Le mal du pays dans l’assiette
La première fois que j’ai mangé en France, c’était chez ma sœur. Elle avait fait un plat français au four que je ne connaissais pas. Il y avait de la viande avec plein de légumes mélangés. J’ai goûté et je n’ai pas aimé du tout ! Je me suis dit que la nourriture en France était mauvaise et que ça n’allait pas être facile de trouver des aliments que j’aimais.
J’ai grandi dans une commune, Abobo, près d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Là-bas, j’allais à l’école française. À la maison, on parlait le bambara. À Abobo, j’avais tous mes amis et je jouais au foot. Je mangeais tous les jours des plats délicieux comme le garba, l’attiéké ou du foutou. J’ai dû quitter le pays pour rejoindre mon père en France. Malheureusement, on m’a refusé mon visa. J’ai donc dû traverser la Méditerranée avec un passeur. C’était difficile mais je ne préfère pas en parler.
Arrivé en France, je me suis dit que ce pays était beau. Les immeubles, les rues, tout était impressionnant. Mes premières semaines, je ne me suis nourri que de riz avec du poulet. C’était la seule chose que j’acceptais de manger. J’ai ensuite rejoint mon père à Villiers-le-Bel et là j’ai découvert la junk food. Il y en a partout ici. J’ai essayé d’aller dans ces restaurants mais c’était tellement mauvais. Je n’aime pas les grecs, les burgers, les tacos. Je n’aime pas l’odeur. J’ai aussi découvert la pizza. Je trouve ça dégoûtant.
Pas le même goût
Même à la cantine, je ne mange rien. Je vois des plats bizarres. Même le riz est mauvais. Moi je préfère un bon riz rouge. Là, ça n’a pas de goût. En Côte d’Ivoire, j’adorais le chocolat, ici il est moins bon. Par contre, j’ai découvert les yaourts nature à la cantine et ça, j’adore ! En Côte d’Ivoire, on en a, mais ils ne sont pas aussi bons.
Je ne pense pas pouvoir m’adapter, c’est trop compliqué. Je vais rester en France mais je mangerai des plats ivoiriens toute ma vie. Si je devais revoir mes amis d’Abidjan, je leur dirais : « Faites attention, si vous venez en France, vous n’allez rien pouvoir manger ! »
À part à la cantine, je ne mange pas à l’extérieur. J’attends de rentrer chez moi et là je retrouve les plats traditionnels que j’adore. Ils ont le même goût qu’en Côte d’Ivoire. Mes amis et ma famille me manquent, mais au moins, j’ai toujours les bons plats qui me rappellent Abidjan.
Youssouf, 15 ans, collégien, Villiers-le-Bel
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