Aboubacar D. 26/11/2021

Mon écran, entre addiction et culture G

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Aboubacar essaie de tourner son addiction aux écrans en un passe-temps enrichissant. Il regarde des vidéos pour nourrir sa culture générale.

Un jour, j’entends mon père qui toque à la porte. Il tient dans ses mains un gros cadeau pour moi : un ordinateur. J’avais 4 ans. Il ne savait pas qu’il venait de me donner un objet qui allait causer ma perte. J’ai développé une addiction aux écrans.

Je passais toutes mes journées devant l’ordinateur. Presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. J’en avais même besoin pour m’endormir. Bref, je ne m’arrêtais jamais. La seule chose que ça m’a apporté, c’est de devenir super fort dans tous les jeux vidéo…

Mais, à côté de ces performances, il y a eu beaucoup d’inconvénients, et j’en paie encore le prix aujourd’hui. J’ai commencé à avoir de plus en plus de difficultés en cours. Je n’apprenais plus rien à l’école car mon cerveau ne pouvait plus enregistrer de connaissances. Je suis devenu nul. J’ai donc commencé à décevoir ma famille. Seule ma mère m’encourageait encore et me répétait : « Tu peux y arriver, tu peux réussir ! » Mais moi, j’avais juste envie de décrocher et de m’enfermer dans ma bulle. C’était trop dur d’abandonner mon addiction, et je n’avais plus du tout confiance en moi.

J’ai tapé sur Google : « Comment devenir intelligent ? »

Un jour, j’ai décidé de me reprendre en main. Quitte à passer autant de temps devant un écran, pourquoi je n’utiliserais pas cet outil pour me cultiver ? Au début, j’ai commencé à chercher des réponses toutes bêtes sur Google. J’ai tapé, par exemple : « Comment devenir intelligent ? » Évidemment, ça ne donnait pas grand chose. Donc j’ai fait d’autres recherches, jusqu’à tomber sur des chaînes Youtube de culture générale. Là, j’ai écouté, écouté, sans m’arrêter.

À 10 ans, j’ai appris plein de choses sur les matières, le corps humain, le dessin… Je me suis aussi pris de passion pour le beatbox, une pratique qui consiste à reproduire des rythmes de musique uniquement avec sa bouche.

Sur son serveur Amino, Erik, alias Riko, s’est créé son petit monde et sa communauté avec qui le partager. Une vraie vie virtuelle.

Capture d'écran d'un article de la ZEP, photo d'un jeune homme sur fond orange recouvert de codage.

Malgré tout ça, je voyais bien qu’il me manquait toujours du savoir, des « gros morceaux » de connaissance. C’est très difficile d’apprendre des choses seul, surtout quand on expérimente des difficultés à l’école comme moi. Car, à côté de ça, je suis dyslexique. C’est donc compliqué de suivre les cours, surtout quand il faut écrire.

Le web pour surmonter mes difficultés à l’école

Ce que j’ai tout de même gagné, c’est un paquet de connaissances et la capacité à retenir ce qu’on m’explique. Aujourd’hui, j’ai découvert mes points forts. J’essaie d’étudier au max les mathématiques, la mécanique et la science, pour devenir ingénieur. J’aimerais m’occuper du fonctionnement intérieur des machines et travailler dans la robotique.

Je continue à faire toujours autant d’ordinateur, mais j’essaie d’éviter les réseaux sociaux. Notre génération passe beaucoup trop de temps devant les écrans, mais je pense qu’on peut tourner cette addiction en positif. Par exemple, j’ai découvert en cours le journal d’Arte junior, et aujourd’hui je le regarde chez moi. Si on est accompagné dans notre découverte du web, on peut vraiment y trouver des contenus qui nous aident à surmonter nos difficultés à l’école.

Aboubacar, 14 ans, collégien, Marseille

Crédit photo Unsplash // CC Mo

 

Les ados et les écrans

Les écrans ne sont pas toujours le problème

Les jeux vidéo sont accusés de créer de la dépendance et de l’isolement. Selon l’Académie de médecine, l’écran n’est souvent pas la cause, mais la conséquence de ces dérives : les ados accros se réfugient dans le numérique pour compenser des problèmes (scolaires, mentaux, familiaux…) déjà existants.

Les écrans peuvent être bénéfiques 

La majorité des ados font bon usage de leur smartphone, n’en ont pas une utilisation excessive, et retirent des bénéfices, notamment en termes de performance intellectuelle et de socialisation.

Les réseaux sociaux sont à double tranchant

Les réseaux peuvent être bénéfiques (échapper à la solitude, s’informer…). Ce sont aussi les plateformes les plus addictives. Les algorithmes sont pensés pour créer une peur de louper une info. Le but : créer un manque et te faire revenir sur la plateforme.

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