Alex 20/12/2018

Ma scolarité a été foutue en l’air à cause de troubles dys

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J'ai toujours fait des efforts pour suivre en cours. Beaucoup d'efforts, pour compenser mes troubles dys. Mais ça n'a pas suffi, et je me suis retrouvé dans une filière que je n'avais pas choisi...

L’enfer a commencé à l’âge de 11 ans à peu près. C’était la rentrée de ma première sixième. J’étais avec mon meilleur ami. Je rencontrais des gens inconnus et j’étais super sociable. J’arrivais à suivre les cours. J’avais quelques difficultés, mais ça allait plutôt bien, c’était le début de l’année.

Puis, j’ai commencé à ne plus suivre le rythme. Au début, c’était juste un retard en écriture. J’ai dû commencer à faire des efforts pour ne pas accumuler trop de retard. Les devoirs étaient un cauchemar. Je faisais le maximum pour comprendre, ma mère essayait de m’aider, mais elle-même ne comprenait pas bien. Mes notes étaient mauvaises malgré mon application. Plus je travaillais pour avoir des bonnes notes, plus ma moyenne chutait.

Je ne comprenais pas moi-même

Alors, à la fin de l’année, ma mère a décidé que je devais redoubler mon année de sixième. Je me suis retrouvé tout seul : mon meilleur ami était passé en cinquième. Je me suis dit que si je faisais encore plus d’efforts, ça irait, mais rien n’y faisait. C’est ensuite mon beau-père qui a essayé de m’aider, mais comme je n’y arrivais toujours pas, il pensait que je faisais l’idiot ou que j’étais tout simplement stupide.

J’arrivais épuisé de l’école et je me mettais directement à bosser pour rattraper mes cours. Je ne dormais pas beaucoup, j’étais tout le temps fatigué. Puis, avec l’épuisement physique et psychologique, j’ai commencé à être de mauvaise humeur. Mes nouveaux camarades de classe se moquaient de moi par rapport à la manière dont je m’habillais ou par rapport à mes difficultés. Ils ne comprenaient pas. Et je ne comprenais pas moi-même.

C’est à partir de là que j’ai commencé à faire une déprime. J’avais des idées noires, j’étais au bord de lâcher, de vouloir tout arrêter. J’ai réussi à passer en cinquième, mais j’en avais marre de devoir déployer tous ces efforts. Alors, j’ai abandonné : je ne suivais plus en cours, je ne voulais plus rien faire, je ne voulais plus parler avec personne. Les profs se moquaient toujours de moi, ils disaient que je ne faisais pas d’efforts. Je me mettais à l’écart. Les seuls moments où je me sentais à peu près bien, c’était quand je partais dans l’atelier dessin. Je me sentais un peu soulagé.

J’ai chialé, c’était comme une délivrance

Chez moi, j’évitais tout le monde. Je haïssais mon beau-père et ma mère car elle ne disait rien quand il me traitait comme une merde. Peu à peu, je me suis coupé du monde. Je ne voulais plus voir personne. Je me disais que personne ne me comprenait. Seul mon meilleur ami venait me voir de temps en temps. Mais j’étais toujours sur la défensive, je me méfiais des gens, je les entendais murmurer derrière mon dos.

Les profs de Gabrielle ont aussi longtemps vu en elle une élève qui ne faisait pas beaucoup d’efforts. Une fois sa dyslexie et sa dysorthographie reconnues, elle pensait que tout s’arrangerait. Elle n’avait en réalité pas fini de se battre.

Puis, je me suis créé des mondes dans ma tête, des histoires, des créatures. C’était une manière de m’évader du réel. En voyant mes difficultés, ma mère a commencé à en parler à mon médecin qui l’a orientée vers Paris. En fin d’année de cinquième, on est allés voir un spécialiste qui, après une consultation, a décelé des troubles dys. Il m’a dit que je n’étais pas stupide. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment, j’ai chialé. C’était comme une délivrance. Je me débarrassais d’un poids.

S’en sont suivies des démarches interminables pour mettre en place une aide à l’école par rapport à mes troubles dys. Dans ma tête, ça se passait mieux, car je savais ce que j’avais, mais les profs ne comprenaient pas et continuaient à me traiter comme si j’étais une merde. Mais ma mère m’a dit de ne plus prendre en compte les notes et de travailler comme je pouvais. Elle savait quel prof me traitait mal, sans que j’aie besoin de lui raconter.

Je ne voulais pas être vu comme un handicapé

Je voulais intégrer une filière artistique, mais j’ai intégré une filière professionnelle. Apparemment, à cause de mon handicap, je n’aurais pas été capable de suivre autre chose qu’un bac pro. J’ai finalement suivi mes trois années de lycée en regrettant mon choix. Je me faisais complètement chier en cours.

Et il y avait toujours un problème : certes, je comprenais mes difficultés, mais je n’assumais pas mes troubles, car je ne voulais pas que les gens me voient comme un handicapé. Ma mère m’a demandé si je voulais rencontrer des gens qui avaient les même troubles que moi. J’ai beaucoup hésité au début. Grâce à une association, j’ai fini par le faire. Avec des gens ayant des troubles encore plus sévères, ça m’a permis de relativiser.

 

Alex, 20 ans, étudiant, Marolles-en-Hurepoix

Crédit photo Adobe Stock // ©  serpeblu

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3 réactions

  1. Bonjour
    Maman et vice présidente d »une association ( dyspossible ) d’un enfant multi dys je ne peux que confirmer ton témoignage, il faut surtout ne pas rester seul ( apedys ou autre ) se faire aider et en parler le plus simplement possible bien que cela soit parfois très difficile ( passé 18 ans ) du courage, du courage , du courage ….

  2. Bonjour Alex
    C’est quoi le nom de l’association ?
    Je suis dysorthographie aussi j’ai réussi à obtenir un master 2 en science politique alors courage !

  3. Salut Alex !
    Je suis comme toi, (multi)-dys, à ceci près que j’ai été diagnostiquée très tôt et que j’ai donc grandi avec.

    Je te rejoins totalement sur l’idée que rencontrer des gens qui ont le même handicap soulage. Je l’ai également vécu comme une
    délivrance.

    Je te souhaite une belle vie.

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