Lycéen écolo, comment en faire plus ?

« C’est pas mon problème » ; « J’y peux rien si c’est fait comme ça », et même : « Alors comme ça c’est de ma faute la déforestation, et puis quoi encore ? ». Quel choc quand des amis ou de la famille pas très proche me lâchent ça, même avec une connaissance des risques écologiques. J’ai été sensibilisé à l’écologie petit et, pour moi, c’était une norme dans l’esprit de tout le monde.

Mes parents m’ont toujours parlé de leur mode de consommation. Ils m’expliquaient pourquoi certains produits étaient à privilégier, et d’autres à boycotter, comme l’huile de palme dans le Nutella, issue de la déforestation [ce n’est désormais plus le cas, ndlr]. Mais aussi le principe des labels, l’origine des produits, le fait de privilégier le local, le bio… Certaines choses qu’on fait chez nous me semblaient normales, comme récupérer l’eau de pluie pour arroser en été, organiser un potager, favoriser l’eau du robinet plutôt qu’en bouteille…

Mes parents ont sûrement été sensibilisés comme moi. Ils ont conscience des problèmes écologiques, surtout mon père. Il continue à prendre le temps de partager ses connaissances du monde en catastrophe dès qu’une conversation s’y prête ! Je me renseigne aussi par moi-même : grâce à des vidéos et des articles de National Geographic, Zapping Sauvage, RMC Découverte, des reportages sur France tv… Et moi aussi, je leur apprends des choses. C’est un échange d’informations passionnant qu’on entretient.

Ils ont toujours des excuses

Quand j’ai commencé à prendre conscience du monde et que mes amis me racontaient leur mode de consommation, j’étais fier d’être devenu comme je suis. Mais je déprimais déjà : mes actions ne servaient à rien. Même s’ils reconnaissaient que j’avais les bons gestes, rien ne changeait chez eux. En primaire, ils me disaient ne pas recycler ou trier le verre. Tous ces gestes me paraissaient tellement basiques que je ne pouvais pas imaginer qu’on puisse vivre de façon différente. J’étais naïf. En seconde, même ma prof de français disait ne pas fermer le robinet en se brossant les dents.

Partout dans le monde, les jeunesses se mobilisent face aux désastres écologiques. Portraits de cinq jeunes activistes écologistes à connaître, par Brut :

Plus je rencontrais de nouvelles personnes, plus j’étais choqué par leur consommation. Quand je parle de l’origine de l’huile de palme à mes amis et mes camarades, ou de l’empreinte écologique des exportations de tomates d’Espagne… j’ai toujours droit à une excuse. « Oui mais c’est moins cher, tu vois ? », « 34 centimes de différence, je vais pas passer à côté » . Ça, je pourrais comprendre à la limite, vu le budget plus restreint de chacun. Mais quand d’autres me sortent des « Bah, c’est meilleur ! », « Non, mais je pourrais pas m’en passer », je me dis que c’est limite impossible de les convaincre de changer. J’essaie pourtant de donner le maximum d’arguments.

J’invite par exemple les personnes avec qui je mange à la cantine à terminer leurs assiettes afin d’éviter le gaspillage alimentaire (on m’a toujours dit : « Tu manges ce que tu veux mais tu manges ce que tu prends »). La plupart me demandent juste de m’occuper de moi-même…

Heureusement, certains adaptent à leur façon, comme mon meilleur ami, qui a construit un poulailler !

On commence par des petits changements au lycée

Je tente malgré tout d’avoir le meilleur impact écologique possible. Je suis engagé depuis le lycée pour essayer de faire de mon mieux. Au CVL (conseil des délégués pour la vie lycéenne), au lieu de roses hors saison produites hors de la France pour la Saint-Valentin, on a proposé des tulipes de saison produites localement, et les élèves ont vraiment apprécié. Ça serait dommage de ne pas profiter des producteurs locaux qui peuvent proposer des belles choses qui sortent des cadres traditionnels.

Malgré son statut d’étudiante, Marguerite fait tout ce qu’elle peut pour limiter son impact écologique. Mais elle doute que ses « petits gestes » fassent vraiment la différence.

Pour moi, les engagements ne passent pas que par les grandes actions. Par exemple, pour proposer un meilleur tri des déchets à la cantine, des fois je me mets devant les poubelles pour indiquer aux élèves où mettre quoi. Et ils comprennent. Encore plus simple : si je vois des déchets jetés par terre dans la nature, je les récupère (avec précaution quand même) et les jette à la poubelle. Et encore plus banal : quand je promène parfois mon chien en ville et qu’il défèque plusieurs fois, j’essaie de tout ramasser en un seul sac.

Cela dit, je me sens pas mal limité par ma condition actuelle de jeune lycéen. J’aimerais pouvoir en faire plus, comme acheter plus de produits en vrac. Mais je suis toujours sous l’influence de mes parents : il y a des restrictions financières, et de proximité. Les magasins en vrac sont trop loin, car j’habite dans un bled paumé. Et ma voix n’a pas encore le pouvoir de changer les gens et leurs habitudes. J’aimerais donner envie aux autres de faire des efforts… être plus convaincant qu’un simple lycéen.

Max-Elie, 16 ans, lycéen, Adainville

Crédit photo Unsplash // CC Markus Spiske