Kenza K. 23/07/2022

Quand je serai grande, je serai médecin légiste

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Pour réaliser son rêve, Kenza doit passer du CAP aux études de médecine. Elle veut tout faire pour y arriver.

Plus tard, je voudrais devenir médecin légiste, car j’aime tout ce qui est en rapport avec les crimes et les sciences. J’ai cette ambition depuis que je suis petite. Dès l’âge de 10 ans, je regardais plein de séries et films de crimes en cachette. Malgré mon jeune âge, je n’avais pas peur, j’étais plutôt fascinée. Je regardais aussi des enquêtes, et j’étais fan des séries avec Hercule Poirot, Columbo, et les fictions d’Agatha Christie.

Je sais que le métier de médecin légiste, c’est très compliqué, c’est pas comme ce qu’on voit à la TV. Par exemple, ils prennent souvent des acteurs très jeunes, alors que concrètement on ne commence pas à travailler avant ses 30 ans dans ce métier. Ils tournent souvent les choses de façon légère, alors que c’est un métier très dur.

Mais, pour moi, ma vocation était toute trouvée. Quand je l’ai annoncée à ma mère, elle m’a immédiatement soutenue. Elle sait que je peux poursuivre loin dans mes études et je pense que j’ai toutes les capacités pour arriver jusqu’à ce métier. Je travaille bien en cours, j’ai toujours su bien me débrouiller dans les matières scientifiques au collège.

Mon rêve écœure les autres

Aussi, j’ai une très bonne mémoire visuelle. Je me rappelle de tout ce que je vois en détails. Quand je dois apprendre un cours, j’ai toute ma leçon dans ma tête. J’ai toujours eu ça depuis que je suis petite. J’ai aussi des défauts qui pourraient me mettre des bâtons dans les roues : je suis tout le temps dynamique. Quand je travaille, j’arrive à me gérer mais ça n’a pas toujours été le cas. Quand j’étais en troisième, je me suis disputée avec une élève. J’ai d’abord pris sur moi, puis j’ai craqué et je l’ai frappée, et j’ai été exclue trois jours. Donc, oui, j’ai des problèmes pour me contrôler.

Quand j’annonce aux autres ce que je veux faire plus tard, ils sont souvent dégoûtés, écœurés. Les gens trouvent que, médecin légiste, c’est un métier bizarre. On me conseille plutôt de partir dans la mode ou dans la vente, parce qu’on me dit que ce sont des métiers de filles. Ma prof de français me l’avait bien fait comprendre devant toute la classe. Je m’étais sentie humiliée.

En CAP, pas par choix

J’avoue que j’ai des doutes sur mon projet. Il faut faire énormément d’études et, pour le moment, je ne suis qu’en CAP Employé technique de laboratoire. Je me suis retrouvée ici à cause de ma prof principale de troisième. C’était une année catastrophique. J’avais demandé à changer de classe parce que je ne me sentais pas bien, et on me l’a refusé. J’ai énormément chuté au niveau de mes notes. J’avais des problèmes familiaux qui me préoccupaient beaucoup.

Sur mes vœux, je n’avais écrit que des demandes pour des lycées en filière générale et ma conseillère d’orientation m’avait dit que j’avais les capacités. Mais ma professeure principale n’était pas d’accord. J’ai été très étonnée qu’elle me refuse ce choix, je ne comprenais pas. Elle m’a dit que je n’avais pas les moyens d’aller en générale et que je n’allais jamais réussir dans ma vie… C’est elle qui a choisi mon CAP. Elle me rabaissait à chaque fois que je parlais d’études avec elle. À la fin de l’année, je ne croyais plus en rien.

Comment payer les études ?

Devenir médecin, j’ai énormément de chemin pour y parvenir. Il faut faire dix ans d’études après un bac spécialité scientifique. Ça sera très compliqué pour moi, car je suis en filière professionnelle. Mais, j’ai mon plan : je compte finir mon CAP, ensuite faire un bac pro, puis faire un BTS scientifique et rattacher la fac de médecine grâce aux passerelles.

Kaouthar a arrêté l’école en troisième. Depuis, elle a réussi à surmonter son décrochage scolaire en trouvant sa voie : la médecine.

Une femme monte des escaliers blancs en souriant.

La question que je me pose maintenant, c’est comment payer ces dix ans d’études ? Comment, pendant dix ans, je vais survivre au quotidien, payer les loyers ? Je me dis que, peut-être, je vais vivre chez ma mère jusqu’à mes 30 ans… Je n’ai jamais manqué de rien, mais on vit dans un monde qui fait peur. Donc, oui, je me pose la question de comment survivre financièrement.

Je ne veux pas faire ce métier pour l’argent. Quand on fait des longues études, on ne les fait pas forcément pour le salaire. Par exemple, aujourd’hui, un influenceur peut gagner autant qu’un avocat ou un médecin… Mais, même si c’est mon rêve, je ne suis pas sereine.

Kenza, 14 ans, lycéenne, Marseille

Crédit photo Pexels // CC Pavel Danilyuk

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