Donatien L. 04/09/2022

Je rêve d’une chambre à moi

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Chez lui, Donatien dort dans le salon. Il en a ras-le-bol et aimerait bien avoir un espace rien qu’à lui.

J’ai commencé à dormir dans le salon quand on a déménagé. Auparavant, on avait un appartement et je dormais avec mon frère dans une chambre. Dans ma famille, nous sommes cinq : j’ai deux frères (de 27 et 22 ans) et deux sœurs (de 11 et 8 ans). Bref, je suis celui du milieu, ni grand ni petit.

Ma mère et mon frère voulaient avoir un jardin, et on s’est installés dans une maison avec trois chambres. Mes frères en ont une chacun, et mes sœurs dorment avec ma mère. Quand on a emménagé, mes frères voulaient rester chacun seul, et moi je voulais les laisser avoir une intimité, car ce sont mes grands frères. Je me suis mis à me coucher dans le salon. C’était le seul endroit où je pouvais dormir.

Mon lit est constamment dans le salon. C’est un lit une place. Juste à côté, il y a une table à manger, une armoire avec des affaires, des photos des grands-pères, deux canapés et une télé. Mes affaires, mes vêtements, ma console sont dans une armoire dans la chambre de mon frère aîné, ou bien dans le garage. Le matin, je dois aller chercher mes affaires dans sa chambre, et faire très attention à ne pas faire de bruit pour ne pas le réveiller.

Je m’endors et me réveille avec le bruit de la télé

Toute la journée, il y a des gens qui viennent s’allonger sur mon lit pour regarder la télé, dormir, parler avec ma mère, et moi, je dois les faire partir quand je veux dormir ou me poser. Des fois, mes sœurs ne veulent pas se lever et on se dispute.

Le soir, ma mère envoie tout le monde au lit pour que je puisse me coucher car je suis le premier à roupiller. Mais ça ne marche pas toujours. Ce n’est pas grave. Je me suis habitué, et, à force, je m’endors alors qu’il y a encore des gens dans le salon en train de parler ou de regarder la télé. Le matin, je me réveille à nouveau avec le bruit de la télé, ou de mes frères et sœurs qui entrent alors que je suis encore au lit. Personne ne frappe à la porte, ils rentrent comme si c’était juste le salon, et pas aussi ma chambre.

Privé de sommeil, je n’arrive pas à suivre en classe

Pendant les deux mois où ma mère est partie au bled, il y a eu mon beau-père à la maison. Il roupillait dans le salon avec moi. Ça faisait beaucoup de bruit. Il travaille très tôt et, comme il est sourd, il a un portable spécial avec une sonnerie très forte qui fait mal aux oreilles. Donc tous les matins, j’étais réveillé à 6 heures. À force, c’est devenu une habitude : il n’est plus là mais je continue de me réveiller à 6 heures. Et du coup, j’ai envie de pioncer en cours, tous les jours. Toute la journée, j’ai les paupières lourdes, je lutte contre le sommeil. Je n’arrive pas à suivre en classe.

Martine, sa mère et son oncle ont habité dans la même pièce. Perchée sur son lit, elle a vécu au milieu du bruit et sans intimité, mais dans sa bulle.

Miniature de l'article "La mezzanine du salon, mon espace à moi".

Je voudrais que tout cela change car je n’ai pas d’intimité. Je ne peux jamais être seul, sans bruit et au calme. Jamais ! J’aimerais bien avoir un espace à moi avec une porte que je puisse fermer. Quand j’ai besoin de parler aux filles, au téléphone, je ne peux pas. Du coup, je téléphone dans le couloir ou bien je me contente d’envoyer des messages. Si j’avais une chambre à moi, je dormirais sur mes deux lauriers, je ferais la grasse matinée le week-end, et j’appellerais mes copines.

Mon frère aîné va bientôt avoir un studio et partir de la maison. J’espérais récupérer sa chambre mais ma mère m’a informé que mes sœurs s’installeront dans celle-ci. Pour que je puisse avoir mon espace seul, j’irai vivre avec mon frère. J’ai hâte ! J’ai l’impression d’être un prisonnier bientôt libéré !

Donatien, 15 ans, lycéen, Marseille

Crédit photo Unsplash // CC Dipqi Ghozali

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