Alexandre C. 12/01/2022

2/4 Mon business de vidéos sur Discord

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Alexandre s'est initié par hasard au montage vidéo, pendant le premier confinement. Sur Discord, il s'est constitué une clientèle en se créant une nouvelle identité.

Je double, voire triple mon argent de poche en vendant des services de montages vidéo. Majoritairement des vidéos highlights [compilation vidéo des moments forts d’un jeu vidéo, ndlr], mais également des vidéos de contenus. J’ai déjà fait dix vidéos par mois. J’ai gagné 60 euros le premier mois, puis 90, 120, 200 euros en fonction des mois.

Durant le confinement, comme le plus grand nombre des enfants français, je cherchais des idées pour occuper mes journées. D’abord les jeux vidéo, puis des jeux d’un matin (comme le foot papier-toilette), mais aucune de ces disciplines ne me convenait. Un matin, un de mes amis avec lequel j’étais en vocal m’a proposé d’essayer ensemble le montage. En quelques heures, le temps de cracker quelques logiciels bien garnis, j’ai appris les bases. Ce fut le coup de cœur.

Tous les jours, entre deux visioconférences, je fonçais vers mes logiciels favoris (Vegas Pro, Premiere Pro ou After Effects) pour m’améliorer dans cette activité devenue passion en quelques semaines. Je réalisais des montages d’highlights Fortnite à partir de clips que j’avais fait en jouant. Je m’entraînais à ajouter tout type d’effets pour les maîtriser.

L’erreur du débutant

Un jour, mon ami m’a dit de vendre mes services de monteur. J’ai compris que c’était une blague et j’ai rigolé. Mais, au retour des vacances d’été, j’y ai repensé. Lors du second confinement, en octobre, je me suis donc lancé.

J’ai parcouru de nombreux serveurs Discord pour trouver des personnes ayant besoin de montage. Mais il y avait un problème : je n’avais pas d’expérience avec les clients. Je ne savais pas comment m’y prendre et affirmer mes prix. Lors de ma première commande, je me suis donc fait arnaquer. J’ai fait l’erreur du débutant : envoyer le montage fini avant d’avoir été payé… J’ai tenté de contacter l’arnaqueur, mais il était trop tard : je fus bloqué sur tous les réseaux sociaux sans aucun moyen de le contacter. Malgré cette malheureuse expérience, je n’ai pas baissé les bras et j’ai continué à gambader dans les serveurs Discord français.

Je suis allé sur des serveurs communautaires et j’ai déposé des annonces dans les salons adaptés. Ce n’était pas évident car je voyais les messages de monteurs bien plus expérimentés mettre, eux aussi, des annonces.

Ne pas dévoiler mon identité sur Discord

Mais ce qui devait arriver arriva : j’ai enfin trouvé un premier « vrai » client. Je me suis présenté à lui en lui montrant ce que je savais faire par le biais de practise edits (montage sur des clips de joueurs professionnels en libre accès). J’ai également fait attention à ne pas dévoiler mon âge et mon identité en m’en créant une avec un pseudonyme et en me présentant comme ayant 17 ans (on ne sait pas sur qui on peut tomber sur Discord). Il m’a fait confiance malgré mon manque d’expérience. Tout s’est passé correctement car j’avais élaboré une technique simple pour ne plus me faire arnaquer : demander le paiement avant de commencer le montage. Et il fut ravi. Ce fut une réelle victoire pour moi de savoir que je pouvais gagner un peu d’argent en faisant ce qui me plaisait réellement.

Après celui-ci, les clients ont défilé et j’ai bien garni mes heures perdues. J’ai fixé des prix à partir des monteurs concurrents pour rester compétitif, mais en m’assurant quelques euros supplémentaires par montage (en justifiant mon prix par une livraison plus rapide). Étant mineur, je ne peux pas me déclarer travailleur ou autre. Je passe donc par Paypal pour récupérer mon argent. Ce qui me permet par la suite de le verser sur ma carte bleue…

Jamais de montage avant d’avoir fini mes devoirs

Je monte encore aujourd’hui des highlights Fortnite que je continue à vendre entre 10 et 30 euros la vidéo. Mais le confinement est fini : je dois jongler entre le travail pour l’école, le montage et mes activités externes. Pour cela, je me suis réglé. Je ne fais jamais de montage avant d’avoir fini mes devoirs. Cette règle me permet de me focaliser sur l’essentiel, puis sur l’amusement.

Série 3/4 – Insta est la vitrine professionnelle de Precilla. Pour se faire de l’argent, elle coiffe via les réseaux et le bouche-à-oreille.

Capture d'écran de l'illustration « Insta, ma vitrine pour coiffer ». En haut de l'image, une main montre des dreadlocks devant l'écran d'une tablette. En dessous de l'image, une main tient une paire de baskets, reçu dans un colis.

Je n’ai jamais manqué de rien chez moi, j’ai même la chance de vivre dans une famille aisée. Ce n’est donc pas pour l’argent, mais plutôt pour gagner un complément pour pouvoir être plus indépendant financièrement : ça m’a notamment permis d’acheter une paire de chaussures, ainsi qu’une nouvelle manette de jeu (Xbox Elite 2 pour les connaisseurs).

J’ai fait le choix d’informer mes parents de mes activités. Ils trouvent que c’est une très bonne chose pour moi et que ça me permet de gagner des compétences et booster mon futur CV. Ce qui m’a davantage encouragé à continuer.

Alexandre, 15 ans, lycéen, Levallois-Perret

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

Le travail des mineur·e·s

Travailler oui, mais sous conditions

Le travail des mineur·e·s est très encadré. Il est possible de travailler à partir de 16 ans (en CDI, CDD ou contrat temporaire) en ayant l’autorisation de son ou sa représentant·e légal·e. En dessous de cet âge, il faut exercer dans des secteurs spécifiques (métiers du spectacle, du cinéma…) et sous des conditions très strictes pour que cela soit légal.

Dans quels secteurs postuler ?

Pour travailler à côté de ses études en étant mineur·e et ne disposant pas de compétence particulière, il est plus facile de postuler dans ces secteurs : baby-sitting, soutien scolaire, garde et/ou la promenade d’animaux, animation ou encore dépannage informatique. Des domaines diversifiés… mais qui restent restreints et rapportent souvent peu. Les employeurs·euses restent cependant souvent réticent·e·s à l’idée d’embaucher en dessous de la majorité.

Internet offre une plus grande liberté

Pour contourner ces « contraintes » légales, des jeunes préfèrent utiliser les réseaux et les applis pour se faire de l’argent facilement. Moins contrôlées, ces plateformes leur offrent une plus grande liberté. Influenceurs·euses, livreurs·euses, reselleurs·euses… Ces métiers leurs permettent de gérer leur argent et leur emploi du temps en fonction de leurs besoins.

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