Maria I. 04/11/2021

Parler règles et intimité, fallait juste oser

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Musulmane, Maria a toujours cru que parler de ses règles et de son hygiène intime était tabou. Alors qu'il suffisait d'oser !

« Ça ne t’arrive pas d’avoir des pertes un peu blanches et pâteuses avant tes règles ? » Je me souviendrai toute ma vie de ce jour-là. C’était au début de l’hiver. On était dans la voiture de ma tante, on allait passer un après-midi banal entre filles. J’étais tellement choquée que je n’ai pas réussi à répondre à cette simple question sur mon intimité !

Grandissant dans une famille de confession musulmane et d’origine marocaine, étant moi-même croyante et pratiquante, j’ai toujours pensé que je devais garder les questions du domaine de l’intime, du sexe ou de la sexualité pour moi. J’avais peur qu’en posant mes questions, on me dise que c’est tabou, ou encore ahchouma (« honte » en arabe).

Alors, je me renseignais sur internet, mais je sentais que j’avais besoin d’un repère, de quelqu’un qui pourrait m’en parler en face à face et pas seulement à travers un écran. Je n’ai jamais osé en parler, sauf avec mon frère, mais j’avais besoin de réponses féminines.

Ces sujets restent souvent tabous

Je ne sais pas si c’est parce qu’elle avait remarqué quelque chose ou s’il s’agit juste du hasard mais, ce jour-là, la question de ma mère m’a laissée bouche bée. J’étais toute seule à l’arrière de la voiture, ma grosse veste sur moi et je voulais me cacher dedans. Je ne savais plus où me mettre. Répondre ou pas ? Après ça, elles ont continué tout naturellement à parler de ce sujet entre elles, et puis il y avait moi dans mon coin en train de repenser à toutes les fois où j’aurais pu poser mes questions !

Quand on est menstrué·e·s, tous les mois revient la peur d’être stigmatisé·e·s par ses camarades ou les enseignant·e·s, qui entretiennent un tabou tenace autour des règles. Léa en a subi les frais au collège. Plus âgées, Philoé et Clémentine ont proposé une initiative pour y mettre fin.

Illustration du slash sur le tabou des règles.

En rentrant chez moi, j’ai posé quelques questions à ma mère, pensant toujours qu’on allait m’envoyer balader. Mais elle a répondu à tout, en me prenant au sérieux, sans rire, et sans jamais me faire une seule remarque ! Ça a été un soulagement.

Ne restez pas sans réponse

Après cette révélation, je suis tombée par hasard sur une vidéo qui parle de la différence entre tradition et religion. Un professeur d’université y parlait du fait que, dans la religion, il n’y a pas de tabou. Tout le contraire de ce que moi, je pensais ! Dans le milieu familial, parler de ces sujets reste souvent tabou pour les adolescent·e·s. Entre sexisme et ignorance, c’est la totale… En tout cas, dans les familles que je connais.

Depuis ce jour, et grâce à mes recherches, j’essaie d’en parler autour de moi, avec mes copines. Je me suis aperçue que ça ne posait pas de problème ! Et avec ma petite sœur, j’ai vraiment voulu parler clairement de ces sujets.

N’hésitez pas à poser vos questions à votre entourage, même s’ils vous envoient balader, vous font des remarques ou la morale. Dans tous les cas, ne restez pas sans réponse !

Maria, 14 ans, collégienne, Nîmes

Crédit photo Unsplash // CC Toa Heftiba

 

L’éducation sexuelle, c’est toujours tabou

L’école ne remplit pas sa mission

Les cours d’éducation sexuelle sont obligatoires à l’école depuis 2001… mais cette loi n’est pas respectée. En 2019, 11% des lycées français déclaraient ne pas en avoir mis en place. Quand ils ont lieu, ces cours abordent souvent uniquement la question de la reproduction… et ce n’est pas suffisant.

 

L’intimité féminine est la plus taboue

Logique patriarcale oblige, les filles reçoivent moins d’enseignements sur leur corps que sur celui des garçons. Seules 16% des filles de 13 ans savent représenter leur propre sexe alors qu’elles sont 53% à savoir représenter le sexe masculin. Une ado sur quatre ne sait pas qu’elle a un clitoris.

 

Les réseaux ont pris le relais

La parole se libère sur les réseaux, et les contenus sur l’éducation sexuelle cartonnent. Sur sa chaîne Youtube le Monde de Vénus, Asma évoque sans filtres le vaginisme, les pertes blanches, les règles ou encore la vie de couple. La jeune maman, étudiante en médecine est suivie par 81 600 abonné·e·s !

 

 

 

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