Cassandre T. 27/08/2022

Les hommes me font peur

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Harcèlement et agressions sexuelles, remarques déplacées… À 16 ans, Cassandre est exaspérée par le comportement des hommes qu'elle croise.

Ce regard qui te montre que tu leur plais, ce sourire en coin qui dit qu’ils ne veulent pas juste être amis, les DM remplis d’inconnus qui veulent apprendre à te connaître… et te voir. J’ai peur que les hommes me fassent du mal, qu’ils me suivent. J’ai peur de ne pas pouvoir me défendre si on m’agresse. J’ai peur qu’il m’arrive quelque chose, en partie à cause de tous ces témoignages de femmes et filles qui ont vécu des trucs affreux.

Maintenant, c’est pire

J’ai peur des hommes depuis toute petite. Depuis ce jour où ce garçon m’a emmenée derrière le centre de loisirs pour m’embrasser sans me demander. J’étais figée, je ne savais pas quoi faire. Il m’emmenait dans des salles interdites et continuait à m’embrasser : « Ne le dis pas à tes parents. » J’avais 8 ans, et lui à peu près 11. Après qu’il soit parti, je me suis effondrée en pleurant… Il s’est fait renvoyer. Ce n’est peut-être rien pour vous, mais depuis moi j’ai peur.

C’est comme ça que j’ai compris qu’il fallait que je me méfie des hommes, et en particulier de ceux qui sont plus âgés.

Plus je grandissais, plus je subissais ce genre de comportement. Mais, depuis que j’ai 16 ans, c’est pire. J’ai souvent des garçons inconnus dans mes DM Insta qui veulent faire connaissance et me voir : « Ça te dirait qu’on se capte un jour ? » ; « Mdr à ton avis pk un mec te parlerait ? », etc.

Dans le parc de ma petite ville, en même pas une heure, je peux compter une dizaine de regards déplacés. Ou encore des hommes de 40 piges qui m’accostent dans la rue pour me poser des questions bizarres, pour « parler deux minutes » ou m’insulter. Ou des mecs dans les bars qui ont 30 ans, qui me taquinent et me disent : « Ça fait plusieurs fois qu’on se croise mais je ne connais toujours pas ton nom. »

Ne te mesure pas à moi

Maintenant, je me méfie beaucoup d’eux, je les évite. Quand ils sont derrière moi, je marche plus vite. J’ai tendance à les regarder droit dans les yeux quand ils ne m’inspirent pas confiance, comme pour leur dire : « Ne te mesure pas à moi » ou : « Tu me touches, je te tue. » Je ne sais pas comment je réagirais si on tentait de me faire du mal. Mais ça me rassure de me montrer forte devant eux, même s’ils n’ont rien fait.

Sur internet, dans les bars, les hommes disent souvent de ne pas t’habiller comme une « pute », alors que tu t’habilles normalement. Si mettre un short en été quand il fait 30 degrés c’est être une pute, il faut changer de croyance ! Ils pensent aussi qu’on s’habille pour eux, mais moi je m’habille pour moi, pas pour attirer les regards. Je ne vais pas changer pour eux et je ne vais pas me soumettre.

Réflexe de défense

J’ai l’habitude de plus traîner avec des meufs. Quand je deviens amie avec un garçon que je trouve gentil, je finis par apprendre qu’il est gay. Ça ne veut pas tout dire, mais certains hommes hétéros ont un comportement déplacé comparé à eux. Eux ne sont pas menaçants. À chaque fois, je me dis qu’il faut que je fasse « confiance » aux hommes, parce que je ne veux pas les mettre tous dans le même sac… Mais j’essaie juste de trouver ceux qui ne sont pas comme ça.

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Miniature de l'article : "Leurs hommes m'ont fait douter de l'amour".

Aujourd’hui, j’essaie d’être moins dure avec eux. Je sais que ce ne sont pas tous des connards, ils ne veulent pas tous avoir des relations. Quand ils me parlent, je continue à être gentille, à leur parler, à ne pas faire de différence tant qu’ils n’ont pas dit quelque chose de déplacé. Mais j’aurai toujours un peu ce réflexe de défense.

Cassandre, 16 ans, lycéenne, Rennes

Crédit photo Pexels // CC cottonbro

 

« NOT ALL MEN »

#NotAllMen est un hashtag qui revient souvent sur les réseaux, et un argument très utilisé pour contrer les combats féministes. Le propos, c’est de dire que tous les hommes ne sont pas des agresseurs ou des violeurs.

FLASHBACK

En 2014, un attentat sexiste fait six mort·es à Isla Vista (Californie). Après le drame, de nombreuses femmes utilisent #YesAllWomen sur les réseaux pour témoigner de violences misogynes : toutes les femmes peuvent en être victimes. En réaction, des hommes lancent #NotAllMen.

POURQUOI IL FAUT BANNIR #NOTALLMEN

→ Parce que cet argument détourne l’attention: on s’intéresse à l’homme qui se sent stigmatisé plutôt qu’à la victime elle-même.

→ Parce que 97 % des délits et crimes sexuels sont commis par des hommes. Tous les hommes ne sont pas auteurs de violences sexuelles, mais presque toutes sont commises par des hommes.

→ Parce que si autant d’agresseurs sont des hommes, c’est qu’il y a un problème systémique. Pas la peine de le prendre perso ou de se vexer : le problème est global, et c’est pour ça qu’il faut trouver des solutions. 

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