Emma R. 27/02/2025

1/4 Parents en conflit, grands-parents rassurants

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À la séparation de ses parents, Emma a trouvé refuge chez ses grands-parents. Piliers de son enfance, ils ont encore aujourd’hui une place particulière dans sa vie.

Les cris, les pleurs. Les miens, les leurs. Après la naissance de mon petit frère, les disputes entre mes parents ont commencé. Elles se finissaient quand je fermais les paupières d’épuisement. Avant, ils me lisaient tous les deux une histoire. Après, je n’avais le droit qu’à un petit baiser le soir avant de m’endormir. 

Cette situation a duré jusqu’au CE2, moment où mes parents ont enfin décidé de se séparer. Aujourd’hui, je vis chez ma mère et je vois mon père un week-end sur deux. Mes grands-parents ont toujours une place très importante dans ma vie et celle de mon frère. Ils sont comme des deuxièmes parents. J’ai tenu grâce à eux.

Mes grands-parents venaient me chercher à l’école quand mon père ne le faisait plus. Mon père partait tôt le matin. Il ne rentrait que tard le soir. Je m’obstinais à rester éveillée jusqu’à entendre la porte d’entrée s’ouvrir. J’avais besoin de savoir qu’il revenait, qu’il n’allait jamais partir, pas pour de bon.

Mes grands-parents m’élevaient quand ma mère s’occupait de mon petit frère ou quand elle ne sortait plus du lit sauf pour aller au bureau. Quand je ne me sentais pas bien, j’allais chez eux pour me changer les idées. Il m’arrivait d’y passer des week-ends. 

Les pâtisseries de mamie, la Bosnie de papy

Avec ma grand-mère, on faisait plein de pâtisseries. Elle dessinait avec moi et me laissait regarder son feuilleton de vente aux enchères préféré avec elle. J’adorais lui raconter les petits commérages de mon école. Elle adorait m’écouter. Elle m’a toujours dit de ne jamais me laisser atteindre par les méchants commentaires des autres et de toujours paraître confiante même si je ne l’étais pas. Ce conseil m’a toujours aidée. Elle a été la confidente que ma mère n’a jamais été. Je pense que, même aujourd’hui, je ne trouverais pas une personne plus gentille et plus douce qu’elle.

Avec mon grand-père, c’est une autre sorte de complicité qui s’est installée. Il est comme un ami. Il m’a appris à parler sa langue maternelle, le bosniaque. Mes grands-parents ont déménagé à Paris juste avant la guerre de Yougoslavie. Quand mon papy venait me chercher à l’école, il me ramenait toujours une viennoiserie, souvent des pains au chocolat, puis m’amenait au parc avec mes amies. Il m’accompagnait partout. À mes rendez-vous médicaux. À la danse tous les mercredis. Quand je faisais des bêtises, il n’hésitait pas à me punir. Mais je l’aimais quand même.

Mes grands-parents habitent toujours tout près de chez moi. Aujourd’hui encore, quand il sort de l’école, mon frère va directement chez eux. Quand j’avais son âge, j’y allais aussi, mais maintenant je préfère rentrer chez moi pour réviser. Cela ne m’empêche pas de les voir au moins deux fois par semaine ! J’aime toujours autant aller chez eux. 

On parle. On rit. On continue à faire des gâteaux. Ma consommation de pains au chocolat a légèrement diminué avec l’âge, mais à part ça, rien n’a changé dans notre relation. Ils ont pris l’habitude de nous parler bosniaque, à mon frère et moi. Nous, on ne parle presque que français, sauf avec mon grand-père, qui a toujours un peu de mal avec cette langue. J’essaie de passer le plus de temps possible avec eux. Ils commencent à fatiguer à cause de l’âge. Je profite de chaque moment ensemble !

Emma, 14 ans, collégienne, Paris

Illustration © Camila Plate

 

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