Le rap, la musique d’une génération
Le rap est partout dans ma vie. Le matin, je me prépare en écoutant du rap. Pour les longs trajets, j’écoute du rap. Dans la rue, seule ou avec mes amies, on chante dessus. Ça nous défoule et on s’amuse. Rap doux ou plus dur, ça dépend de mon humeur et de mon envie.
Certains rappeurs comme Tiakola ou Jul font des sons avec des mélodies joyeuses, rythmées qui mettent dans l’ambiance. Elles sont réconfortantes et me donnent le sourire. Et quand je suis énervée, j’aime écouter PNL ou Ninho. Ninho est le premier rappeur que j’ai écouté donc, pour moi, il a de l’importance. Un peu comme un attachement sentimental. Ses textes m’aident à extérioriser mes sentiments.
En ce moment, J’oublie tout de Jul, Pona nini de Tiakola, La vie qu’on mène de Ninho tournent en boucle dans ma tête.
« Je m’identifie à leur musique »
J’ai découvert le rap seule, grâce aux réseaux. La première fois que j’en ai écouté, ça m’a fait ressentir un sentiment différent des autres musiques que j’avais écoutées auparavant. Aussi, ça me fait avoir un point de vue nouveau sur certaines situations. Quand je me sens mal ou trahie par un ami, certaines phrases m’aident à mettre des mots sur la situation, à mieux la comprendre. Le rap m’aide aussi à plus m’en foutre et passer plus vite à autre chose.
Par exemple, les phrases qui m’ont touchée sont : « De l’intérieur, ça me détruit, tellement qu’j’arrive plus à pleurer », de Gazo dans la musique Fleurs ; « Même si tu m’as trahi / Mon pote j’t’en voulais pas », de Djadja & Dinaz ; « J’étais bien ici mais je rêvais d’autre part », de Nhino dans Jeune Lossa.
Je m’identifie à leurs musiques car j’ai souvent vécu les mêmes choses que ce qu’ils écrivent. Je n’ai pas vécu dans les mêmes conditions difficiles car mes parents m’ont toujours tout offert, mais je me définis dans le rap grâce aux problèmes que j’ai pu rencontrer avec ma famille ou mes amis.
Le vocabulaire plus familier des rappeurs est aussi celui qui me représente le plus car je l’utilise au quotidien. Avec mes amis surtout. Des mots comme : « J’m’en fous » ; « Je m’en bats les couilles »…
L’effet de mode
Tous mes amis écoutent aussi énormément de rap français et américain. C’est beaucoup en tendance sur les réseaux, souvent ce sont des trends sur TikTok. Ce qui pousse à en écouter plus car il y a l’effet de mode. Parfois, j’écoute certaines musiques car tout le monde les écoute. Il y a comme une sorte de pression. Si je n’écoute pas la dernière musique sortie, je sais que lors de certaines conversations je serai exclue ou je ne me sentirai pas informée. J’ai l’impression que plus on est à la mode, et plus les gens nous acceptent et nous aiment.
Mais ce que j’adore par-dessus tout, c’est d’aller voir mes rappeurs préférés en concert. Et j’adore y aller avec mes copines. J’ai fait beaucoup de concerts avec ma meilleure amie Lou. C’est devenu un rituel. J’ai eu la chance de voir Ninho, Werenoi, Zola et d’autres. L’un des plus beaux était celui de Tayc et Dadju.
Mes parents eux n’aiment absolument pas le rap. Cela ne les dérange pas que j’en écoute, mais ma mère trouve les paroles de leurs musiques débiles. Je lui réponds que c’est parce qu’elle n’en écoute pas beaucoup et qu’elle ne voit donc pas le potentiel des rappeurs.
Océane, 16 ans, collégienne, Paris
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Monter sur scène grâce à mes rimes, par Enzo, 23 ans. Quand on est jeune rappeur, on écrit, et on pose sur des prods. Puis arrive le baptême du feu : la scène ouverte. Il a commencé à rapper dans le garage d’un pote à Toulouse. À Nanterre, il est monté sur scène pour la première fois, la boule au ventre.