Sarah F. 15/10/2022

Je parle cinq langues (pour l’instant)

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Née au Congo, élevée au Maroc, passée par l'Espagne puis la France, Sarah s'est découvert une passion pour les langues.

Je suis congolaise. Je parle donc français et lingala, ma langue maternelle. Je comprends aussi l’arabe, car j’ai grandi au Maroc. Après, je suis partie en Espagne donc je parle couramment espagnol. J’ai vécu un peu moins de deux ans là-bas. Et je parle aussi portugais grâce à des amies angolaises. J’arrive facilement à apprendre des langues.

Ça m’intéresse ! Je suis trop curieuse, je pose des questions, je vais à des fêtes angolaises, je regarde des films en espagnol avec des sous-titres en français… J’écoute aussi de la musique dans toutes les langues.

Obligée d’apprendre

Mon petit frère est comme moi, mais encore mieux : il parle espagnol, arabe, français, lingala. Il vient d’avoir 17 ans, c’est fort ! Et allemand aussi. Quand je l’entends parler, ça me donne envie d’apprendre. Mon cousin, lui, parle sept langues ! Il a des amis de tous les pays et il a appris à l’école. Il a habité en Allemagne et en France. Il m’a dit qu’on pourrait ouvrir une école de langues.

Quand j’étais petite, je voulais travailler en utilisant toutes les langues. Être hôtesse de l’air, par exemple. Alors, ma mère m’a dit qu’il fallait que j’en apprenne beaucoup. Plus tard, j’ai traversé beaucoup de pays où on ne parle ni français ni arabe. J’étais obligée d’apprendre.

Quand j’entends quelqu’un qui parle une langue qui me plaît, je m’intéresse, et je pose beaucoup de questions. J’ai rencontré des personnes dans un mariage qui étaient portugaises. On était toutes des demoiselles d’honneur et on s’entendait bien. Je leur ai demandé de m’apprendre leur langue, parce que j’aimais bien. Elles parlaient et même si je ne comprenais pas tout, je répondais en français. Quand le mariage s’est terminé, on a pris nos Snap et à chaque fois qu’on se voyait, on parlait portugais.

La plus forte en langues

Mais la langue que je préfère, c’est l’espagnol. J’ai appris super vite. Je connaissais déjà un peu quand j’étais au Maroc. Il y avait une dame qui venait chez nous et qui le parlait. Moi, j’étais trop complexée parce que je comprenais ce qu’elle me disait, mais je n’arrivais pas à lui répondre. Je lui répondais en portugais, parce que les deux langues se ressemblent beaucoup.

Quand je suis arrivée en Espagne, je parlais la langue en deux semaines. Je suis arrivée par bateau à Malaga, depuis le Maroc. Quand t’arrives et que tu es mineure, la police te pose des questions, et appelle la Croix-Rouge pour qu’ils t’emmènent à l’hôpital vérifier que tout va bien. Ils m’ont ensuite amenée dans un foyer à Cordoba.

Ils m’ont demandé ce que je voulais faire, j’ai répondu que je voulais d’abord apprendre la langue. Sans parler espagnol, je ne pouvais rien faire ! Donc j’ai commencé à aller aux cours du soir, et il y avait aussi un prof qui venait au foyer. Il n’y avait que des enfants qui ne parlaient absolument pas espagnol, donc j’étais la plus forte.

Je suis la seule du cours à avoir appris aussi vite. Au début, je n’arrivais pas trop à parler avec mon éducatrice. Mais, au bout de deux semaines, ça allait et elle était trop fière de moi. Du coup, elle me faisait des cadeaux. C’était comme une mère pour moi, et encore aujourd’hui je suis en contact avec elle. Je l’aimais beaucoup, c’était ma préférée, et moi j’étais sa préférée. Même quand elle ne travaillait pas, je l’appelais.

Bilbao, Bordeaux, Paris

Je suis restée deux ans dans ce foyer, avec elle. Dès que j’ai parlé espagnol, ça m’a ouvert beaucoup de portes. J’ai commencé à sortir, à me faire des amis. Ma mère m’appelait pour me demander comment ça allait, je lui disais de ne pas s’inquiéter, que j’étais bien là-bas.

Plus tard, j’ai quitté le foyer, je suis allée vivre à Bilbao, puis Bordeaux, puis Paris en 2016. Ma mère me disait depuis longtemps de venir en France pour rejoindre sa famille. Je ne suis toujours pas retournée en Espagne. Je voudrais y aller, là, pour les vacances. J’ai trop envie de trouver des copines espagnoles.

Depuis son enfance en Guinée, Amadou se met la pression pour apprendre le français. Pour lui, c’est un symbole de réussite.

Miniature de l'article "Mon objectif : parler un français parfait". Un jeune homme noir travaille à son bureau, il lit "Vingt ans après" d'Alexandre Dumas. Derrière le livre, un stylo a été posé et des cahiers ouverts.

Je parle moins de langues qu’avant parce que plus personne dans mon entourage n’est étranger. Et, en ce moment, j’ai dû mal à me faire des amis. Ça me manque ! J’avais mis du temps à les apprendre, et j’ai peur de ne plus réussir à les parler.

Sarah, 20 ans, en formation, Paris

Crédit photo Unsplash / / CC Erik Odiin

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