Sans un ami de Mayotte, je ne m’en serais pas sorti en métropole

Quand je suis arrivé de Mayotte, c’est mon grand frère de 25 ans qui m’a hébergé chez lui. Je venais en métropole pour réussir dans la vie, avoir un bon avenir. Mais mon frère ne me poussait pas à trouver un travail. Il me disait plutôt : « Reste à la maison à faire le ménage. »

Lui, il part toute la journée, il travaille dans la Marine. C’est mon demi-frère, il ne me considère pas vraiment comme si j’étais un frère à lui. Il donne de l’argent à mon autre petit frère et pas à moi. Je dois me débrouiller tout seul pour acheter mes vêtements, avoir à manger… Je préférais jouer à la console plutôt que de sortir dehors, même si je trouve ça ennuyeux de rester à jouer tout seul à la maison.

Aider sans rien demander en retour

Ça a commencé à changer quand j’ai retrouvé un ami d’enfance, qui vit, lui aussi, à Brest. On est né dans le même quartier, à Mamoudzou. Nos familles se connaissent. Il est arrivé en métropole en 2012, et il a 23 ans. On s’est trouvés sur Messenger, et dès que j’ai pu avoir une puce de téléphone, je l’ai appelé et on a commencé à se voir tout le temps.

Il me proposait des sorties de temps en temps pour me changer les idées et découvrir la Bretagne. C’est là que j’ai commencé à ne plus m’ennuyer. On a fait des promenades, on est allés jusqu’à Nantes, Angers, Bressuire… J’ai bien aimé voir d’autres villes, d’autres paysages.

Il m’aide et ne me demande rien en retour. Je n’avais jamais connu d’amitié comme ça. Il veut juste que j’avance dans la vie. Il m’a poussé à trouver une formation, à aller voir dans des entreprises, il me suit dans toutes mes démarches. Il m’a fait voir le droit chemin qu’il fallait prendre. Comme mon frère ne s’occupe pas de moi, maintenant c’est lui qui m’héberge, chez lui. On peut dire qu’il m’a sauvé.

Maintenant, je suis inscrit à la mission locale, je reçois des aides et ça m’aide. J’espère maintenant pouvoir trouver un travail qui me conviendra dans les domaines de la logistique ou comme agent de sécurité.

Elizame, 19 ans, en recherche d’emploi, Brest