Mes voyages en avion pleins de sensations

Depuis petite, j’ai une passion : l’avion. J’ai tout de suite adoré la sensation. Je m’en souviens comme si c’était hier : je voyageais pendant douze heures dans une de ces machines pour aller voir ma famille paternelle à Maurice. J’y allais une à deux fois par an. J’y ai même fêté mon premier anniversaire.

J’ai beaucoup voyagé quand j’étais petite. J’allais dans le Sud, à Tourrettes, dans ma maison de famille du côté de ma mère, et à Maurice pour celle du côté de mon père. Chaque fois que je partais, je répétais en boucle : « Maman, on prend quand l’avion ? » Et quand on le prenait, je bondissais de joie : « Chouette, je vais avoir deux décollages ! »

Voler au-dessus d’un grain de poussière

Plus le trajet était long, plus j’étais heureuse et impatiente de partir. Ce n’était pas ce que j’allais faire à l’arrivée, mais bel et bien le fait de prendre l’avion qui me rendait heureuse. Oui, juste le fait de le prendre. Grâce à l’avion, voyager devient si accessible qu’on croirait que la Terre est un grain de poussière. Le monde est si petit qu’on peut le survoler en quelques heures.

Mon moment préféré, c’est le décollage. Cette sensation de quitter la Terre pour s’élever au plus haut dans le ciel me plaît énormément. J’adore le bleu et le blanc du ciel. Ce qui est le plus beau, ce sont les rayons du soleil qui se posent sur les nuages. Avez-vous déjà pris l’avion la nuit ? C’est vraiment magnifique. On voit la lune beaucoup mieux d’en haut. Les étoiles aussi, elles sont beaucoup plus brillantes. Au départ, je n’avais pas réfléchi à devenir pilote, j’admirais juste.

Un jour, ma famille paternelle s’est disputée, puis ma maison de famille a été vendue. J’avais 13 ans. Depuis cet enchaînement de catastrophes, je n’ai plus repris l’avion. De temps en temps, je prenais le train, mais c’est beaucoup plus ennuyant et il n’y a aucune sensation.

Phoenix, mon modèle

Entre temps, je suis allée voir Top Gun 2 au cinéma. Ce film m’a tellement impressionnée. Un pur chef-d’œuvre. Je l’ai tellement aimé que je l’ai revu trois fois, avec toujours les mêmes sensations. Je connais par cœur les répliques en anglais de mon personnage préféré, Phoenix.

Phoenix est la seule femme pilote à être sélectionnée pour la mission finale. C’est d’ailleurs une des meilleures pilotes de la Navy. Elle est courageuse et persévérante. Ma mère m’a dit que je lui ressemblais physiquement (sans les lunettes). C’est le meilleur compliment qu’on puisse me faire.

J’aimerais lui ressembler mentalement aussi. Elle semble parée à toute épreuve et ne succombe pas au stress. Moi, je me laisse beaucoup déborder par mes émotions, je pense que je vais commencer le développement personnel pour lui ressembler. J’adore la dessiner aussi, je l’ai dessinée une dizaine de fois. Je connais son visage par cœur.

Devenir pilote d’avion

Pendant les vacances de février, j’ai repris l’avion pour aller voir mon frère. Il habite à Edimbourg, avec sa femme et ses fils. Ça faisait longtemps. Au décollage, j’ai ressenti les mêmes sensations qu’auparavant. Les larmes aux yeux, j’ai regardé ma mère et je lui ai dit mot pour mot : « Maman, je veux devenir pilote. » Elle m’a ri au nez : « Mais Fleur, il faut être forte en maths pour ça. »

Originaires de quartiers populaires, Arsan et Mariame ont décidé de faire mentir les statistiques en accédant aux études de leurs rêves.

Je l’admets, je ne suis pas une tête en maths, même pas du tout. Pilote est comme un rêve inatteignable. Je ne veux pas être ingénieure ou je ne sais quoi de trop compliqué pour moi. Je veux simplement piloter un avion et voler. La seule chose qui me barre le chemin est ma dyspraxie, ma fichue dyspraxie. Il n’y a pas longtemps, l’orthophoniste m’a dit qu’il n’y avait plus rien à faire et que je devais vivre avec. Mais promis, je ferai tout ce qu’il y a en mon pouvoir pour atteindre mon rêve.

La dyspraxie, c’est un handicap invisible. Si on n’est pas diagnostiquée, on ne comprend rien, on se demande sans arrêt : « Pourquoi les autres y arrivent et pas moi ? » ; « Pourquoi je ne suis pas comme les autres ? » ; « Il n’y a pas de remède ? » Non. Juste de la rééducation. Une fois qu’on est diagnostiquée, cette évidence tombe du ciel.

Fleur, 15 ans, lycéenne, Paris

Crédit photo Pexels // CC Sacha Verheij

L’avion c’est fun… mais pas du tout écolo !

L’aviation, c’est le mode de transport le plus polluant. Elle est, à elle seule, responsable de 2 % des émissions de gaz à effet de serre. Un kilomètre en avion est par exemple 45 fois plus polluant que la même distance en TGV. 

Nous pourrions éviter beaucoup de vols. Les vols internes (à l’intérieur d’un même pays) représentent 36 % des trajets en avion dans le monde. Ne culpabilisons pas pour autant les vacancier·es : une grosse partie de ces trajets sont des vols d’affaires ou de fret. 

Face à cette pollution, certain·es ressentent le « flyskam ». Flyskam, c’est un terme suédois qui désigne la honte de prendre l’avion par souci écologique. Les plus sujet·tes au flyskam, ce sont les jeunes : près de la moitié d’entre elles et eux disent souffrir d’éco-anxiété.

L’avion, c’est non seulement polluant, mais aussi élitiste. Malgré l’apparition du low cost, l’avion est toujours le transport emprunté par les touristes les plus riches : même si les vols sont un peu plus accessibles qu’avant, c’est toujours moins cher de faire un Paris – Barcelone en bus de nuit qu’en avion…