Maëva B. 07/02/2022

Mon métier je l’ai choisi, pas rêvé

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En cours, Maëva a eu une heure pour choisir son futur métier. Une mission qu’elle a prise très au sérieux. Son critère principal, le salaire !

Mon métier, je l’ai choisi en troisième. J’avais 14 ans. C’était pendant une heure de « vie de classe » avec le prof principal, où l’on devait chercher un métier qui nous intéressait. Avant ça, je ne m’étais jamais posé la question.

Quand j’étais petite, je voulais être chanteuse. Mais j’ai pas le talent pour ça, j’ai donc abandonné l’idée. Mes parents voulaient que je sois avocate : parce que c’est un bon métier où tu gagnes de l’argent. Moi, je ne voulais pas, ça se voyait que c’était trop dur et ennuyeux. Je leur ai dit et ils m’ont répondu : « C’est pas forcé, mais tu le seras quand même, c’est mieux pour toi. » Ils voulaient que je réussisse ma vie, donc avocate ou même médecin c’était, pour eux, le meilleur pour moi.

Une famille… et 1 800 euros

Ils ne voulaient pas que je finisse comme eux. Mon père est agent de sécurité incendie, et ma mère était pâtissière… Un accident a malheureusement stoppé ça, elle est maintenant femme de ménage et ça lui cause des problèmes de dos. Ils m’ont dit : « Si tu fais de longues études, tu réussiras dans la vie, tu ne seras pas comme nous. » Même si, pour moi, leurs métiers étaient tout aussi bien mais bon… Ils gagnent bien leur vie, on n’est quand même pas pauvres.

Pendant ce cours, j’avais une heure pour répondre à la question : « Que voulez-vous faire plus tard ? » Je suis donc allée sur internet pour regarder des descriptions de métiers. Mon critère principal : le salaire. Minimum 1 800 euros par mois. En vrai, je ne sais même pas pourquoi 1 800… J’ai choisi ce montant au hasard. C’est un peu plus que le Smic et ce n’est pas trop-trop non plus : de toute façon, quand tu viens de commencer, tu ne perçois pas forcément un grand salaire. C’est avec l’expérience que ça augmente. Je ne sais même pas combien gagnent mes parents, ça n’avait donc pas de rapport avec leurs salaires à eux.

Pourtant, le salaire, c’est important pour moi parce que le but, c’est de réussir sa vie, et l’argent fait partie de la réussite. Réussir, pour moi, ce serait avoir un métier qui me plaît un minimum, où je gagne de l’argent, et une famille. Mon métier ne doit pas être ennuyant, je ne veux pas être tout le temps assise en train de faire la même chose… Comptable, par exemple !

1 800 euros n’est pas le salaire maximum que je me fixe mais c’est déjà pas mal, je trouve. Avec cet argent, je souhaiterais pouvoir acheter sans forcément faire attention à si je peux ou pas me permettre. À ce moment-là, j’aurai bien réussi ma vie. J’aimerais aussi vivre dans une assez grande maison… Actuellement, je vis dans un appartement ni trop grand, ni trop petit, mais pour plus tard, je n’aimerais pas vivre de la même manière que mes parents. Une maison, je trouve ça mieux.

Un métier qui m’intéresse

Au début de cette heure de vie de classe, je voulais devenir pédiatre, mais comme il fallait aller en section S, j’ai changé d’avis. Après, j’ai décidé de devenir hôtesse de l’air, mais comme j’avais peur de l’avion, ça ne collait pas non plus. Du coup, hôtesse d’accueil. Mais le salaire n’était pas assez élevé, donc j’ai fini par me fixer sur assistante de direction, puisqu’on perçoit un meilleur salaire. Je n’ai pas hésité.

Une assistante de direction… aide le directeur de l’entreprise dans l’organisation, elle s’occupe de l’agenda (prises de rendez-vous, réunions, etc.), des tâches que son responsable lui donne, elle répond au téléphone… Pour résumer, elle épaule le directeur en l’assistant. Ce métier m’intéresse, puisqu’il est simple et n’a pas l’air de fatiguer. Pour autant, je ne pense pas m’ennuyer, et le salaire perçu peut être très élevé lorsqu’on l’exerce dans une grande entreprise.

Ce métier, je l’ai choisi il y a quelques mois maintenant, et je ne compte plus changer. Pour cela, il faut faire un BTS Gestion de la PME (petites et moyennes entreprises).

Même quand on sait ce qu’on veut faire plus tard, le parcours pour y arriver peut être semé d’embûches. Aurélie ne s’est pas laissée abattre et a fini par faire les études de ses rêves.

une jeune fille cherche son orientation scolaire devant un mur de post it, au milieu d'une bibliothèque.

Plus tard, dans vingt, trente ans, j’ai comme projet de construire ma propre entreprise au Mali puisque j’ai pour objectif de vivre là-bas. Y construire un hôtel de luxe, et donc être mon propre patron. Pourquoi le luxe ?… Tout simplement parce qu’on gagne plus d’argent. Les clients ont logiquement les moyens.

Le fait de me fixer sur un seul métier a été difficile au début, mais à présent je suis sûre de faire assistante de direction. J’en ai parlé à ma famille, et ils m’ont dit : « Tant que t’es sérieuse dans les études, c’est bien. »

Je le sens bien. J’ai hâte de voir comment ça va se passer, si c’est bien comme je l’ai imaginé ! Pour moi, ma voie est tracée, je sais exactement ce que je veux faire et quand. Cette pression mise lors de ce cours de troisième a été bénéfique.

Maëva, 17 ans, lycéenne, Dammarie-les-Lys

Crédit photo Unsplash // CC Joshua Rondeau

 

L’orientation à l’école

L’école fout la pression…

Au collège, on te demande déjà quel métier tu veux faire, on t’emmène à des forums, on te fait lire des brochures ou aller voir un conseiller d’orientation… La pression à la réussite et au plan de carrière arrive de plus en plus tôt dans la vie, et l’école en est la cause principale.

… et n’aide pas beaucoup

En cours, on te demande de faire cette introspection… Mais on ne t’aide pas beaucoup. Selon 63 % des jeunes en poste, leur scolarité les a assez mal préparé·e·s à la vie active.

C’est normal de ne pas avoir d’idée précise

Seule la moitié des 18-30 ans qui ont un job avaient une idée précise de leur future carrière avant d’entrer sur le marché du travail. Pourtant, ils seraient près de 80 % à être comblé·e·s par leur emploi, souvent trouvé par hasard. Alors, pas de pression !

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