2/5 Mes parents, obsédé·e·s par le brevet
Le stress scolaire m’a marquée durant mon année de troisième. Le brevet, la moyenne, accéder à un lycée général… Tout cela m’a apporté beaucoup d’anxiété, et j’ai dû gérer ça toute seule. Mes parents en sont la cause principale. Ils voulaient que je donne le meilleur de moi-même, mais ils ne savaient pas qu’à force de m’en parler, tout ce stress me rendait tellement triste. Ils m’en parlaient dès je rentrais des cours. Ma mère me posait la fameuse question : « Alors, des notes pour aujourd’hui ? » Ou bien : « Ton tél ! Tu vas réviser direct pour le brevet. »
Cette pression que mes parents me mettaient, c’était en partie à cause de mon frère et de son parcours scolaire assez catastrophique. Ses absences régulières, son manque de concentration et ses notes…
« J’ai remarqué un stress énorme, tu trembles assez souvent »
Les conséquences de cette pression quotidienne se sont vues très rapidement. Ma prof d’histoire, par exemple, m’a fait la remarque à la fin du cours : « Ces derniers temps, j’ai remarqué un stress énorme, tu trembles assez souvent et tu n’oses plus trop parler en classe. » Ces remarques récurrentes n’aboutissaient à rien : mes parents n’ont jamais été informés, je n’ai jamais eu de rendez-vous avec la médiatrice ou autre, ni de conversations claires à propos de mon stress avec ma prof. Cela se résumait seulement à quelques remarques, mais aucune conversation approfondie.
À force de stresser, mon cycle de sommeil se rétrécissait et c’est à ce moment-là que la paralysie du sommeil est arrivée dans ma vie. Je ne l’ai pas eu beaucoup de fois, mais je peux vous dire que ce phénomène étrange m’a énormément traumatisée. Et je crains toujours son retour. Je voyais des ombres plus foncées que ma chambre, sachant qu’elle était déjà très sombre car je fermais mes volets. Ma respiration pouvait se couper pendant deux à trois minutes, j’avais comme l’impression de ressentir les sensations que l’on peut avoir lorsqu’on rend l’âme (qu’on meurt). Je ne pourrais pas vous racontez la façon dont je m’en suis sortie car, moi-même, je n’en ai absolument aucune idée et je n’en ai parlé à personne.
Pour le brevet, je travaillais jusqu’à 23 heures
Vers avril-mai, je pensais vraiment que j’allais mourir, le stress avait pris une trop grosse ampleur dans ma vie. Je ne pensais qu’au brevet et mes parents continuaient à forcer, je travaillais jusqu’à 23 heures tous les jours et je passais quatre à cinq heures à réviser. Je devais prouver à mes parents que j’étais capable, que j’arriverais à dépasser mon objectif et à atteindre la mention très bien, coûte que coûte.
Aux environs de 3 heures la veille, je ne trouvais toujours pas sommeil. Le stress avait pris une ampleur énorme ce soir-là. Je le sentais en moi, il me contrôlait. Je n’ai donc pas dormi de la nuit et je ne cessais de réviser mes fiches en boucles.
Le jour J, bizarrement, le stress avait diminué, mais la fatigue était présente. À cause de mon manque de sommeil, enfin de ma nuit blanche. Je pensais avoir raté toutes mes épreuves et, en rentrant chez moi, sur la route, je ne cessais de pleurer et de me remettre en question. Mais arrivée chez moi, j’ai laissé penser à mes parents que je l’avais entièrement réussi pour ne pas recevoir de coups de pression.
Mes parents me laissent enfin souffler
Résultat, j’ai eu mon brevet avec mention, les compliments au dernier trimestre et j’ai été acceptée dans mon lycée général. Ce trimestre est beaucoup plus tranquille que les précédents : mes parents me laissent enfin souffler car les épreuves du brevet ont été réussies, que mon lycée général m’a acceptée et que les vacances viennent de commencer ! Et ça fait un bien fou !
Série 3/5 – Juliette passe tout son temps en cours ou à réviser : elle travaille non-stop, et n’a plus aucun temps libre.
Je pense cependant que la première et la terminale seront mes deux années les plus horribles. Avec le stress que j’aurai pour le bac à cause de mes parents. Mais je pense être désormais habituée.
Lucile, 16 ans, lycéenne, La Garenne-Colombes
Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)
Pression à l’école : du stress au burn-out
17,1 % des élèves se déclarent très stressé·e·s en sixième, et 49,6 % en terminale. Selon l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques), plusieurs facteurs jouent un rôle important dans l’épanouissement des jeunes à l’école. Parmi eux, le soutien de leurs parents et de leurs enseignant·e·s et l’état de leurs relations avec leurs camarades.
Pour les chercheurs·euses, le stress scolaire s’exprime « chez des élèves s’étant fixés des buts inatteignables » ou dont l’entourage a fixé des attentes trop élevées. La pression scolaire peut donc venir des profs, des parents, de soi-même, ou d’un peu de tout ça. Lorsqu’un·e élève est stressé·e à ce point, la performance devient la priorité et passe avant son propre bien-être. Comme les travailleurs·euses, les élèves peuvent souffrir de burn-out.
Les filles et les garçons ne sont pas égales ou égaux face à la pression scolaire. Quelle que soit la classe, les premières sont plus souvent stressées que les seconds, et leur niveau de stress est plus élevé. Plus incitées à exprimer leurs émotions, la moitié des élèves filles sont très stressées en troisième, première et terminale.