurité. Tout se résout par la violence. T’es un noir, t’es forcément un vendeur de drogue. »

Il savait que la police avait raconté n’importe quoi. J’avais jamais fait un truc comme ça, pourquoi j’aurais commencé alors que j’avais que 13 ans ?

 

Mohaa, 15 ans, lycéen, Aulnay-sous-Bois

Crédit photo AdobeStock // © Studiostok

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1 réaction

  1. On voit bien que ces cons-là n”ont jamais fait pousser une rangée de courgettes de leur vie je les attends pour venir désherber, avec leurs innocentes et blanches menottes, et bénévolement bien sûr (car ce sont de belles âmes n”est-ce pas?) tous les rangs de nos vergers

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