Vetcho B. 03/09/2022

Dur de « dater » quand on est étranger

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Au quotidien, Vetcho croise peu de filles. Construire une vie amoureuse quand on est un jeune homme étranger, il trouve cela difficile.

Je suis arrivé en France il y a sept mois, de Guinée. Depuis que je suis là, je suis seul : les filles sont absentes de mon environnement. Je ne sais pas où, ni comment en rencontrer. Je ne suis que rarement en contact avec elles.

Dans mon quotidien, on est toujours entre garçons. À l’hôtel : que des garçons. Les sorties : que des garçons. Je trouve qu’il n’y a pas d’ambiance. Ce serait mieux si c’était mélangé. Avec des filles, l’ambiance serait meilleure.

Au centre de France terre d’asile, on est souvent entre garçons aussi. Le seul endroit où je rencontre des filles, c’est dans la rue. Et bon, la rue pour draguer, c’est difficile. Quand j’y aborde des filles, elles me recalent. D’autres me disent qu’elles sont en couple. Je comprends, elles ne me connaissent pas, donc forcément elles vont dire non à un inconnu. Alors que quand tu côtoies des filles au quotidien, tu peux apprendre à les connaître, c’est plus facile de créer des liens.

Je me sens seul

Au pays, en Guinée, j’avais des copines. J’avais du succès avec les filles. En Guinée, à l’école ou même dans le quartier, tout le monde se parle, tout le monde est ensemble. Il y a une bonne ambiance, c’est plus facile de parler aux filles.

Mais ici à Paris c’est le contraire. Je me sens seul. J’aimerais être en couple pour me sentir bien, partager mon affection, mon amour. Je parle souvent avec des filles sur les réseaux sociaux mais elles sont du pays, et je ne veux pas d’une relation longue distance.

Samedi dernier, j’ai abordé une fille française d’origine sénégalaise. Au cours de notre conversation, elle a constaté que j’avais un accent particulier. Elle m’a clairement dit qu’elle n’était pas intéressée par les « blédards ». Elle se dit sûrement que je n’ai pas de papiers, que je n’ai pas de situation. C’est son avis, mais moi je ne trouve pas ça juste. L’amour, ce n’est pas une affaire de papiers. Moi, je veux construire ma situation tout seul, pas en me mariant.

Je suis un « blédard »

Le mot « blédard » m’a beaucoup choqué venant d’une fille de parents immigrés. Je ne trouve pas ça sympa. Elle devrait être plus tolérante, elle-même ayant des immigrés dans sa famille. Ça m’aurait posé moins de problème de la part d’un Blanc. J’avais envie de lui dire : « Ah, tes parents aussi c’est des blédards. » Mais bon, j’ai juste dit « pas de souci », et je suis parti.

Ce sont des enfants mais ont déjà des destins d’adultes. Quittant leur continent, leur pays, leur famille, elles et ils sont en France des mineur·es non accompagné·es. Dans notre série, quatre d’entre elles et eux racontent leur parcours.

Miniature de la miniature de la série "Mineur·es isolé·es : sauver sa peau à 15 ans". Pour l'illustrer, des dessins représentent les silhouettes des jeunes hommes et femmes qui ont écrit dans la série.

Je pense que ce sera plus facile quand j’aurai des papiers. Je pourrais alors être à l’école, en formation et rencontrer de nouvelles personnes. L’environnement, ça compte beaucoup. Je veux aller en CAP, et là, ça sera plus facile. Je serai en classe avec des filles et des garçons, je pourrai créer des liens.

Vetcho, 17 ans, en formation, Paris

Crédit photo Pexels // CC cottonbro

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