L’école, c’est pas fait pour moi
Je ne supporte plus l’école, le système scolaire, être encadré, ni la méthode des profs pour nous apprendre des choses. Je déteste. En classe, je m’ennuie. Être sur une chaise, c’est dur. J’ai envie d’être ailleurs. J’ai l’impression que ce que me raconte le prof ne me sera jamais utile.
Les notes, dans l’ensemble, ça va. Je ne suis pas un cador mais je me débrouille plutôt bien alors que je ne fais rien, et que je ne révise jamais. On me dit que j’ai des capacités. Un jour, on m’a même dit que j’étais peut-être surdoué, mais je n’ai jamais passé de test.
Conseil de discipline
Quand ça m’intéresse, j’aime apprendre, j’arrive à me concentrer… mais ça ne dure pas. Je perturbe tous les cours, par ennui. Je suis agité, c’est dur pour moi de rester calme. J’ai des observations, des heures de colles et même des exclusions temporaires ou définitives.
Dès la sixième, je suis passé en conseil de discipline. Je m’en souviens très bien : j’arrive avec ma mère et mon père, quasiment tous mes profs sont là. Le conseil dure trente minutes, ils ne sont pas passés par quatre chemins : ils me virent. Mes parents sont dégoûtés mais ils ne m’en veulent pas trop, même si c’est de ma faute. Rapidement, ils me rescolarisent dans un collège public de mon quartier. Le premier jour, j’arrive à 13h30 en milieu d’année. Un surveillant m’amène dans le cours de physique-chimie et me présente devant toute la classe. C’est très gênant.
Bombe à eau, pétard…
Je me fais des potes seulement en cinquième. Enfin, je rigole avec tout le monde… mais j’arrive toujours pas à l’école. Je cherche tout le temps à faire rire la classe, je suis comme ça, j’aime bien rigoler. Avec un bon ami, on fait beaucoup de bêtises en cours : on jette des bombes à eau, on fait exploser des pétards… on rend fous les profs.
Au milieu de l’année, je suis convoqué pour parler sérieusement avec mes parents car mon comportement n’est plus possible. C’est tellement difficile de me canaliser qu’on me fait faire des examens. Je vois des médecins et un psychologue.
Auxiliaire de vie scolaire
Le diagnostic tombe : TDAH, je suis hyperactif avec un trouble de l’attention. Je suis dyscalculique, dysorthographique, dyspraxique… Le collège prend la décision de faire un dossier pour que je puisse bénéficier d’une auxiliaire de vie scolaire (AVS). Elle est super gentille avec moi, j’arrive à plus m’intéresser au cours, et à plus me concentrer aussi, ce qui me permet d’améliorer mes notes. La fin de l’année de cinquième se termine… difficilement, mais elle se termine.
L’année suivante, je suis avec mes potes et j’ai toujours mon AVS. Il y a même des matières qui m’intéressent et où j’ai des bonnes notes : l’histoire, la géographie et les SVT. Mais au bout d’un mois, c’est plus possible. Je risque de me faire virer encore une fois sauf que l’école ferme à cause de la pandémie. C’est ma chance.
Des stages et des bonnes notes
Après ça, j’atterris en troisième A – pour troisième “Ambitions”. Dans cette classe, on commence à apprendre des métiers pour aller dans un lycée professionnel, on fait beaucoup plus de stages. J’ai des bonnes notes, mais j’ai toujours le même comportement. Je n’arrive pas à me tenir en classe, et – je préfère être honnête – je m’en fous un peu.
Résultat : emploi du temps aménagé. Je suis super content. Ils m’enlèvent des heures de cours comme l’art plastique ou la musique. Cela crée quelques jalousies car tous les jours, je commence à 9 heures et je finis à midi.
Une nouvelle fois, le collège ferme un mois à cause de la pandémie. Ça reprend, juste avant le brevet. Je passe les épreuves, je suis un peu stressé par le résultat. Et, une semaine après, j’ai la réponse : c’est bon, je l’ai !
L’école c’est vraiment pas pour moi. Je n’ai toujours pas trouvé ma voie. J’ai été pris en apprentissage, mais ça ne m’a pas intéressé et je me suis fait à nouveau virer, deux fois. Là, je me suis inscrit à la mission locale pour un CEJ, un contrat engagement jeune, pour essayer de comprendre pour quoi je suis fait. Malheureusement, je n’en ai aucune idée, je n’ai aucune envie pour la suite. Je suis paumé.
César, 16 ans, en recherche d’emploi, Marseille