Mohamed O. 13/10/2021

2/2 Le rap de Booba me rappelle mon pays, le Sénégal

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La beauté du Sénégal que Booba met en avant dans ses clips ont dressé des ponts entre la culture de Mohamed et la France.

Écouter Booba me rappelle le pays. Notamment « DKR ». Dans le clip, il va aussi sur l’île de Gorée, une île à côté de Dakar. Elle représente l’histoire de l’esclavage en Afrique. En gros, dans la chanson, il dit qu’à cause des occidentaux, l’Afrique est pauvre, parce qu’ils ont pris toutes les richesses de notre cher continent. Je suis d’accord avec lui.

J’ai découvert Booba en 2014, avec son morceau « Mové Lang ». Ça a été une révélation parce que ça m’a permis de découvrir le rap français. Ça m’a vraiment plu alors j’ai fait des recherches sur Google, j’ai tapé « Booba », j’ai trouvé qu’il s’appelait Élie Yaffa. Son nom m’a fait tilter direct, je me suis dit : « Lui, c’est un Sénégalais ! » Quand on voit sa tête, on se dit pas qu’il est sénégalais, mais j’ai trouvé d’autres sons dans lesquels il dit qu’il l’est. Il est vraiment fier de ses origines !

En mars 2021, Le Monde a consacré un article aux rappeurs sénégalais, parties prenantes du mouvement de contestation qui traversait le Sénégal. Aux côtés de la population, mobilisée pour réclamer plus de libertés et une véritable démocratie, leur voix s’est élevée. Des manifestations violemment réprimées ont eu lieu dans tout le pays, faisant au moins treize morts.

Dans le clip « DKR », Booba montre les rues de Dakar, les plages magnifiques, et aussi des lutteurs. Au Sénégal, la lutte c’est une culture. Ils sont populaires comme les footballeurs et passent à télé. On voit aussi les panneaux de publicité, les marchands ambulants, les vieilles qui vendent du poisson grillé à la plage. Il y a aussi des tiebou dieune (riz au poisson), ça avait l’air bon.

Ça m’a rappelé quand j’en mangeais à Dakar. J’en retrouve ici aussi, vers Château Rouge. Il y a des bons restaurants sénégalais, mais je préfère quand c’est ma tante qui le fait. Ça me rend fier parce que Dakar, c’est ma ville de naissance aussi. J’y ai grandi, à Grand Yoff, une petite ville collée à Dakar. En plus, le meilleur rappeur du Sénégal, Dip Doundou Guiss, il habite là ! Je suis fier d’être Sénégalais.

« Tous les vendeurs de crack sont Sénégalais »

J’ai d’autres modèles comme les footballeurs Idy Gana Gueye et Sadio Mané, la star de l’équipe du Sénégal. Il joue à Liverpool. Un autre artiste sénégalais qui m’inspire est Youssou N’Dour, parce qu’il a rempli Bercy. Mais, contrairement à Booba, c’est pas un Soninké (groupe ethnique présent en Afrique de l’Ouest). Ce sont des modèles parce qu’ils sont célèbres, ils gagnent de l’argent et passent à la télé. Pour moi, c’est ça la réussite. À l’époque, j’allais même acheter des vêtements Ünkut, la marque de Booba, j’aimais bien son style.

À la télé, certains donnent une mauvaise image du Sénégal. Par exemple, Eric Zemmour avait dit : « Tous les vendeurs de crack sont Sénégalais. » Je trouve ça vraiment insultant, c’est raciste de généraliser. Je me suis dit : « Ah ouais je savais même pas ce que c’était le crack moi. » Pourtant, il y a plein de gens qui ont des choses positives à dire sur le Sénégal. Par exemple, la youtubeuse Crazy Sally, avec sa vidéo « La vérité sur le Sénégal ».

Booba : la nostalgie du pays

Le Sénégal me manque. Heureusement que j’y retourne pour les vacances. C’est comme si je n’étais jamais parti, je retrouve ce que j’ai laissé là-bas : la famille, les plages, l’ambiance. Dans la rue, c’est pas comme ici. En France, chacun est chez soi alors qu’au Sénégal, les gens boivent du thé dehors ensemble, sous les arbres, quand il fait bien chaud, au calme.

J’aimerais construire ma vie en France, parce que mon père l’a décidé et qu’il y a plus d’opportunités ici. Je voudrais aussi retourner au Sénégal… vivre entre les deux pays, parce que c’est là-bas qu’il y a ma famille et que je m’y sens mieux.

 

Mohamed, 18 ans, en formation, Montreuil

Crédit photo Youtube – Clip vidéo / © Booba – DKR

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