Fissenou L. 22/10/2024

Perdre son père, cet inconnu

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Fissenou a grandi au Sénégal. Il n’a jamais connu son père, qui vivait en France. Aujourd'hui, il regrette de ne pas l’avoir rencontré.

Je n’ai jamais vu mon père. Quand il est mort, j’avais 12 ans. Tout ce que je sais de lui, c’est ce que ma mère m’a raconté. Elle m’a dit qu’il était militaire dans l’armée française. Il vivait en France, pendant que nous, ma mère, mon frère et ma sœur, on vivait au Sénégal. 

Ma sœur et mon frère, qui sont un peu plus âgés que moi, l’ont connu. J’aurais tellement aimé le rencontrer, le voir au moins une fois, moi aussi…

Il est mort en 2017. À ce moment-là, moi je vivais à Dakar, j’étais apprenti chez un menuisier. Il me nourrissait et me logeait, je dormais dans l’atelier. Ma mère est venue du village pour me l’annoncer. Je me souviens que je jouais au foot avec des amis. Au début je ne l’ai pas crue, je ne comprenais ce qu’elle disait… 

Les regrets et le manque

Mon père est venu au Sénégal quand j’étais apprenti. Mais, à cette époque je trainais beaucoup avec mes collègues, d’autres enfants de la rue. On faisait des conneries, des petits vols, des braquages parfois… Je ne savais pas ce que je faisais, j’étais tout jeune. Aujourd’hui, je regrette beaucoup de ne pas avoir cherché à le voir quand il était de passage à Dakar.     

C’est moi qui suis en France maintenant, avec mon frère, pour gagner de l’argent. Ma mère est restée au Sénégal. Ma sœur aussi, elle s’est mariée là-bas. Je fais en sorte de gagner de l’argent pour ma famille et pour moi. 

Mon père n’est plus là… C’est la vie, bien sûr, mais ça me fait quand même mal. Parfois on en parle avec mon frère. Il me raconte comment il était, ce qu’il lui disait quand il revenait au pays… Ça me fait du bien de l’entendre en parler.

Dans ce malheur, j’ai la chance d’avoir une mère qui a fait beaucoup, beaucoup de choses pour nous. Je la remercie aujourd’hui et pour toujours.

Fissenou, 18 ans, en formation, Marseille

 

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