Béné M. 22/11/2023

Harcèlement scolaire : taper fort pour que l’injustice s’arrête

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Le gouvernement a présenté fin septembre un plan de lutte contre le harcèlement scolaire, ce fléau qui touche un élève sur cinq en France. Le meilleur ami de Béné en a été victime. Face à l'inaction du personnel encadrant, Béné a décidé de prendre les choses en main.

Il lâchait toute sa haine sur lui. Sur Yanis. Mon ami. C’était sur Snap que ça se passait. Tous les jours des insultes. Son harceleur se défoulait et mon ami le vivait très mal. Il voulait arrêter de venir en cours et changer de collège car il en avait marre de tout ça. Et puis, il manquait les preuves. Sur Snap, le harceleur avait coché l’option « supprimer les messages une fois vus ».

C’était le crime parfait. Dès qu’il lui envoyait un message, une fois que Yanis le voyait, le message disparaissait immédiatement. Impossible pour lui de le dénoncer à la principale car il n’avait rien à montrer. Et même le jour où il en a eu une, l’école n’a rien fait.

Je vous explique. Un jour, Yanis a tout anticipé et il a réussi à prendre une capture d’écran du message, ça permettait de l’identifier. Il est parti le montrer à un surveillant pendant la permanence. Le harceleur était dans la salle. Au lieu de défendre mon ami, le surveillant a éclaté de rire et il a dit au harceleur :

« T’es sérieux toi, tu harcèles des p’tits ?

Mais nan… tu connais, c’est un p’tit con lui, a répondu le harceleur.

 Fais ce que tu veux hein, moi j’men fous. Je gère pas ça », a balancé le surveillant.

Yanis est retourné à sa place en criant : « Vous servez à rien. À chaque fois que je rentre chez moi, j’ai envie de me suicider. » Et le harceleur a répondu : « J’men fous, suicide-toi. »

Là, j’ai compris que ça allait trop loin et qu’il fallait que j’agisse car personne ne ferait rien. 

Harceleur harcelé

Lorsque Yanis m’a tout expliqué en détail, je suis allé voir le harceleur pour comprendre pourquoi il agissait comme ça. 

« Ton Yanis, c’est un faible. C’est pour ça que je l’ai pris pour cible. » 

Il m’a expliqué sa méthode. Comment il créait tout un tas de faux comptes sur Snap avec des fausses informations pour jamais se faire griller. J’ai demandé gentiment qu’il arrête, mais il n’a pas écouté. Alors je l’ai harcelé à mon tour de messages haineux, tous les jours. Je le tapais. Et j’ai continué comme ça jusqu’à ce qu’il arrête et qu’il s’excuse auprès de Yanis. Je voulais qu’il comprenne que s’il continuait, ça pouvait aller très loin de mon côté, et il a fini par comprendre. Mon ami n’a plus été harcelé. 

Ma réaction a finalement été plus efficace que les sanctions de l’école comme les exclusions. Ces trucs-là ne servent à rien car, souvent, le harceleur et le harcelé vivent dans la même ville. Ça peut très bien continuer dehors, ou le harceleur peut demander à ses potes de continuer le harcèlement pendant qu’il est exclu. 

Benoit a passé ses années de collège à subir les moqueries et les violences des autres. Alors, un jour, il a décidé de se venger.

Capture d'écran de l'article "La vengeance du gros", illustré par une photo où l'on voit un homme musclé face à un miroir. Il porte des lunettes de soleil et est torse nu. En arrière-plan, la pièce où il se trouve, très sobre.

En ce moment au collège, on nous fait faire des tests sur le harcèlement. L’idée c’est de savoir si on a déjà été harcelé. On a des questions où il faut dire si ça nous est arrivé. On nous parle de vidéos qui tournent sur internet. Des gens qui sont filmés sans qu’ils le sachent et après c’est posté sur les réseaux.

Je ne crois pas que ça serve à grand-chose. C’est comme quand on nous dit qu’il faut prévenir le proviseur en cas de harcèlement. Yanis, il avait peur que si son harceleur soit encore plus énervé et lui fasse encore plus de mal après, s’il était convoqué. Il n’avait pas non plus envie d’avoir une réputation de « balance » ou de « poucave » dans le collège. La meilleure solution, c’est de régler ça par ses propres moyens. 

Béné, 15 ans, collégien, Bobigny

Crédit photo Unsplash // CC Taylor Flowe

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