Yann M. 08/03/2023

Isolé, j’ai plongé dans un long sommeil

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Après son brevet, Yann a cherché son orientation en enchaînant les stages. Déprimé, il s’est isolé dans les jeux et les longs sommeils.

Pour moi, être isolé, c’est rester seul dans son monde, s’ennuyer à mourir sans pour autant agir. Mon isolement a d’abord été choisi, puis subi. Une fois ma troisième terminée, ma mère m’a inscrit à la mission locale. On a parlé longuement de mon parcours, de ce que je voudrais faire plus tard. Moi, je ne savais toujours pas ce que je voulais faire. J’avais besoin de découvrir, de faire des stages. J’en avais fait en peinture, comme plaquiste, comme maçon, mais ça ne m’avait pas plu.

La mission locale m’a parlé d’une formation, la Prépa avenir jeunes, à Rennes. J’ai accepté. J’étais stressé parce que je n’avais pas encore réalisé que cette prépa allait m’amener à prendre le train, le bus, le métro. Pour moi, en tant qu’« insociable », c’était un vrai coup de stress.

Le jour J, j’ai pris le train. Mon cœur s’emballait, battait à toute vitesse. Une fois à destination, je me suis rendu compte à quel point j’étais stressé et que je me faisais trop de souci pour trois fois rien. Arrivé devant le bâtiment, après une bonne marche, j’ai attendu au point de rendez-vous. J’ai découvert les élèves qui sont rapidement devenus mes meilleurs copains.

Les stages se sont bien passés, mais les métiers du bâtiment, ce n’était pas mon truc.

Le sommeil de la déprime

Une fois la formation de six mois terminée, je n’allais donc plus à Rennes. Je dormais le jour et je me réveillais la nuit. La nuit était calme pour moi, je m’y sentais mieux que le jour. Les appels téléphoniques de tout et n’importe quoi la journée me fatiguaient.

La nuit, je retrouvais mon seul pote, tout aussi enfermé que moi. On jouait aux jeux vidéo, on se couchait à n’importe quelle heure. On se tirait tous les deux vers le fond. Puis, un jour, il a trouvé une copine, il ne jouait plus du tout avec moi. Je me suis senti extrêmement seul et nul.

À côté de ça, mon niveau aux jeux vidéo a baissé du jour au lendemain. J’en ai eu vite marre de perdre et de jouer tout seul. Alors, je me suis laissé emporter dans un sommeil long et indéterminé. Je dormais de 15 à 18 heures par jour. Il n’y avait que la faim qui pouvait me réveiller.

Trouver la bonne voie

Mes parents n’appréciaient pas du tout que je dorme autant. D’ailleurs, ma mère venait dans ma chambre toutes les heures pour me réveiller. À chaque fois, elle tentait quelque chose de nouveau. Un jour, elle m’a même traîné sur le sol avec la couette. Mais rien n’à faire : impossible de me sortir de ce sommeil profond, sans fin. J’étais officiellement une larve.

Aujourd’hui, la mission locale m’a proposé un Contrat d’engagement jeune (CEJ). Je l’ai accepté.

Yann, 18 ans, Liffré

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