4/5 Soulever toujours plus lourd
J’ai toujours eu pour ambition d’être plus fort que mon grand frère, de quatre ans mon aîné. Depuis tout petit, je l’ai pris pour modèle, en admiration constante devant ce physique si impressionnant. Lorsqu’il faisait dix tractions, je voulais en faire onze. Pareil pour les abdos. Pour lui montrer que je pouvais être plus fort que lui, et surtout, pour qu’il soit fier de moi.
À 9 ans, j’ai commencé les pompes, les tractions, les dips et les abdos avec mon père et mon frère. C’est l’avantage de vivre dans une caserne de pompiers, nous sommes constamment entourés de sportifs.
À 13 ans, j’ai fait de la musculation à la maison avec le banc que mes parents avaient offert à mon frère pour ses 17 ans. J’y suis allé doucement, d’abord avec une barre sans poids ; c’est une barre à vide pour faire du développé couché et des squats. J’avoue, ça n’a pas toujours été facile. Les courbatures qui s’amplifient durant les premières semaines, qui vous donnent l’impression de gravir l’Everest à chaque fois que vous montez les escaliers, vous donnent envie d’abandonner.
Arsène au pays des merveilles
Hors de question de céder, de choisir la facilité. Je vous rappelle que j’ai un objectif : dépasser le maître, mon frère. Donc progressivement, j’ai rajouté des poids pour atteindre 70 kg en développé couché et 80 kg en squat, avant de m’inscrire à la salle. Je n’attendais que ça. J’en rêvais la nuit.
À 16 ans, le rêve devient réalité. C’est la toute première fois que je mets un pied dans une salle de fitness. On aurait dit Alice au pays des merveilles, ou plutôt Arsène au pays des merveilles. J’étais complètement euphorique. J’avais un besoin de tout tester. Mais je me suis vite rendu compte que je ne progressais pas. En musculation, rien ne doit être laissé au hasard. La réussite dépend de l’assiduité et d’une excellente organisation. C’est alors que mon complice de toujours m’a proposé son aide. Grâce à cette persévérance, dont je ne me croyais pas capable, j’ai atteint 85 kg en développé couché et 100 kg en squat.
SÉRIE 5/5 – Une vie protéinée, baskets aux pieds. Guillaume a testé, comme tous ses potes et son lycée. Et puis il a laissé tomber : ça ne lui ressemblait pas.
C’est une passion, une drogue, avec deux heures d’entraînement quotidien sauf le vendredi, jour de récupération pour éviter les blessures. Malheureusement, ce besoin permanent de se défouler, de se surpasser a une incidence sur mes études. Je n’ai pas beaucoup de temps à consacrer à mes devoirs et je suis souvent trop fatigué après le sport. Mais ça me permet de me sentir un peu plus sûr de moi, d’évacuer toute la tristesse et la colère qui me submergent lorsque, par exemple, je pense à la perte récente de Mamie. Les événements douloureux semblent plus surmontables grâce au sport. Un jour, je serai grand et fort comme mon frère.
Arsène, 16 ans, lycéen, Paris
Illustration © Léa Ciesco (@oscael_)