Mamadou V. 21/09/2021

À l’école coranique, je n’étais pas à ma place

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Envoyé à l’école coranique, Mamadou ne s’est pas senti à l'aise. L'islam est important pour lui, mais il ne veut pas y consacrer sa vie.

En Guinée, je vivais avec mes parents et j’allais à l’école française, en primaire. Mais lorsque ma mère est décédée, tout a changé, parce que mon père s’est marié avec une autre femme. Elle a poussé mon père à me changer d’école, car elle voulait que j’apprenne le coran, alors que je voulais pas du tout. Je voulais rester à l’école française, car depuis l’enfance, j’apprenais le français et je voulais continuer, parce qu’il y a beaucoup de gens qui parlent français dans notre pays et dans le monde et je me disais que ce serait très facile de communiquer avec eux. Je ne savais rien du tout sur l’école coranique parce que ça ne m’intéressait pas.

Après, ils m’ont forcé à y aller donc j’y suis allé pendant neuf mois. Je ne comprenais rien parce que je ne voulais pas apprendre les textes. Ça se passait bien pour les autres, mais pour moi non. Je n’avais pas envie d’être là, le professeur faisait l’appel, je disais oui et ensuite, je sortais sans demander. Parfois, après, ils appelaient mes parents et quand je rentrais le soir la femme de mon père refusait de me donner à manger pour me punir.

Les activités : chercher de l’eau et allumer un feu

Le matin, j’arrivais à 8 heures, on s’asseyait à nos tables et on ouvrait le Coran pour le lire. Le professeur traduisait et nous expliquait ce que ça signifiait. Je ne trouvais pas ça intéressant. On faisait ça jusqu’à midi, on avait une pause et ensuite, on recommençait. Parfois, on faisait aussi des activités, comme aller puiser l’eau ou aller chercher du bois pour allumer le feu.

Le professeur était gentil, mais je n’aimais pas être là-bas, il parlait, je ne comprenais rien, il n’y avait rien qui rentrait. Quand je partais de l’école, j’allais voir mes amis, jouer à la Playstation… Mon père nous laissait de l’argent de poche avant de partir en voyage donc je l’utilisais à ce moment-là.

Ce n’était pas des règles, on nous privait de liberté

À l’école, les règles n’étaient pas les mêmes : les filles s’asseyaient d’un côté et les garçons de l’autre… Les garçons ne pouvaient pas s’habiller n’importe comment, on n’avait pas le droit de porter des vêtements serrés comme des slims, et les filles elles devaient porter le voile. On avait le droit de parler aux filles, mais pas de dire n’importe quoi, comme dire : « Tu es belle, tu es jolie »… Il y avait beaucoup de règles, mais je n’ai pas tout retenu. Je pense que ces règles étaient mauvaises parce qu’on n’avait pas le choix, on n’était pas libres.

Un jour, mon frère a volé l’argent de mon père, il m’a dit de l’accompagner quelque part, on est allés à la gare, on est partis. Depuis que je suis en France, je ne prie plus. Je suis musulman, mais pas pratiquant. Normalement, il y a beaucoup de choses qu’un musulman ne peut pas faire, c’est une religion très difficile. C’est important la religion pour moi, mais je ne suis pas venu dans la vie juste pour la religion.

 

Mamadou, 16 ans, en formation, Paris

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