4/4 Déménager chaque semaine

Le dimanche après-midi, quand les gens s’amusent dehors et qu’il fait beau, moi, je fais ma valise dans ma chambre. Mes parents sont séparés et je vis en garde alternée depuis mes 6 ans. Au début, je passais de l’un à l’autre tous les deux, trois jours. Puis, je me suis mis à passer une semaine chez l’un et une semaine chez l’autre. Ça a été une chance pour moi car c’était dur de changer de maison tous les trois jours. Aujourd’hui, j’ai l’impression de partir en vacances tous les week-ends. 

Quand je change de semaine, je ne dois rien oublier. Les affaires d’école d’abord. Les cahiers, et surtout la pochette avec toutes mes feuilles, les contrôles à rendre et les exercices à faire. J’ai cette pochette exprès ! Je dois aussi prendre tous les livres d’école. Un par matière. Sans compter l’arts plastiques, le sport et la musique, ça fait… neuf livres.  

Après, ce sont surtout des vêtements. Un pantalon de sport. Sept paires de chaussettes. Sept caleçons. Comme je grandis, j’en manque toujours ! Pour le reste, j’ai deux armoires avec des vêtements. Une chez mon père et une chez ma mère. Parfois, tout ne rentre pas dans la valise. Je mets alors une partie de mes affaires dans mon sac à dos d’école.

Laisser passer un ou deux métros 

Pour aller d’un appartement à l’autre, je dois prendre le métro ou marcher trente minutes. La plupart du temps, je fais le trajet en métro, vu que j’ai une valise. Ma petite sœur est avec moi. Aux heures de pointe, deux personnes avec deux valises c’est compliqué. Nous sommes parfois obligés de laisser passer un ou deux métros avant de pouvoir monter. 

Les valises sont assez lourdes. Parfois, on en porte une à deux. On n’a pas de chance car, en tout, il n’y a qu’un seul escalator. Le reste, on le fait à pied. Un appartement est au premier étage, l’autre au deuxième, sans ascenseur. 

Quand j’arrive, je défais immédiatement ma valise et je range mes affaires dans mes placards. Il y en reste toujours de fois d’avant. Celles qui étaient au linge sale, notamment.

Ça m’arrive d’oublier des affaires d’école. Quand c’est quelque chose de vraiment important comme une feuille sur laquelle il y a un exercice noté en histoire, je suis obligé d’aller la chercher. C’est assez embêtant, parce que je n’ai pas les clés. Donc il faut que mon père ou ma mère soit là. 

Autre problème : j’oublie des vêtements. Il m’arrive régulièrement de manquer de chaussettes ou de t-shirts. Quand ça m’arrive, j’emprunte à ma famille ou je lave à la main, de la veille pour le lendemain. 

Le bénéfice de tout ça ? Je suis ordonné. C’est juste obligatoire si je ne veux pas être complètement perdu.

Pacôme, 14 ans, collégien, Paris

Illustration © Camila Plate

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